Drowned

Chapitre 15: Partie 2

Bonne Lecture ~♡

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé à la main ? demande-t-il en l'attrapant.

Je tremble légèrement et il écarte sa main.

- Désolée, je ne voulais pas te toucher, dit-il comme apeuré de son geste. Je ne te ferai pas de mal, vraiment...

Ma réaction ce matin l'a fait cogiter...

- Ne t'en fais pas, si j'ai agi comme ça ce matin c'est parce que j'étais en pleine crise de panique. Je... Enfin, je n'ai pas peur de toi, avouai-je en accompagnant la parole du geste.

J'attrape sa main dans la mienne à mon tour. La sienne est grande, un peu calleuse, ses ongles sont coupés courts et ses longs doigts se referment sur ma main de façon à entièrement la recouvrir.

- Je suis tombée, expliquai-je en fixant nos deux mains entrelacées, j'ai couru très vite et j'ai fini par tomber.

- Qu'a-t-il pu t'arriver pour que tu sois si traumatisée. Tu sembles dépassée par tout ça, noyée.

Noyée, c'était le mot, les problèmes m'avaient entraînée, comme une vague indomptable et massive, au plus profond de la mer.

- Et toi ? Qu'as-tu pu m'avouer de si inavouable ? questionnai-je en levant mes yeux sur son visage.

- Il fallait s'en rappeler, on ferait mieux de rentrer maintenant, esquiva-t-il.

Je ne proteste pas et alors que je relâche la pression de mes doigts pour séparer nos deux mains, il se met à avancer sans en faire de même. Main dans la main nous rentrons, il ajuste sa vitesse à la mienne et nous ne parlons plus. Le silence en dirait plus que la somme de tous nos mots.

Ce contact me plaît, j'aime la chaleur qui émane de sa paume, la sensation réconfortante que cela me procure. Nous arrivons finalement dans le jardin d'Agatha et nos mains se séparent.

- Tu fais quoi demain ? me questionne-t-il en se plantant face à moi, tout juste éclairé du lampadaire derrière nous.

- Je pense que je vais m'occuper du jardin d'Erin, dis-je bêtement avant de me rectifier, de votre jardin en fait, souriai-je.

- Oh, tu es donc ma jardinière ? rit-il . N'en fais pas trop, je viendrais t'aider dès que j'aurais fini, ajouta-t-il comme une promesse.

Une promesse qui me fit étrangement plaisir, pensai-je en passant le pas de la porte. Le salon était enfin éclairé et une odeur délicieuse émanait de la cuisine.

- Bonsoir, saluai-je en me mettant contre le cadrant de la porte.

- Ah, tu es rentrée, s'exclama Agatha en se retournant.

Elle avait une chemise rouge et un jean simple, mais elle semblait rayonnante.

- Oui, que vous est-il arrivé ? demandai-je en détaillant la bonne mine de ma tante.

- Rien de particulier, souffla-t-elle en fixant son regard sur le plat qu'elle était en train de mijoter.

- Agatha, je reconnais ce sourire là !

- C'est plutôt à toi de me dire ce qui se trame, avoua-t-elle finalement comme si ça lui brûlait les lèvres.

- Pardon ? répondis-je sans plus comprendre.

- Toi et le fils d'Erin, sous-entendit-elle.

- Non mais je rêve ! m'exclamai-je en éclatant de rire. Tu nous espionnais ?

- Noooon, ce n'est pas mon genre, glissa-t-elle en souriant bêtement.

Je ris un instant, elle doit vraiment tenir à Erin!

- Tu as faim ? lança-t-elle en me souriant.

Son sourire est lumineux et il m'en aura fallu du temps pour en voir un...

- Merci beaucoup, mais je pense que je vais aller me coucher, m'excusai-je.

- Pas de problèmes, assura-t-elle tout en affichant un visage soucieux qui ne concordait pas vraiment à la réponse. C'était bien hier ?

- Oui, plutôt, dis-je sans plus vraiment me souvenir de ce qui a pu arriver.

- Chouette, clôt-elle.

Je hoche la tête et vais poser mon portable dans le panier en l'éteignant avant de monter à l'étage. Ma tête est légère. Comme dans les nuages, et c'est quelque chose qui m'avait manqué: ne plus penser à rien.

Je me change rapidement et m'enfouis sous la couette avant de fermer les yeux.

Le lendemain, la lumière du matin me réveille assez tôt, je me prépare rapidement, m'attardant plus que d'ordinaire devant la glace et descends finalement déjeuner. Et alors que je ferme la porte d'entrée, j'entends quelqu'un tousser comme pour signaler sa présence, je me tourne, Selena et Alex sont en bas des quelques marches de l'entrée.

- Je t'apporte un peu de main-d'œuvre, m'expliqua Alex en montrant Selena du pouce.

Toujours aussi belle, pensai-je en la regardant. Dans un petit short noir ceinturé d'une chemise à carreaux, elle ne peut pas être plus simplement jolie. Elle me fait un signe de main timide, elle doit penser elle aussi avoir fait quelque chose de mal...

- Génial, m'exclamai-je en les rejoignant.

- Je reviens dans l'après-midi normalement, j'ai sorti de quoi s'occuper du jardin, annonça-t-il en marchant à reculons et en agitant sa main de droite à gauche.

Je lui fais un signe de la main moi aussi et me tourne vers Selena.

- Alors ? m'adressa-t-elle en soutenant mon regard, apparemment il n'a pas fait de bêtises, s'enquérit-elle en faisant un geste vers Alex qui disparaissait doucement.

- Non, aucune... Je suis vraiment désolée d'être partie comme une sauvage, soufflai-je gênée.

- Ne t'en fais pas, tu devais avoir tes raisons !

Elle est tellement compréhensive...

- On s'y met ? me questionne-t-elle en souriant doucement.

- C'est parti !

Nous allons dans le jardin voisin et je dis à Selena de m'attendre un instant avant de passer le pas de la porte. Elle est là, dans son fauteuil, des lunettes au bout du nez, un bouquin dans les mains.

- Ça ne vous dirait pas de sortir lire ? interrogeai-je en m'adossant au mur.

- Scarlett ! Je me suis demandée si tout allait bien, comme tu n'es pas venue hier ! avoua Erin comme inquiète.

- Je vais vraiment bien, ne vous en faites pas, alors ? Je vous embarque ?

- Ai-je vraiment le choix ?

Le clin d'œil me fit sourire, nous étions toutes les deux aussi têtues l'une que l'autre... Vingt minutes plus tard, les mains dans la terre et en train de bavarder de tout et de rien avec Selena et Erin, je lance habilement une minuscule poignée de terre à Selena plus loin.

- Mais, s'exclame-t-elle outrée en me regardant fixement.

Elle se secoue et nous nous mettons toutes à rigoler.

Ces moments paraissent éclairés de lumière et lorsqu'il fait clair dans mon esprit, il y fait beau.