Bonne Lecture ~♡
J'ouvre les yeux, les premiers rayons du soleil réchauffent doucement les draps de mon lit. Je sors difficilement de sous la couette et en refaisant mon chignon, descends.
Personne en bas.
Je vais dans la cuisine, prends un fruit, un papier est sur la table. « Ton repas et celui d'Erin sont dans le frigo. »
Je monte en mâchant mollement ma pomme et prends une douche rapide pour me réveiller. Une fois vêtue d'un pantalon noir et d'un t shirt beige, je récupère le billet, qu'Agatha m'a donné la vieille, dans mon pantalon au pied du lit, tout en pensant très fort que j'ai oublié de vérifier les provisions et me rends dans l'entrée pour enfiler mes baskets.
Puis mes yeux se posent sur mon téléphone dans le panier d'osier. Je regarde un instant l'objet.
Il est éteint, inerte et je ne l'ai pas rechargé. J'expire, je n'attendrais pas aujourd'hui encore que Tobias m'appelle.
Je ne suis pas dépendante.
Je me débrouille bien toute seule.
Je sors, enfonce les clefs dans la serrure et file chez la voisine.
« Toc, toc »
Pas de réponse, j'appuie sur la poignée, la porte s'ouvre. Je fais un premier pas, puis un second, la maison est toujours aussi sombre et peu attrayante, ça doit être si pesant d'évoluer dans cet environnement.
J'ouvre les rideaux opaques dans la salle principale, ouvre les fenêtres histoire que l'air pur pénètre les lieux et m'approche de la chambre où s'est couchée Erin hier soir.
Pas de bruit.
Je me mets donc à la recherche d'un balai. Et c'est ainsi que dix minutes plus tard, après avoir nettoyé tout le rez-de-chaussé, je jette un coup d'œil dans le frigidaire dans l'espoir de pouvoir préparer un petit déjeuner convenable à Erin.
Mais tout ce que j'y trouve se réduit à quelques restes de nourriture chinoise, à un fond de jus d'orange et un peu de fromage râpé.
- Je me disais bien que j'avais entendu du bruit, lança une voix derrière moi.
Je me tourne à toute allure et découvre Erin sous mes yeux. Les traits toujours aussi tirés...
Ça paraît si dur.
- Oui ! Je vais acheter de quoi préparer des œufs brouillés et du bacon ! annonçai-je en souriant bêtement.
T'as pas l'air stupide des fois...
- D'accord, répondit-elle étrangement docile.
- Je, hum... Désolée pour l'intrusion, je me doute bien que vu votre condition vous n'avez certainement pas envie qu'une gamine sortie de nul part vienne et vous emmerde tout ça, tout ça, mais la gamine réfléchit beaucoup et pense qu'elle pourrait certainement vous apporter beaucoup, bafouillai-je dans l'espoir de la détendre.
- Gamine ? rit-elle soudainement en me regardant, ce qui éclaira un instant son visage si morne. Je vois plutôt une jeune fille mais qu'importe, tu as raison, depuis que je suis dans ce fichu fauteuil, je me laisse aller, j'ai l'impression de ne plus servir à rien et même d'être un poids, donc je me retrouve à vivre dans le noir et à laisser mes enfants tout gérer... Je suis une mère horrible, souffla-t-elle, comme si elle se moquait d'elle même.
- Non, niai-je. Vous être une femme à qui il est arrivé certaines choses et le temps vous a certainement un peu usée, mais il n'est pas trop tard, j'espère qu'il ne l'est jamais...
Je me tais. Ouais, il n'y a pas à dire, je donnerais n'importe quoi pour m'en sortir moi aussi.
- Donc maintenant, je vais fermer les fenêtres, aller chercher à manger et si ça vous tente vous allez mettre de côté les livres que je dois ramener à la médiathèque, puis je vous préparerai quelque chose à vous mettre sous la dent ! affirmai-je m'effrayant tant je faisais preuve d'entrain soudainement.
Elle me sourit et je le sus, ces vacances avaient du potentiel finalement.
Je sors donc, marche en suivant les panneaux, me disant que c'est franchement pratique. On devrait installer des panneaux aussi précis à New York, pensai-je en rejoignant le centre ville.
Je rentre dans une petite épicerie, le vendeur me gratifie d'un « bonjour » relativement mou auquel je réponds rapidement et après avoir attrapé tout un tas de trucs pour remplir un peu les placards, longe l'allée centrale et pose tout sur le comptoir.
Le vendeur doit être un de ces trentenaires qui n'a pas vraiment percé, ses cheveux sont grisonnants, il a un regard vitreux et alors que je sors mon porte-monnaie et que je lève les yeux, je constate qu'il regarde mon décolleté...
Je serre mes mains sur ma poitrine dans un mouvement paniqué et retiens un tremblement.
Répugnant.
Il annonce le prix, mais je n'écoute plus, je ne suis plus là. Je suis dans la peur, dans le stress, dans le ressenti. Alors qu'il me tend un sac en plastique, je pose un billet rapidement et sans chercher mon dû, sors du magasin en trombe.
Je marche passablement vite, j'ai mal aux mollets, et puis mal au ventre. J'ai cette drôle de boule qui apparaît fréquemment depuis l'agression de Stan. Elle prend de la place dans mon ventre, elle me remue, me maltraite, me pétrifie, puis me rend malade.
Ma respiration est désordonnée, je déteste ce sentiment.
Ce n'est pas moi.
J'aimerais être forte, j'aimerais être une de ces femmes qui vous dit de bien aller vous faire voir mais je suis juste Scarlett. Une nana qui fuit tout, parce que tout l'effraie. J'en ai marre.
Je rentre, Erin s'est un peu apprêtée, je remarque qu'elle s'est passée de l'eau sur le visage, et qu'elle a enfilé un débardeur rose.
- Je me mets aux fourneaux, lançai-je.
Elle l'a fait, elle a fait la pile. Il faut croire que je suis engagée !
Je « cuisine », si on peut appeler le fait de faire brouiller des œufs et de mettre du bacon dans une poêle de la cuisine et elle se met face à la table.
- Rappelle moi pour combien de temps tu restes ici ? me questionne-t-elle en plantant sa fourchette dans un bout d'œuf.
- Un mois.
Et pas des moindre.
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Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...