Bonne Lecture ~♡
- Oh, merde, pardon, injuriai-je en refermant la porte en deux deux.
Je me dépêche de rebrousser chemin, vais dans la chambre de Tobias et passe par la fenêtre comme je suis venue.
Est-ce que je viens vraiment de voir ce que je pense que j'ai vu ? Je suis absolument partagée entre jalousie et déception... Mais purée ! Il faut que tu t'y fasses et puis pourquoi je suis rentrée comme ça aussi ! Ça va pas, on dirait une vraie cambrioleuse, à ce train là, tu vas te retrouver à la banque nationale un flingue à la main ! J'entends soudain la voix de Tobias.
- Scarlett, attends ! hurle-t-il.
Je lève les yeux, il est à la fenêtre, les joues roses, les cheveux en bataille, les lèvres encore rouges à cause des baisers : bordel.
- C'est bon, ne t'en fais pas, lançai-je en me consumant de jalousie. Je, euh... Désolée pour l'intrusion, c'était juste pour te dire que j'étais major, bégayai-je en me sentant perdre mon calme.
- Rentre ! On peut parler ! lance-t-il de son perchoir.
- C'est bon, on se voit demain !
Je me dépêche de faire le tour de la maison et de sortir du jardin, je commence à aller à toute vitesse. Adapte-toi ! C'est pas le moment d'être jalouse ! Pas maintenant ! Je grogne et accélère, je vais bien réussir à passer à autre chose...
La soirée file à toute allure, je suis contrariée contre moi-même, mais j'imagine que je ne me changerais pas si rapidement que cela... Et le lendemain, c'est avec gêne que je retrouve Tobias.
- Désolé pour hier soir, dit-il avant même que je n'ai le temps de le saluer.
- C'est pas ta faute... Tu n'as pas à t'excuser.
J'ai juste à m'y faire, pensai-je en marchant à côté de lui. J'aimerais tellement que tout le poids que je sens sur mes épaules s'en aille... Je donnerais tant pour sentir tous ces problèmes disparaître.
- C'est aujourd'hui l'interview à la radio du lycée ? demande-t-il en me fixant.
- Oh, mince, j'avais oublié ce détail !
Je panique un instant, je n'ai rien préparé du tout... Mais fallait-il seulement que je prévois quelque chose ? Je respire et tente de me calmer. Pourtant à onze heures dans le bureau du proviseur, je n'ai toujours pas l'impression d'être zen.
- Mademoiselle Foster, j'imagine que vous connaissez déjà le motif de votre présence ? lance le vieil homme dégarni derrière son bureau.
- Je n'ose pas réellement m'y résoudre, répondis-je dans l'espoir de ne pas paraître prétentieuse.
- J'ai l'honneur de vous annoncer, que par vos résultats excellents, vous vous trouvez être le major de votre promotion, annonce-t-il faussement solennel. Et je tiens à vous féliciter monsieur et madame Foster, cette jeune fille doit être une vraie fierté !
- Absolument, sourit mon père.
Tu parles d'une fierté, cela fait trois semaines qu'il m'ignore et qu'il n'ouvre sa bouche que pour me descendre... Les dernières paroles qu'il m'a lancées furent « Tu as gagné ta place sous notre toit », j'ai tout juste esquissé un rictus malsain, à la limite de l'étrangler...
Comme si je n'avais pas de place avant ce jour... Je ne me suis jamais sentie au bon endroit de toute manière, et je n'ai pas besoin d'eux plus longtemps. J'ai eu un peu de temps pour réfléchir et il me semble que pour l'instant l'urgence c'est de m'éloigner d'eux.
Nous sortons du bureau après un espèce de bavardage ennuyeux entre le proviseur et mes parents, et sans même me dire au revoir, mon père part vers la sortie.
- Ne lui en veux pas, souffle ma mère.
- Pas besoin de faux semblants, lui lançai-je, je n'ai pas besoin d'être réconfortée, encore moins par toi.
Elle fait une drôle de tête mais je ne prends pas le temps d'analyser et m'éclipse pour retrouver Tobias derrière le lycée, en train de fumer.
- On avait pas déjà parlé de ça ? m'exclamai-je en arrivant.
- Siiiii, répondit-il en la jetant et l'écrasant du bout de sa botte. Ça va être l'heure, toujours prête ?
- J'imagine...
Nous commençons à nous rendre vers la salle indiquée dans le mail et en toquant, la tête de Lee nous saute immédiatement au visage.
- Génial ! hurle-t-elle en tapant des mains, je me demandais si vous alliez vraiment venir ! Hum, par contre nous avons décidé de changer un peu les plans...
Elle nous tire à l'intérieur et je vois Samantha et une fille que j'avais l'habitude de martyriser: Iris...
Quel cauchemar...
- Il est hors de question que je reste dans la même salle que ces personnes là, craquai-je en amorçant un premier pas en arrière.
- Scarlett, je vais gérer le débat, tu n'as pas à t'en faire, tenta de me rassurer Lee. Mais par contre, Tobias ne peut pas participer.
- Pourquoi ?! interrogeai-je comme perdue.
- Il risquerait de faire une sorte de parti pris... explique-t-elle essayant de me canaliser.
- Je, non ! râlai-je en la fusillant du regard.
- Mais il peut rester...
Je lève les yeux vers Tobias, il me fait signe de respirer... Nous nous asseyons sur des fauteuils disposés autour d'un seul et même micro. La salle est exiguë et je ne vois qu'un seule garçon dans le fond avec tout un attirail... Et les deux filles qui me regardent comme une bête étrange...
Lee explique quelques modalités et après une dizaine de minutes d'attente, nous passons finalement à l'antenne.
- Bonjour et bon appétit, s'écrit-elle enjouée, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'avoir en studio quatre personnes ici pour parler d'un sujet sensible au sein du Lycée et oui, je parle bien évidement du harcèlement, introduit-elle. Nous allons donc parler sans tabou et sans attendre.
Elle me sourit et me fait signe. Je regarde Tobias, il empoigne une de mes mains sur mes genoux et la serre dans la sienne.
- Bonjour, ici Scarlett Foster, commençai-je avant d'être coupée.
- La reine des garces, prête à se faire passer pour la victime, rétorque Samantha en me regardant hautaine.
- Pas vraiment, juste prête à essayer de faire avancer les choses...
Le ton était lancé, j'allais m'en prendre plein la figure et en live...
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Drowned
Fiksi RemajaÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...