Chapitre 20: Partie 4

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Bonne Lecture ~♡

J'arrive dans ma chambre à bout de forces. 

Je respire comme un phoque, j'ai envie de tuer quelqu'un, de hurler au monde entier à quel point je suis fatiguée de cette vie et de toutes ces promesses muettes foutues en l'air.

Je suis gelée comme un glaçon, mes habits, ou plutôt ceux de Selena, sont semblables à des chiffons usés. Ils me collent à la peau et entretiennent ma chair de poule. Je m'empresse de les retirer.

Nue comme un ver, je m'enfonce dans mon lit.

Je me suis si souvent retenue comme une folle dingue pour ne lâcher aucune larme et mes efforts s'effondrent soudainement en morceaux. Ils se brisent tout comme mes espoirs.

Je n'en reviens pas, j'étais au paradis et en moins d'une heure je suis tombée du ciel pour m'écraser en enfer.

Je lui faisais confiance... Je crois même que je ressentais... De l'amour ?!

Alors qu'il jouait avec moi... Parce que c'est ce qu'il faisait n'est-ce pas ? Il a piétiné mon cœur, il aurait pu me mentir pour peu qu'il ait ensuite mis au clair le pourquoi du comment. Mais il a semblé préférer me bredouiller quelques mots inaudibles comme s'il ne me connaissait plus...

Va crever en enfer.

Tu te donnes, tu te sens pousser des ailes, l'être aimé est là, auréolé de gloire, de beauté et d'intelligence puis soudainement tu te rends compte que ce qui trône sur sa tête n'est pas une auréole, mais deux minuscules cornes.

Des cornes de traître, de menteur, d'arracheur de dents. J'aurais envie de le faire souffrir tout autant que je souffre.

Je me mets à grelotter, essaye de me convaincre que ce n'est que le froid, mais je le sens. C'est la tristesse qui réapparaît.

Il est là, ce parasite pourri, celui qui est constamment dans ta tête et qui n'attend qu'un événement pour te pourrir les pensées.

Je ferme les yeux aussi fort que possible, j'ai envie de m'engouffrer dans un sommeil énorme, de ne plus jamais me réveiller. Je veux être la belle au bois dormant... Et j'espère sérieusement que le prince crèvera avant d'avoir atteint mon lit...

Je passe la soirée à ronchonner, à maudire le monde entier, en pleurant comme une madeleine. Et vers sept heures, le lendemain, je me rends à l'idée que ça ne sert à rien de rester cloîtrée dans mon lit, le sommeil ne veut décemment pas se ramener.

Je me lève, mes yeux sont tout gonflés et collés. J'enfile un t shirt trop long qui traîne au bas de mon lit, attrape un chouchou sur ma commode et file vers la salle de bain en faisant une queue haute.

Le mascara a fait un énorme pâté dans mes cils et je ressemble à un panda. J'aurais certainement dû me démaquiller avant de me coucher, ou juste éviter de me rapprocher de qui que ce soit en arrivant dans cette ville de malheur.

Je me rince le visage trois fois avant d'avoir un faciès décent et quand je me regarde enfin dans le miroir après m'être tamponnée avec une serviette éponge, je grimace.

Coup dur.

En plus d'être triste, je suis moche.

Je souffle, plonge mes doigts dans le pot de crème hydratante et descends les marches des escaliers en étalant le tout sur mon visage.

La peau aussi grasse que celle des fesses d'un bébé, j'attrape sur la table une banane et l'épluche pour la manger. Mais une fois la manipulation effectuée, je constate que l'appétit n'est pas là.

Vraiment bravo. Je fiche la banane dénudée dans le frigo et alors que je m'apprête à monter à l'étage,  la sonnette retentit.

Pas maintenant, pensai-je patraque.

Je traîne les pieds jusqu'à la porte. J'aurais du enfiler des chaussettes. Et un pantalon.

- Scarlett ! s'exclame...

Alex...

J'ai un mouvement de recul, et il me regarde étrangement, très certainement à cause des yeux supers gonflés et des cernes énoooormes.

J'ai immédiatement envie de fermer la porte et de retourner pleurer dans ma chambre, mais j'ai ma fierté me dit de rester ici.

- On a retrouvé sa langue ? interrogeai-je tranchante. Dans la bouche de Selena peut-être ?

- De quoi ? répond-il en fronçant les sourcils

- Bravo, tu joues parfaitement l'innocence, constatai-je en croisant les bras sur ma poitrine. Tu me demandes sérieusement ce qui s'est passé ? Vous vous êtes bien marrés avec Selena ? Vous avez trouvé une petite nouvelle, tu m'as fait ton numéro de joli cœur et maintenant que j'ai découvert le pot au rose vous vous éclatez à me voir si misérable... Vraiment parfait comme jeu, mais maintenant que tu m'as vue au plus bas, c'est fini, je ne me laisserai plus avoir et tu as gagné.

Je pousse la porte pour la claquer dans sa face, mais plus rapide que moi, il cale son pied entre la porte et le cadrant, non sans grimacer de douleur.

Puis il pousse la porte et toute ma force ne suffit pas à lutter.

- Tu peux me laisser parler... Je ne comprends rien à ce qui ce passe, et je ne saisis même pas ce que tu me reproches, et puis ton visage est dans un drôle d'état et je me demande sérieusement ce qui a pu se passer, parle-t-il à toute allure, enchaînant les questions en faisant un pas à l'intérieur.

Je fais deux pas en arrière contrariée de ne pas lui avoir claqué la porte au nez et il s'approche de moi.

- Laisse de la distance ou je te promets que je vais commettre un meurtre, avertis-je presque dans un grognement.

Je vais m'asseoir sur l'un des fauteuils du salon, les cuisses bien serrées en me rappelant que je n'ai pas enfilé de sous vêtements.

J'aurais vraiment du mettre un pantalon.

Je ne le regarde pas, mais j'entends ses pas et le bruit lourd de son corps sur le canapé en face de moi.

Je me sens si humiliée.

On dit que l'expérience de l'humiliation est comme celle de l'amour, inoubliable.

On peut dire que je ne suis pas prête d'oublier cette expérience.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant