Chapitre 2: Partie 1

3.2K 299 36
                                    

Bonne Lecture ~♡

Et Tobias Marteens a un sourire d'ange.

Mince, ce n'est surtout pas le moment de fantasmer sur quelqu'un ! Me rappelant à l'ordre, je détourne le regard et me concentre sur le ciel, mais rien n'y fait... D'autant plus que je vois sa silhouette se rapprocher.

- Qu'est-ce que tu fais dans le coin ? me lâche-t-il avec désinvolture.

- La même chose que toi : je profite de la pause, dis-je tentant de ne rien laisser paraître.

- Oh et depuis quand Mademoiselle Foster prend-elle ses pauses dans le coin ? targue-il comme s'il n'avait pas remarqué ce qui se tramait.

- Depuis qu'une personne en qui elle avait confiance à fait circuler des rumeurs peu ragoutantes à son sujet, ajoutai-je en rentrant dans son jeu.

- Tiens, ce ne sont que des rumeurs, se risqua-t-il arquant l'un de ses sourcils.

- Oui, et puisque vous semblez tous vous le demander, j'ai bien été hospitalisée pour overdose, mais ça n'a rien à voir avec la drogue, tranchai-je en me levant pour être à sa hauteur, et sachez, Monsieur Martens que le sujet et clos et que je n'ai pas à me justifier à ce propos. Sur ce, bonne continuation.

Je récupère mon sac, me maudissant de prendre si mal la question et tout en me détournant, époussette mon jean.

- Je ne demande pas de justification, c'est juste assez étonnant de te voir dans cette position, toi la grande reine du paraître, conclut-il comme s'il n'avait pas déjà touché un sujet sensible.

- Dis-moi que tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, soupirai-je lui tournant toujours le dos.

- Pas vraiment, j'ai mieux à faire, mais tu devrais te faire petite, il se peut que Brittany soit tout aussi monstrueuse  que toi, m'avertit-il avant que je me mette en marche vers mon casier.

Malheureusement mon casier qui était intact ce matin, avait subi un petit relooking entre-temps...

« Sale droguée », « bobo de m**** », « crève » et quelques autres mots tout aussi agréables à lire l'ornaient et en l'ouvrant je pus me réjouir d'avoir également droit au remplissage de casier d'insultes joliment écrites sur des papiers pliés tel des origamis.

Armée d'une joie meurtrière, je récupère chaque bout de papier tombé et les mets dans la poubelle à côté de moi, puis prise d'un accès de rage, hurle joyeusement un « Bande de cons » dans le couloir vide du lycée. 

Une fois ma haine sortie, je récupère ce qu'il me faut et en me retournant heurte quelqu'un. Cette fois-ci je ne me retrouve pas les quatre fers en l'air, juste cramponnée à un pull noir et quand je lève les yeux... Tobias...

- Tu as oublié ta veste, énonce-t-il dans la main ma veste, le visage bien trop près du mien.

Je me décompose, le lâche en une fraction de seconde et récupère ma veste.

- Je fais partie de la bande de cons ? demande-t-il visiblement très proche du fou rire.

- À toi de me le dire, je crache moyennement amusée.

Je vois qu'il regarde mon casier et sais en un instant qu'il a pitié.

Cela m'étonne de nouveau, je n'avais jamais éprouvé d'intérêt quelconque pour qui que cela soit avant aujourd'hui et surtout pas pour Tobias. 

Alors le fait de me rendre compte que ce gars-là, que je trouvais dénué de tout charme, a un sourire sincèrement magnifique et qu'en plus il n'est pas aussi cynique que mes préjugés me faisaient penser...

Me fait me rendre compte que la seule conne ici, c'est moi.

Mais il est évident qu'il  m'en veut tout autant que les autres et qu'il risque lui aussi de me tomber dessus d'un moment à l'autre.

- Tu devrais peut-être en parler non, commenta-t-il en pointant du menton les tags.

- Pour que mes parents en entendent parler et me jettent à nouveau la pierre à la figure ? demandai-je ironique au possible, Certainement pas.

J'expirai bruyamment et ajoutai un dernier « ça va s'arranger » auquel je ne croyais pas moi même. Mes affaires en place, je file en cours.

La reste de la journée confirme le fiasco dont j'ai été victime. Clairement, j'imagine que ce n'est que la conséquence de mes actes qui me tombent sur le bout du nez, mais j'avais tellement espéré au fond de mon coeur que tout cela ne soit qu'un drôle de rêve.

Malheureusement non, et le fait de voir mes parents tous deux réunis sur la table du salon me conforta dans l'idée que j'étais tellement fichue que même des années de travail personnel ne m'aideraient jamais à oublier cette catastrophe.

- Scarlett, assieds-toi, m'ordonna mon père comme si son ordre pouvait sembler une once sympathique.

- Nous devons un petit peu discuter tous ensemble, ajouta ma mère comme si épiloguer était une passion.

Je m'assieds et commence à fixer mon regard au dessus de l'épaule de mon père, pile sur le six de l'horloge en vieux bois massif derrière eux.

- Ta mère et moi avons contacté ta tante et nous sommes tous mis d'un commun accord sur le fait de t'envoyer chez celle-ci le temps d'un été, annonça de but en blanc l'abruti qui me servait sûrement de père.

- Oh, et bien sûr on ne me demande pas mon avis ? interrogeai-je quelque peu sur la défensive.

- Non, répondit ma mère aussi rhétorique que possible, tu iras là-bas, ça va te faire du bien et puis je pense que depuis... Ta bêtise, tu nous dois bien cela.

- Oooooh, tu parles de ma tentative de SUICIDE ? exprimai-je appuyant volontairement sur le mot qu'elle évitait si ardemment depuis mon hospitalisation. Non parce que si tu parles bien de cela, sache que ce n'est pas un mot dangereux, tu peux le dire, j'ai tenté de me SUICIDER, parce que je me sentais pitoyablement mal, tout cela parce que vous ne m'avez enseigner qu'à me cacher derrière un joli masque décoratif ! Et bien puisque vous n'en avez rien à cirer de mon avis, d'accord. J'irai là-bas, maintenant lâchez moi la grappe.

Mon monologue fini, je me lève de ma chaise et marche aussi vite que me le permettent mes deux jambes pour finalement claquer la porte très fort et attraper tout juste un oreiller dans lequel j'enfouis mon visage pour atténuer mon hurlement.

Je cris pour mes parents, cette journée affreuse, Britt la traînée, les tags au marqueur sur ma table et mon casier, ma main qui me fait encore mal et cette existence atroce.

Je souffle après 5 minutes passées à m'égosiller.

Bravo Scarlett et surtout que le spectacle commence.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant