Bonne Lecture ~♡
Nous passons l'après-midi silencieusement, obnubilés par ce qui s'est passé. La seule chose que j'arrive à faire pour oublier est de dormir. Se réfugier dans le monde des rêves pour oublier ce cauchemar.
Nous sommes rentrés dans sa chambre après qu'il m'ait fait les pansements. Sa bonbonnière est exemptée de la moindre touche personnelle et ce manque absolu d'appropriation de l'espace m'interloque.
Une fois dedans, il s'est assis sur la moquette et j'ai posé ma tête sur ses genoux après qu'il m'ait passé un plaid. Endormie puis réveillée toutes les heures pour être sûr que tout allait bien, je ne peux que constater à quel point je suis confiante avec lui.
Il est doté d'une gentillesse incommensurable et je sens à chaque fois qu'il me regarde que mon cœur s'apaise, tout comme ma respiration. Je pourrais le regarder à n'en plus finir. Pourtant je sais également que je ne lui plais pas. Il est clair, qu'il n'a pas l'intention de s'intéresser à moi autrement qu'en tant qu'amie.
La façon dont il a réagi après m'avoir embrassée et le ton si fraternel qu'il utilise à mon égard, me permettent d'en être entièrement sûre : j'aurais beau espérer quelque chose, rien n'arrivera.
Vers minuit, alors que je n'arrive plus à fermer l'œil et qu'il atteint la dernière page de son livre, nous décidons d'aller manger un bout dehors.
Nous allons au Macdonald le plus proche, celui sur Liberty Street à une quinzaine de minutes.
Je remarque soudainement que nous ne parlons que pour demander le strict nécessaire, tous deux trop obsédés pas nos pensées. Mais ce silence éloquent vaut toujours mieux que des mots insensés. J'ai l'impression de ne pas avoir besoin de parler pour être comprise, et notre mutisme exprime ce que les mots ne peuvent pas exprimer.
Les discussions sont clinquantes et les silences loquaces. On s'assied au fond de la salle après avoir commandé.
- Tu veux faire quoi demain ? Lui demandai-je me disant qu'il fallait cesser de ressasser toutes ces mauvaises pensées.
- Ça te dirait d'aller à l'Institut de technologie de New York ? C'est pas franchement loin, précise-t-il en croquant une frite.
- Oui, c'est l'université où tu souhaites aller après ? Le questionnai-je.
- Je sais pas vraiment, c'est pour ça que j'aimerais y mettre les pieds, rit-il un magnifique sourire plaqué au visage.
Je vois un groupe de fille le regarder, non loin de nous. Il attire le regard, c'était plutôt prévisible, me morfondis-je.
- Ne regarde pas derrière toi, l'avertis-je faisant une pause pour boire mon ice tea, mais tu as un petit fan club qui est en train de se créer.
- Tu veux rire, ironise-t-il en enlevant l'emballage de sa paille.
- Non, je suis sérieuse, insistai-je, tu ne te rends pas compte que ton entourage te regarde différemment depuis ton passage chez le coiffeur ? L'interrogeai-je.
- Pas vraiment, avoua-t-il dans la lune comme à son habitude.
- Tu fais des ravages, daubai-je sarcastique. C'était un crime de cacher ce visage.
- C'était pas le but, souffle-t-il, je voulais juste te faire plaisir.
On se regarde dans les yeux, ça m'énerve qu'il cultive cette ambiguïté. J'ai envie de faire disparaître son sourire enjôleur de ses lèvres et qu'il arrête de me faire perdre la tête avec son regard vert clair.
- Arrête de jouer, l'implorai-je en me concentrant sur mes frites.
- Je ne joue pas Foster, avance-t-il en gardant ses yeux rivés à mon visage.
- Oh, et m'embrasser puis disparaître, tu appelles ça comment ? me moquai-je en lui jetant une pique volontairement.
- C'est pas...
Je sentais qu'il était perdu.
- Je ne veux pas te blesser, je suis juste assez confus... Je t'en prie ne brisons pas notre amitié maintenant, murmura-t-il avant dans la voix une pointe d'inquiétude. J'ai fait une bêtise mais je crois que je tiens vraiment à toi.
Je relève les yeux sur lui, il est gêné, c'est clair. Je respire et essaie de ne pas exploser tant mes idées sont brouillées, j'ai besoin de lui moi aussi. Même si c'est insupportable de le dire, ce serait compliqué de rester seule.
- Moi aussi, murmurai-je rapidement. Oublions tout ça, je n'aurais pas du revenir là dessus, m'excusai-je maladroitement.
Il me sourit et nous terminons de manger sans rien ajouter. Alors que je vais jeter le contenu de nos plateaux, j'en profite pour faire un tour aux toilettes. Quand je reviens, j'aperçois l'une des jeunes filles qui minaudait derrière Tobias il y a une dizaine de minutes, en train de lui parler.
Il a les bras croisés sur sa chemise à carreaux, elle lui sourit largement, fait la bouche en cœur et finit par lui donner un bout de papier, qui doit être un numéro, avant de retourner à sa table. Il se tourne au même instant vers moi et je lui fais signe d'aller à la sortie.
- J'avais raison, remercie-moi tu vas devenir le nouveau monsieur populaire du lycée Martens, ironisai-je.
- Comme si la popularité m'intéressait vraiment, s'exclama-t-il à son tour.
- Sérieusement ? m'étonnai-je, tu n'as jamais souhaité être populaire ?
- Non, c'est contraignant, tu dois faire attention à ton image et je n'ai pas le temps de vérifier tout les matins après mettre brossé les dents, si je n'ai pas du dentifrice autour de la bouche.
J'éclate de rire et on décide d'aller au Prêt à manger dans la rue adjacente, celle de Broadway.
Je commande un thé et lui un café, assis à l'étage, nous voyons dans la rue le flux de passant s'affoler. L'affluence à NYC est folle lorsque les saisons douces sont là.
Alors que mon regard se balade, j'aperçois en bas dans un bar, une masse de muscles rousse. Kyle... Je crois défaillir. Je sers les mains autour de mon gobelet.
- Foster ? demande Tobias qui a remarqué ma crispation soudaine.
- Oui, dis-je essayant de me raisonner, j'étais en sécurité avec lui.
- Ça va ? Insiste-t-il.
- Ne t'en fais pas...
Il me regarde étrangement puis rive son regard à la foule. Je vois qu'il essaie de comprendre et alors que je fais mine de rien, je l'entends grincer « trouvé », entre ses jolies dents.
Il se lève brutalement et étonnée, j'essaie de le rattraper.
- Tobias, laisse tomber, c'est pas grave, l'interpellai-je tant bien que mal.
- Je dois lui régler son compte, répond-il sèchement en avançant à grands pas.
Je le suis, essaie d'attraper sa main pour le retenir, mais il est bien plus fort que moi.
Je déteste ça,
la bagarre n'est qu'une conversation de brute.
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Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...