Chapitre 8: Partie 2

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Bonne Lecture ~♡

Je marche à toute allure, je n'arrive plus à respirer, mais si je m'arrête...

Si je m'arrête quoi au juste ?

Je vais devoir arrêter de penser à mes mollets qui brûlent ou à ma respiration de phoque enrhumé ?

Je m'arrête net, ça fait trente minutes que je marche comme une dératée et, ironiquement, ça n'avance à rien. J'essaye de reprendre mon souffle, c'est horrible, je m'ouvre à quelqu'un et voilà où ça me mène. Je suis stupide !

Une vraie conne ! Non, la reine des connes dans le royaume de la connerie.

C'est improbable, il fallait que je tombe amoureuse de lui.

Mais le problème maintenant, ce n'est plus mes sentiments mais plutôt comment vais-je faire ? C'est possible de faire comme si de rien ne s'était passé ? J'ai deux jours pour faire le deuil de mon amour à sens unique ? 

En même temps, comment voulez-vous que je fasse le poids face à Calvin ?! C'est la perfection à l'état pur, il a un sourire tellement magnifique que même si je passais des siècles avec un appareil dentaire, je n'arriverais jamais à avoir des dents aussi parfaitement alignées !

Oui, je noie le poisson, mais sincèrement, j'ai envie de crier au monde entier que l'amour c'est le pire concept de la galaxie. Tu es là, tu es dingue d'une personne, mais le truc c'est que tu as juste une nano chance infime que tes petits sentiments tous dégoulinants d'amour suintant d'admiration soient réciproques.

D'autant plus que je pense vraiment finir vieille fille, j'ai le malheur d'avoir découvert pas plus tard qu'avant hier que j'angoissais lorsque je me trouvais à proximité d'un homme depuis l'agression de Stan. Pire encore, j'ai fait une crise de panique la dernière fois en allant au magasin quand je me suis retrouvée bloquée dans une allée pleine d'hommes.

Ce qui fait que je vais certainement finir seule à me languir de Tobias qui est amoureux de Calvin aka l'homme parfait à qui je n'aurais jamais pu faire de l'ombre bordel de crotte.

Je rentre à la maison en traînant la patte, je shoote dans une canette. Je ne suis pas calimero, mais sincèrement ma vie est moisie jusqu'à son essence même. Je fais l'étoile sur mon lit toute la nuit, impossible de fermer l'œil et le week-end est un concentré de pessimisme, j'oscille entre tristesse, jalousie et déception.

Le lundi matin, je me résous à attendre le centre de tous mes ressentiments pour aller en cours et quand je le vois arriver, je ne peux même pas lui en vouloir. Il a des valises aussi énormes que moi sous les yeux et je vois à sa tête, qu'il est aussi tourmenté que moi.

- Salut, souffle-t-il en me regardant.

- Salut, répétai-je. Tu sors avec lui ? Lui lâchai-je sans continuité juste pour assouvir ma curiosité.

- Oui, répondit-il franchement.

- Ça me fait mal aux fesses.

Je laisse une  pause...

- Tu as tes affaires de littérature? dis-je pensant que de toutes manières, j'avais plus qu'à accepter l'effroyable réalité.

J'ai la tête à l'envers, j'ai beau essayer de relativiser c'est absolument infaisable.

Au milieu du cours, la professeur de littérature rappelle que les derniers gros contrôles arrivent à grands pas. Je réalise soudainement, il me reste trois semaines avant avant la fin des cours...

Mon cerveau mouline d'un coup, je n'ai pas tant à m'en faire, j'ai fourni des efforts tout au long de l'année, pourtant je vais devoir m'y mettre... J'ai réussi à négocier avec mes parents pour ne passer qu'un mois chez ma tante si je suis la première dans le classement aux examens...

Je suis fichue.

L'après-midi, Tobias et moi allons au refuge, je fais un listing mental de tout ce que je dois régler avant la fin de l'année et j'ai soudainement l'impression de crouler.

Je dois oublier définitivement mes sentiments amoureux pour Tobias, trouver un moyen pour expliquer à tous les abrutis de ce bahut de tarés la violence n'est pas la solution, trouver mon orientation très rapidement et bosser comme une dingue pour avoir l'espoir d'un mois libre pendant les vacances.

Je lève les yeux vers Tobias, qui est en train d'installer Sophie, la siamoise que John a accepté ce matin, dans sa cage. Ça ne m'aide pas de passer autant de temps avec lui, pas du tout même et puis, je devrais essayer de réviser un peu plus...

- Tobias ? l'interpellai-je alors qu'il était absolument absorbé.

- Oui ? répond-il en se retournant rapidement.

Il a l'air vraiment très febrile depuis ce matin, dès que je l'interpelle, il se retourne en catastrophe et il a toujours l'air soucieux.

- Je vais arrêter de venir les après-midis de semaine pour étudier un peu plus, lui lançai-je de but en blanc.

- Si tu veux on pourrait étudier chez moi ? proposa-t-il en caressant Sophie.

- Non, je crois que je devrais rester seule, tentai-je de lui faire comprendre en détournant le regard.

Il reste silencieux et je n'ose même pas le regarder...

- Je pense que ce serait plus facile pour moi de tourner la page, si nous nous éloignons un peu, ajoutai-je mal à l'aise au possible.

- Je, murmura-t-il, je comprends. Mais fait attention et si tu as un problème, je suis là.

Cette situation est vraiment atroce, pensai-je intérieurement. J'essaye de m'accrocher à des sentiments qui me font du mal alors que ce serait bien mieux pour moi de lâcher prise une bonne fois pour toutes. Il faut vraiment que j'abandonne.

Le soir, alors que je m'apprête à rentrer, je vais voir John pour le remercier, l'embrasse et passe le pas de la porte.

- Foster ! j'entends crier derrière moi.

- Oui ? répondis-je en reconnaissant la voix de Tobias.

- J'ai oublié de te donner ça, me dit-il à court de souffle en me mettant un aerosol dans la main. On se voit demain, continue-t-il en partant.

Je tourne l'objet dans ma paume, « aerosol anti-agression ». 

Un sourire étire mes lèvres, quoi qu'il nous arrive, je peux toujours compter sur lui.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant