Bonne Lecture ~♡
Alors qu'il sortait d'un établissement pénitentiaire pour mineurs, il a atterri dans ce lycée et Brittany et moi lui avons mené la vie dure. J'avais dans mon esprit censuré tous ces moments passés à lui faire regretter chaque instant.
Toutes ces fois où, « pour rire », j'ai amusé Britt en me moquant de lui, la fois où j'ai dessiné un personnage grossier, sensé le caricaturer, sur sa table au marqueur pour égayer la galerie et celle où je l'ai bousculé et ai glissé un « oups, regarde où tu marches », juste parce que le voir s'excuser alors que ce n'était pas sa faute était « comique ».
- Je suis une pourriture et tu es la à côté de moi, alors que tu pourrais prendre ta revanche sans problème, comme tous ceux à qui j'ai fait des choses dans le passé, soupirai-je en payant nos sandwichs.
- Ouais, mais tu connais les prénoms des gens qui se vengent ? demande-t-il alors que je ne saisis absolument pas le lien.
- Pas vraiment, j'avoue en récupérant le change.
- Eh bien, le mien tu le connais et en plus, t'es en train de te mordre les doigts parce que je suis une personne en or, explique-t-il en attrapant le sac que la vendeuse nous tend tout en glissant un billet de cinq dollars dans mon porte-monnaie encore ouvert.
Je ne trouve rien à répondre, il a totalement raison et en plus j'ai l'impression d'être la dernière des abruties. Je le rattrape alors qu'il est sorti du super marché et avance avec lui vers le refuge. Il est clair que je suis perdue.
J'ai le cerveau retourné par ma matinée avariée et par moi-même. Arrivée, j'embrasse John qui est dans la salle arrière en train de traiter les puces de Molly un chat siamois à la queue coupée. Quand il finit, on mange ensemble.
Pendant le repas, je ne parle pas, je réfléchis à tout ce que Tobias m'a dit. Il a eu assez confiance en moi pour me dire tout ça, est-ce uniquement pour me faire culpabiliser ou y a-t-il un espoir pour qu'il m'apprécie un tant soit peu ?
Je ne sais pas pourquoi ça me dérange tant qu'il fasse ça pour se venger... Après tout, tant qu'il est à l'écart, je ne ressens pas la nécessité de me reprendre en main.
Je regarde dans le vide et au bout de dix minutes, me rends compte que la discussion s'est arrêtée et que les deux hommes me regardent comme une cintrée.
- Scarlett, je ne sais pas ce qui se passe dans ton esprit, mais tu as l'air mal en point. Tu ferais mieux de rentrer chez toi te reposer tu ne crois pas ? propose John apparemment contrit par mon comportement.
- Non ! répondis-je précipitamment, je... Hum... Tout va bien, je me demandais juste combien de temps il me faudrait pour finir la façade, certifiai-je en secouant les mains devant moi un sourire gêné collé au visage.
Je vis dans le regard de mes interlocuteurs que personne n'était dupe ici. Mais pourtant ils me laissèrent faire, et je passai l'après-midi à racler le mur et à passer la première couche comme prévu.
En rentrant, sur les coups de dix-huit heures, j'aperçus Tobias penché derrière John, ils avaient tous les deux des têtes de concentré et Tobias donnait de temps à autres des directives à John. Je ne pris pas la peine de les déranger et me dirigeai vers la bouilloire pour me préparer un thé.
J'eus le temps de boire ma tasse et de jouer avec Pale avant que l'un d'eux remarque ma présence.
- Foster, viens voir le résultat ! m'interpella Tobias en me faisant signe de la main.
Je me levai et regardai l'écran, une page web affichait « John's shelter » en gros titre, avec en dessous plusieurs parties : présentation, les animaux, nous contacter. Je me baladai un instant sur le site et constatai que c'était vraiment une bonne idée.
- On prendra des photos des animaux demain pour faire leurs profils et quand tu auras fini la décoration, un cliché du local ! expliqua John apparemment aux anges ce qui réchauffa mon cœur comme jamais.
Je souris à Tobias qui me fit un clin d'œil, puis se faisant tard nous décidâmes de rentrer chez nous. Monsieur l'informaticien me proposa de me ramener et j'acceptai.
Nous marchons côte à côte sans un mot et soudain je me décide à rompre le silence.
- Je te hais, avouai-je en fixant mes pieds.
- Ce n'est pas à moi de dire cela? me demande-t-il comme si nous étions en train de discuter du temps.
- Très certainement, lui accordai-je.
- J'imagine que la haine que je t'ai voué, va certainement s'estomper avec le temps, lâche-t-il en fixant le feu piéton.
- Tu dis ça pour que je me sente mal? l'interrogeai-je en me demandant quand ce fichu feu allait changer de couleur.
- J'imagine, mais je t'avoue que te faire culpabiliser est moins drôle que ce que j'aurais imaginé, m'accorda-t-il en marchant vers le trottoir en face. Je croyais que ça me ferait du bien de te voir mal en point mais je ressens surtout de la pitié. Je ne comprends absolument pas comment tu fais pour lyncher une personne, moi ça me donne juste l'impression d'être un pauvre con, confesse-t-il en rivant son regard au mien.
- Eh bien figure toi que j'ai le prix Nobel de connerie entre les mains, ratifiai-je en le regardant irritée par l'emprise qu'il avait sur moi. Cette situation est abominable, je ne sais pas comment m'en sortir. Mes parents n'en ont rien à cirer de moi tant que je ne refais pas de « bêtise » comparable à mes tentatives de suicide et le pire dans toute cela c'est que je suis terrorisée par ce que je suis devenue, énumérai-je à court de souffle.
On se regarde un instant dans un mutisme communicatif et je le vois soupirer et passer sa main dans ses cheveux pour les mettre en arrière.
- Tu es vraiment affligeante.
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Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...