Drowned

Chapitre 9: Partie 4

Bonne Lecture ~♡

Un sourire carnassier se dessine sur le visage de Stanislas... Une larme dégouline sur ma joue.

- Coupez ! crie une voix dans notre dos.

Stan lâche la pression sur ma queue haute dans l'étonnement et je réussis à reculer.

À deux pas, Brittany, son téléphone à la main...

- J'ai quasiment tout filmé les gars, s'exclame-t-elle, vous n'êtes pas vraiment graphiques...

Elle montre son écran, je discerne tout juste Kyle en train de frapper Tobias.

- J'envoie ça au coach ? Vous pourriez dire à dieu à vos recommandations pour Columbia toi et Kyle, ce serait regrettable... Et toi, lance-t-elle en regardant le plus jeune, tu risques d'être viré un certain temps... Juste assez de temps pour que ce soit marqué dans ton dossier scolaire.

Je la fixe étrangement, mais qu'est-ce qui lui prend ?!

- Brittany chérie... gazouille Stan en faisant un pas de côté, tu m'en veux encore d'avoir rompu ? Ou alors c'est que tu m'en veux de t'avoir dit que je voulais me la taper ? lance-t-il désinvolte en faisant un geste mou vers moi...

- Stan, ta gueule, va-t-en de là où je promets d'envoyer ça à ton coach, crache-t-elle.

- Fais pas la salope Britt, s'emporte-t-il.

J'en profite pour récupérer la bombe lacrymogène, enlever la sécurité et finalement l'asperger. Stan grince, il lève instinctivement la main en reculant et se couvre les yeux. Trop tard !

Une douce litanie de gros mots s'échappe d'entre ses lèvres et il frotte ses yeux vainement. Je fais un pas en arrière, puis un autre. Puis je regarde à côté, Kyle a lâché Tobias, qui est toujours au sol.

- Kyle, récupère ton pote et bougez de là, menace Britt.

Je le vois grimacer mais s'exécuter. Je cours à toute vitesse vers Tobias, il a le nez en sang... Merde.

- C'est cassé ? lui demandai-je paniquée en mettant une de mes mains sur sa joue.

- Nan, t'en fais pas, dit-il en se relevant sur un coude. Arrête de trembler t'en fais pas, continue-t-il en mettant sa main pas dessus la mienne. Merci Brittany, lance-t-il en s'essuyant avec les mouchoirs que je lui tends, après avoir pioché anarchiquement dans mon sac. Faut croire que tu fais preuve de bon sens des fois, que nous vaut l'honneur ?

- J'aurais pas dû vous aider, ronchonne-t-elle. Remerciez-moi bien, je sais pas ce qui m'a pris.

Elle grimace, range son téléphone protégé d'une coque à paillettes de sa main parfaitement vernie de rose dans son sac Gucci et tourne du haut de ses talons YSL.

- Merci, Britt, criai-je en reprenant mes esprits.

Elle ne répond rien, part et je reste là avec mon blessé de guerre.

Je l'emmène à l'infirmerie tout en essayant de me calmer... Mon cœur ne veut pas s'en remettre... Je suis passée près... La simple idée qu'il m'ait touchée à nouveau, me remue de l'intérieur. J'expire, regarde mes mains et les ferme à plusieurs reprises... Calme-toi, bon sang...

Après notre passage à l'infirmerie, nous retournons dans les salles de cours. Deux heures interminables passent et j'ai beau essayer de me raisonner, je n'arrive juste pas à me concentrer...

Ma main tremble et rend mon écriture irrégulière, j'ai vraiment très peur...

La sonnerie raisonne, seuls dans la classe, assis à nos chaises respectives, Tobias et moi restons là. Je me lève et vais vers lui. Il a une sacré balafre, on a l'air cons et on est notablement blasés.

- Je balise... lui avouai-je.

- T'en fais pas, je l'aurais pas laissé t'embarquer...

On ne dit rien, se regarde un instant.

- Faut qu'on fasse quelque chose, Scarlett.

Je le regarde et ne réponds rien sur le moment, pourtant ça me travaille.

Le soir, je tape le nom du Lycée dans la barre de recherche. Je fouine un peu et trouve l'adresse mail de la radio. En deux lignes brèves, je demande s'il serait possible de faire passer un message, envoie le mail et ferme mon ordinateur.

Ça continue de me trouer l'esprit alors que je révise les derniers contrôles de la semaine... Je crains réellement le pire, je sais bien que du fait du contrôle continue, je peux être quasi-sûre d'être major, le niveau de l'école n'est pas sincèrement élevé, ni vraiment dur à surpasser, mais pourtant je stresse.

Je sais que ces vacances risquent d'être une vraie épreuve pour moi, surtout après tout ce qui se passe... De jour en jour, je sens la peur m'envahir, je crains tout, constamment...

Depuis que je suis rentrée, à la maison, tout à l'heure, bien que je sois à l'abri, dans un lieu familier... Je ne suis pas à l'aise, le moindre bruit étranger me fait sursauter, mon cerveau est resté bloqué sur ce qui s'est passé.

Le dégoût me remue de l'intérieur, dois-je ajouter à la dépression, le traumatisme?

Je ne vais pas bien...

J'expire, Tobias m'a ramenée jusqu'à la maison, il se fait un sang d'encre... Et bien qu'il soit là, plein d'empathie, de bons sentiments et je ne sais quoi, je me sens tout de même seule.

Incomprise, perdue dans un mal-être qui me ronge... Je veux être normale, ne pas frôler la crise cardiaque pour un rien, ne pas avoir mal au cœur en me regardant dans le miroir, ne pas trembler sans arrêt... Mes yeux ne veulent pas se fermer, je suis dans le noir, la maison est vide, j'entends dans la rue le bruit des voitures et des passants, je voudrais changer. Être quelqu'un d'autre.

Au réveil, la lumière m'éblouit, je me relève difficilement, j'ai dû finir par m'endormir à force de réfléchir. J'attrape d'une main mon ordinateur au pied du lit, en ouvrant ma boîte mail, je vois une confirmation de la radio...

Pendant cinq minutes, je regrette amèrement en me demandant pourquoi je me prends pour un super héro soudainement, puis je relativise en pensant à Stan... Je ne peux pas laisser plus de personnes se faire agresser...