Chapitre 11: Partie 1

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Bonne Lecture ~♡   


- Explique-moi tout cela, ordonne-t-elle en un instant.

- T'expliquer quoi ? répondis-je désinvolte en secouant mes mains.

- Tu te fais agresser et tu frôles le viol, et tu oses me demander qu'est-ce qu'il y a à expliquer ?

- Il n'y a rien à ajouter, j'ai tout dit, achevai-je lasse de ses jérémiades en essayant de passer à côté d'elle dans une tentative désespérée.

- Pourquoi n'as-tu rien dit ?!

- Peut-être parce que vous êtes les pires parents de cette galaxie et que vous ne vouliez plus que je fasse « d'erreur ». Vous êtes servis, donc pousse-toi, je dois récupérer mon diplôme, tranchai-je.

- Une fois de plus tu nous a fait honte.

J'ai mal, mal au cœur d'avoir des parents qui ne perçoivent mon malheur que comme une erreur. Le poids de ma solitude pèse, j'ai absolument besoin de liberté, j'ai vraiment besoin de ne plus me sentir enchaînée par leurs attentes.

Je reviens dans le Gymnase, la professeur de littérature me fait signe de venir me placer dans la file vers l'estrade. Je sens les regards sur moi, du dégoût? De la pitié? De l'ironie? De la haine? Je n'en sais rien, mais ces sentiments sont trop lourds pour mes épaules.

Mon nom est finalement appelé, je monte les deux marches rejoins le proviseur et il me tend mon diplôme de la main gauche en tendant sa main droite pour serrer la mienne.

Je ne veux pas le toucher, mais pour faire bonne face, je me contiens, ravale ma peur irrationnelle et serre difficilement sa main. Un sourire, inventé de toute pièce pour crédibiliser la chose, est placardé sur mon visage.

La cérémonie continue, une fois que tout le monde est passé, nous procédons au « tassel turning » puis au « hat throwing » avant que tout le monde se dirige vers les jardins pour prendre des photos avec leur proches.

Mes parents ont disparus, je ne sais où, mais je n'en ai rien à ficher, c'en est trop pour moi.

Je fais tout ça machinalement, je suis à bout, j'ai juste envie de sortir de ce lycée et de ne plus jamais y remettre les pieds.

J'aperçois Tobias, et le rejoins sans attendre.

- Ouah, s'exclame-t-il, toi ça ne va pas !

- Pas du tout, on va chez John ? questionnai-je quelque peu désespérée.

- Oui comme convenu, confirme-t-il en me détaillant du regard.

Nous passons par derrière, je n'essaye même pas de prévenir mes parents, j'ai juste besoin d'être entourée de ceux que j'aime vraiment... Mon téléphone sonne dans ma poche, je l'attrape, « papa » inscrit sur l'écran, j'appuie sur la touche verrouiller un moment et l'éteins.

Nous rejoignons la rue adjacente, Tobias pousse la porte et un « pouf » retentit, des confettis nous sautent au visage.

- Bravo, mes diplômés, lance John sa bombe à confettis à la main.

- Merci ! répond Tobias amusé.

Une fois à l'intérieur, je vois Pale arriver à toute vitesse, mon cœur fond, depuis combien de temps ne l'avais-je pas vu...?

Ça c'est « ma fifille », répétai-je en caressant la boule de poils, en levant les yeux, je vois une table installée avec des gâteaux et du champagne. Nous avions juste convenu de passer l'après-midi ensemble, pourtant il s'est embêté à faire des gâteaux et acheter toutes ces décorations...

Il n'y avait pas à dire, ce lieu est et resterait à jamais synonyme de paix et d'amour pour moi.

- Je veux prendre une photo, s'exclame John en partant rapidement derrière le comptoir récupérer son appareil photo.

Cette coutume se pratique avec ses proches, (prendre des photos en tenue de diplômé et fêter avec sa famille la réussite) et faire tout cela avec ces deux amours représente beaucoup pour moi. Ma famille c'est eux, Tobias et John. Et Sean, mais il doit être occupé, pensai-je tristement.

Nous passons l'après-midi ensemble, à rigoler, profiter, refaire le monde. Et vers seize heures je dois me résoudre à rentrer pour me préparer pour le bal de promotion.

- Je vais pas tarder, dis-je en me levant et en regardant ma montre.

- Je viens te chercher vers vingt heures ? demande Tobias en passant une main dans ses cheveux bruns.

- OK, répondis-je en lui faisant un clin d'œil.

- Tenez les enfants, lance John en revenant de l'arrière boutique, j'ai imprimé la photo, comme ça nous en aurons tous une! Ah, tu pars ? demande-t-il en me voyant récupérer mon sac, attends-moi à la porte.

Je ne comprends pas ce que je dois attendre, mais m'exécute, quelques minutes filent et finalement je le vois sortir, la photo dans une main, une enveloppe dans l'autre.

- Prends tout ça, dit-il en me tendant le tout, j'imagine que nous n'allons pas nous revoir d'ici un moment, souffle-t-il en me regardant droit dans les yeux.

- Je crois bien, avouai-je en le fixant sentant mes yeux s'humidifier. Mais dès que je pourrais, je reviendrais... Promis...

- J'espère bien, répond-il, je t'en prie, prends soin de toi et surtout ne m'oublie pas.

- Comment le pourrais-je, reniflai-je en souriant bêtement. Merci pour tout.

- Merci à toi, sans toi je ne suis pas sûr que j'aurais pu remettre l'association sur pattes et je n'aurais pas rencontré ce drôle de gaillard, ajouta-t-il en regardant à travers la porte vitrée Tobias qui souriait, gaga en regardant son téléphone.

Il doit certainement parler à Calvin.

- Je reviendrais, soufflai-je de nouveau, et quand je serais de retour, je serai au top, promis.

Il me regarde, je le regarde.

Ses yeux sont humides, les miens me piquent.

- Je t'aime fort, lui avouai-je.

- Et moi donc, finit-il par concéder.

John, une sacrée personne, pensai-je en me laissant prendre dans ses bras. On reste là, quelque chose comme une dizaine de minutes, puis je fais un pas en arrière. Je ne l'oublierai pas.

Sur le chemin de la maison, j'expire, ce soir j'irai à ce bal et demain je ferais ma valise. Ça va être un nouveau départ, une nouvelle étape dans ma vie.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant