Chapitre 8: Partie 3

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Bonne Lecture ~♡

J'écris, rumine, fais une boule de papier et la jette par terre. Je sais que ça va être à moi d'aller récupérer les dizaines de boules de papier à la fin, mais ça me détend.

Pourquoi ai-je autant de mal avec ces exercices à la fin ! Je décide de faire une pause et d'aller me balader. Depuis huit heures ce matin, je suis assise à mon bureau. Un samedi matin en plus !

J'enfile mes baskets banches qui ne sont plus si blanches que ça et sors de la maison. Je marche sans but précis, juste histoire de détendre mes jambes. Arrivée au Washington market park, je m'assieds. Assise dans l'herbe, je regarde un groupe d'enfants jouer au football sur le gazon.

Quelqu'un tape sur mon épaule, sortie de mes idées, je me retourne vivement. C'est un homme, il semble germanique et très costaud. Il me demande si je ne saurais pas où se trouve le Subway, mais je panique, je me relève brutalement et mets de la distance entre nous avant de bredouiller « Chambers Street ». Il me regarde étrangement me fait un bref signe de la tête et s'en va.

Il me faut un moment le temps que mon cœur se calme, qu'est-ce qui me prend... Je serre mes mains l'une dans l'autre et décide de rentrer.

J'étudie tout le week-end à la maison et passe tout juste un petit coup de fil le dimanche, à John, qui me demande si tout va bien. Je le rassure et retourne immédiatement à mes études. Je n'ai pas parlé à Tobias depuis les cours de vendredi matin.

J'ai l'impression que nous nous éloignons de jour en jour et que je ne peux rien y faire.

Le lundi matin, en arrivant à notre point de rencontre, Tobias n'est pas là. J'attends une dizaine de minutes, me disant qu'il doit juste être un peu en retard comme à son habitude, mais il n'arrive pas. J'appelle, son téléphone, il ne répond pas, que ce passe-t-il ? Il s'est peut être juste rendormi après la sonnerie de son réveil.

Je dois me résoudre à aller en cours seule et je sens déjà la panique monter en moi. Dans la poche avant de mon sweat se trouve l'aérosol, je n'ai rien à craindre, essayai-je de me convaincre. Je passe le portail et en me dirigeant vers le bâtiment rencontre inévitablement le même groupe de garçons qu'à l'habitude.

Mais usuellement, Tobias est avec moi...

- Toute seule Scarlett ? lance un premier en faisant un pas derrière-moi.

- Ohohoh, joli petit cul, tu fais pas partager ? demande un autre.

J'ai peur.

J'avance, accélère le pas, mon cœur par à la dérive, vite ! Et alors que je sers le spray dans mes mains, une main se ferme sur mon épaule comme un étau.

- Scarleeett ! s'exclame la voix de Stan que je reconnais immédiatement.

Je donne un coup sec de façon à lui faire lâcher prise et me mets à courir. Je me rue comme une dératé jusqu'au escalier et rate la dernière marche manquant de dévaler les marches que j'ai monté.

Je suis là, étalée dans les marches, je tremble comme une feuille. J'entends des personnes rirent en passant à côté de moi et j'en vois d'autres me regarder avec pitié. Je me relève, ma hanche me fait mal, mais je dois aller en cours. Arrivée devant la salle, je m'assieds.

Vais-je rester ainsi jusqu'à la fin de ma vie ? Vais-je avoir peur de mon entourage indéfiniment? Pourquoi, est-ce que je réagis comme ça ?

Je passe ma main sur mon visage pour en dégager les mèches qui se sont échappées de ma queue de cheval. C'est horrible, je ne veux pas être comme ça. Des images de Stan me reviennent à l'esprit. Ma peur refait surface...

D'un coup, d'un seul, je sens que je vais vomir. Je me lève comme je peux, passe entre les tables en en cognant quelques-uns, je bouscule le professeur à la porte et cours jusqu'aux toilettes les plus proches. J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte d'un cabinet que je me vide. Je reste un moment accroupie.

J'essaye de me sortir Stan de la tête, mais je n'y arrive pas. Depuis qu'il m'avait agressé, j'avais tout fait pour ne pas y repenser. Mais les faits étaient là, il m'a agressé, je n'ai pas le courage d'en parler à mes parents, ni à qui que ce soit d'autre que Tobias et je développe une espèce de phobie maladive des hommes.

J'attrape du papier et m'essuie la bouche avant de le jeter dans la cuvette et de tirer la chasse. Je me tourne de façon à m'adosser au mur.

- Vous allez bien ? me demande quelqu'un.

Je me tourne, une petite blonde est là, le regard inquiet, elle amorce un pas vers moi et me fixe dans l'incompréhension. Je souffle une affirmation à peine audible et me relève difficilement.

- Vous avez besoin d'aide ? continue-t-elle.

- Je vais très bien, fait comme si tu ne m'avais pas vu, lui conseillai-je en me passant un coup d'eau sur le visage.

- Vous êtes Scarlett Foster, n'est ce pas ? m'interroge-t-elle, sachant déjà la réponse. Avec mes amies, nous pensons que toutes les rumeurs à votre compte sont fausses...

- Elles le sont, affirmai-je en m'essuyant de ma manche.

- Les photos de vous nue sont truquées, non ? enchaîna-t-elle.

Pourquoi ne me laisse-t-elle pas tranquille?

- Ecoute-moi bien, ce n'est pas le moment, lui crachai-je en visage en me mettant face à elle. Tu veux savoir ? Stan m'a agressé et a pris ces photos. Elles ne sont pas truquées, j'ai vraiment risqué de me faire violer et là je suis au plus bas, alors laisse-moi tranquille.

Je vois ses grands yeux bleus s'écarquiller et elle balbutie quelques mots.

- Vous l'avez dénoncé ?

- Non. Qu'est-ce que tu veux au juste ?! lui lançai-je en perdant mon sang froid.

- Je... Rien ! Hum je suis Lee, j'anime la radio du lycée et euh... En fait...

- Dépêche, m'exaspérai-je.

- Nous voulions essayer de faire un numéro spécial, où on parlerait du harcèlement scolaire et vous pourriez nous aider...

- Je ne suis pas une bête de foire. Certainement pas.

Je la bouscule et passe à côté d'elle,
la vie n'est qu'une longue torture.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant