Chapitre 6: Partie 4

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Bonne Lecture ~♡

À peine ai-je ouvert la porte et posé un pied sur le paillasson, que je vois ma mère.

Elle est debout, face à moi et je sens déjà les ennuis m'arriver en plein visage. Elle grimace, trottine jusque moi et me fiche la claque de l'année. Une brûlure vive se répand dans ma joue.

- Je crois qu'on avait déjà parlé de ça maman, soufflai-je calmement en fermant la porte derrière moi une main sur le visage. Mais j'imagine que je la méritais celle-là... ajoutai-je en voyant le visage de ma mère se crisper de plus en plus.

- Dans la cuisine tout de suite, nous devons VRAIMENT parler, s'énerve-t-elle.

Je la suis, prête à m'en prendre plein la figure. Je m'assieds à ma place, mon père tire la même tête que ma mère. Ils sont tout les deux face à moi, débraillés, énervés et dans tout leurs états. C'est parti.

- Scarlett Foster, où étiez-vous, bon sang de bonsoir ? Articule mon père en croyant très certainement que le fait de vouvoyer son enfant montrait de façon plus évidente son énervement.

- Chez un ami, avouai-je.

Ma mère souffle et prend sa tête dans ses mains, je me prépare à broder une histoire bidon. Je crois que s'ils découvraient la vérité, je risquerais de me faire tuer.

La simple évocation de la "vérité" me donne des sueurs froides. J'essaye d'éviter d'y penser, tentant de me bercer dans l'illusion, mais les faits sont là, je suis terrifiée et je me sens toujours aussi dégoûtante.

- Mais que te passe-t-il par la tête ?! hurle ma mère, tu reviens après avoir séché les cours pour la toute première fois de ta scolarité, vêtue d'habits d'homme, des suçons dans le cou, alors que cela fait un mois que tu es insupportable... Que t'arrive-t-il Scarlett, nous ne t'avons pas éduquée comme ça !

Je passe une main tremblante dans mon cou, comme si cela me faisait réellement plaisir d'avoir eu à supporter ce moment abominable...

- Nos enfants deviennent des ratés, murmure mon père plein de haine.

- Et vous n'avez pas une idée de pourquoi ? Sifflai-je énervée qu'ils osent parler de Sean et moi de la manière, bizarrement vos deux enfants deviennent n'importe quoi, mais peut-être qu'il serait temps pour vous de réfléchir aussi ?

- Scarlett, interpelle ma mère à cran, n'échange pas les rôles !

- Que les choses soient claires, si jamais tu décidais, par tout hasard, imagina mon père, de continuer à te comporter comme une catin, il serait très probable que je ne veuille plus de toi sous mon toit, insinua-t-il fanfaron.

- Eh bien vas-y, vire moi de la maison, l'incitai-je. C'est tout ce que tu attends après tout, nous escamper d'ici ! T'as jamais eu envie d'avoir des enfants de toutes manières!

- Scarlett ne dis pas de bêtises ! s'écria ma mère.

- Arrêtez de me prendre pour plus stupide que je ne le suis, tu sais quoi « papa », ta femme se tape son prof de sport quasiment à chaque fois que tu travailles, lançai-je hargneuse.

La sieste du bruit tombe sur nous et je vois mon père plisser les yeux, tandis que ma mère me regarde haineuse.

- Je sais, murmure-t-il en me regardant inchangé. Là n'est pas la question, qu'on soit d'accord, si tu nous refais encore une fois ce coup, tu peux faire tes valises. Je ne veux pas d'une fille comme toi à la maison, acheva-t-il calmement.

Les mots étaient durs.

- Vous êtes tous les deux aussi barges l'un que l'autre, achevai-je en les toisant du regard entièrement affectée par leur comportement.

Je me lève, monte les escaliers, rejoins ma chambre et m'assieds sur mon lit.

Non seulement mon père laisse tranquillement ma mère le tromper alors qu'il est parfaitement au courant de la situation, mais en plus il n'en a réellement rien à ficher de sa progéniture. Dans quelle famille de détraqués vis-je ?!

Je m'allonge, je suis exténuée, plus le temps passe, plus ma vie semble partir en vrille.

Je comprends tout à fait pourquoi fuir mes problèmes a été mon premier réflexe, il est tellement dur de les affronter. Mais ce n'est pas en tournant le dos à la difficulté que j'y ferais face.

Après avoir pris ma douche en ayant évité méticuleusement tout miroir, je jette un coup d'œil à mon portable. Je supprime tout mes contacts, sauf papa, maman, Sean et Tobias. C'est tout ce dont j'aurais besoin à partir de maintenant.

Je lance une machine avec les habits de Tobias et vais sur Facebook en attendant qu'elle soit finie. Je clique sur le menu compte, dans les paramètres, sécurité et finis par cliquer sur désactiver le compte en suivant les différentes étapes.

Dans mon élan, je supprime toutes les photos de Brittany et moi, soit la quasi totalité de ma galerie. Mon fond d'écran se désactive, je redoutais ce moment, mais il faut me résoudre à la réalité :

ma vie ne sera jamais plus comme avant.

Je lance le séchoir et vais dans ma chambre pour décoller les polaroïdes dont je n'arrivais pas à me séparer. Les uns accrochés à côté des autres, ils représentent tout ce que je n'aurais jamais plus, l'insouciance du lendemain, mais aussi la tranquillité que procure la banalité.

Je m'adaptais à mon entourage pour trouver la tranquillité, mais ma zone de confort est maintenant totalement différente.

Je regarde une photo de Britt et moi à mon dix septième anniversaire, nous étions radieuses. L'une dans les bras de l'autre, un sourire communicatif aux lèvres, qui aurait pu se douter de la tournure des événements?

Cette amitié n'a jamais été qu'une histoire de paraître, rien de réel, pourtant je n'arrive pas à comprendre comment Britt qui était mon tout dans le passé a pu m'abandonner comme cela. Bien qu'elle n'ait été que mauvaise influence sur moi, j'étais profondément attachée à elle.

Mais en un sens, une partie de moi y était préparée.

Depuis que tout s'est retourné contre moi, je n'ai pas réfléchi un instant à tout cela. Je savais que notre relation était fondée sur la popularité, pourtant il me semble avoir vraiment été sincèrement amie avec elle.

Ces fois où on a pleuré comme des madeleines devant Je suis une légende, celles où on a vidé nos sacs par rapport à nos parents, et toutes ces fois où on s'est faites belles ensembles et où je l'ai vraiment appréciée à sa juste valeur.

Nous avions beau être les plus grandes pestes que le monde ait porté en son sein, je pense sérieusement que tout n'était pas faux.

Je décroche les photos et les mets dans un sac plastique que je noue et pose au fond de mon armoire.

Mon portable vibre.

« Ça n'a pas été trop dur ? » me demande Tobias, « Je m'attendais à pire », lui répondis-je.

Je m'allonge sur mon lit, regarde le plafond et souffle.

Je ne dois plus déprimer en vivant dans le passé, ne plus être anxieuse à cause du futur, juste trouver la paix dans le présent.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant