Chapitre 26: Partie 3

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Bonne Lecture ~♡  


Je me laisse de nouveau glisser dans la baignoire, plongeant jusqu'à mon visage totalement endolori. La douleur a laissé place à la fatigue.

A cours de souffle, je remonte à la surface en inspirant bruyamment, puis me lève pour sortir du bassin. Je m'enroule dans une serviette molletonnée et, en attachant mes cheveux totalement emmêlés dans un chignon, me penche par dessus le lavabo pour apercevoir mon reflet dans le miroir accroché au mur.

Ce qui se dépeint sur la surface réfléchissante n'est pas glorieux. La zone autour de mon œil a gonflé et a pris un teinte bleuâtre relativement repoussante. J'appuie du bout de l'index l'hématome et la douleur me coupe la respiration l'espace d'un instant.

Je soupire et repense à cette fin de repas précipitée.

Après avoir affirmé que je ne poserais jamais plus un pied à la maison, je me suis levée à toute allure et droite comme un piquet, j'ai filé vers la sortie. Je paniquais, je savais que je risquais gros, que je tirais enfin un trait sur mes parents mais aussi sur tous les avantages qu'ils avaient pu m'apporter jusque là, j'allais devoir me d'emmerder toute seule et pour de vrai.

Mais à peine avais-je atteint le parking que j'ai entendu la voix de crécelle de ma mère hurler mon prénom comme une hystérique. A cet instant j'ai saisi pourquoi le mot hystérique venait d'utérus et était donc intimement lié à la femme, il suffisait de regarder ma mère pour se dire que c'était une caractéristique qui ne lui correspondait que trop.

Mais alors que je m'étais arrêtée, tétanisée, au milieu de ce parking, pour la voir m'arriver dessus à toute allure, tel un bulldozer prêt à tout déglinguer sur son passage, le visage déformé par une colère gigantesque, je n'ai pas eu le temps de voir arriver son mouvement. En moins d'une seconde, son bras a pris un élan clairement annonciateur, et sa main pleine de bagues a fracassé ma tempe.

Ma vue s'est volatilisée dans le choc, et j'ai entendu un énorme sifflement s'élever dans ma tête. La douleur m'a transpercée, j'ai eu l'impression qu'une troupe d'ouvriers c'était mise à taper à l'unisson sur les parois de mon crâne, créant un brouhaha abominable.

Et alors que ce supplice m'a semblé durer une vingtaine de minutes, j'ai enfin refait surface. Pendant que ma tête fourmillait, j'ai eu l'intelligent réflexe de faire deux pas en arrière ce qui m'a permis d'éviter le revers que cette espèce de folle s'apprêtait à me coller.

- Sale ingrate, s'est-elle égosillée en tentant d'agripper le col de mon t-shirt. Tu n'as pas le droit de partir, tu n'as pas le droit de laisser tomber tes ambitions.

- Vos ambitions, ai-je simplement corrigé en continuant de reculer. Laisse-moi partir avant de réellement me donner un raison pour t'en flanquer une, ai-je ajouté en tapant d'une main sur celle qui retenait mon top.

Puis désorientée, je me suis dépêchée de ficher le camp. La cervelle en compote, l'esprit brouillé, mais surtout rattrapée par la peur tenaillant de devoir rentrer avec cette cinglée.

Mon visage me brûlait et déjà à cet instant, je savais que je risquais d'avoir une sacrée tête le lendemain. Ce n'est que plus tard, après être rentrée et avoir lu sur un post-it dans la cuisine qu'Agatha ne rentrerait pas, que j'avais constaté les dégâts.

Puis je m'étais plongée dans un bain brûlant dans l'espoir de me calmer. Mais rien n'y faisait, j'étais toujours aussi crevée et mal en point. J'en venais à me demander s'ils ne s'étaient pas tous concertés pour me rendre dingue.

En enfilant mon pyjama, je me remis à penser à Alex. Notre dispute encore fraîche dans mon esprit bouillant, me torturait toujours autan. Je l'aimais mais les derniers événements m'avaient prouvé que j'avais intérêt à lever le camp rapidement. Il n'était plus seulement question de découvrir le monde, il fallait que je respire, cette situation était doucement en train de m'étouffer à nouveau. Je ne voulais pas me poser ou me stabiliser où que ce soit. 

Et j'en suis venue à la conclusion suivante, je me laissais moins de trois jours pour détaler.

Mais j'avais besoin d'en parler, j'avais besoin de vider mon sac, de dire à quelqu'un à quel point ma famille était aliénée, à quel point j'étais folle d'Alex, et à quel point la fuite allait être libératrice et déchirante.

J'ai alors attrapé à tâtons mon pantalon au sol, j'ai fouillé dans la poche arrière et mon portable à la main, j'ai fait défiler les contact. J'ai commencé par appeler Tobias, qui n'a pas répondu, puis Sean, qui en a fait de même. Il était tard, très tard, j'avais végété dans le bain à m'y oublier et à cours de solution, j'ai refait défiler mes contacts jusqu'à apercevoir "Selena". Je ne lui avais plus vraiment parlé depuis le repas que nous avions pris tous ensemble et je devais dire que nous nous étions seulement croisé de loin récemment, mais à l'intérieur de moi je savais qu'elle serait certainement disponible.

Et ma supposition se confirma à l'instant où sa voix endormie répondit au combiné.

- Allô? grinça-t-elle.

- C'est Scar, dis-je en repensant à ce surnom bancale qu'elle m'avait donné.

- Wow, entendis-je dans un bruissement de couvertures. Tout va bien? Il s'est passé quelque chose? enchaîna-t-elle à toute allure, des aprioris dans la voix.

- Rien de grave, assurai-je pour la détendre, j'avais juste envie de parler.

Et alors que j'annonçais la couleur, et que nous commençâmes à parler, je sus qu'elle était davantage serviable que ce que j'avais cru.

Nous parlâmes pendant une heure, puis une deuxième et le temps passa tellement vite que je ne me souviens plus vraiment du moment auquel mes yeux se sont clos.

Le lendemain c'est le soleil qui vînt me réveiller, et quand un seul de mes yeux s'ouvrit, je pris conscience de la balafre légèrement difforme qui couvrait une partie de mon faciès.

- Merde, murmurai-je en attrapant mon portable au sol.

Je ne me souvenais pas avoir raccroché, pour la simple et bonne raison que je ne l'avais pas fait, m'amusais-je en regardant l'écran annonçant six heures d'appel. 

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant