Chapitre 3: Partie 4

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Bonne Lecture ~♡

Je sors du placard cinq minutes plus tard, j'ai le cerveau sur la paille. Devant la classe, je toque, et ouvre la porte, le professeur de Mathématiques me fixe et tout le monde dans la classe fait de même.

- Désolée, je suis encore en retard à votre cours, je m'excuse en fixant mon regard droit sur sa cravate.

Elle est moche. 

Elle est orange et verte. Qui mélange ces deux couleurs ensemble sans se rendre compte que c'est une faute de goût aussi énorme que le soleil ? Je lève les yeux sur lui, il a toujours cette drôle de tête, celle de l'incompréhension.

- Que ça ne devienne pas une habitude Mademoiselle Foster, à votre place, m'ordonne-t-il en fermant la porte derrière moi.

Je vais m'asseoir et mon regard croise celui de Brittany juste avant d'atteindre ma chaise. Son sourire est aussi grand que celui du Joker. Elle a l'air satisfaite.

Elle pense peut-être que je vais attraper une pneumonie et que je vais mourir subitement. Ou que mon cerveau va geler à cause de mes cheveux mouillés et que je vais devenir un légume. Ou alors que je ne me remettrais jamais de ma coiffure de rat lorsque mes cheveux sont mouillés et que je vais me consumer de honte et vivre reclue loin de la civilisation.

Je m'assieds, pose mon sac à mes pieds, sors une feuille et un crayon et fixe le carreau en haut à droite. Est-ce que si j'obstrue mon esprit, cela me permet-il de ne pas penser à état lamentable ?

Je repense aux regards des deux garçons qui sont passés dans les escaliers, ça m'a répugnée tout autant que le fait d'avoir un contact avec Stan. Et j'ai tellement peur. C'était tellement simple pour lui de me faire tout cela, je me suis sentie si faible...

Sans m'en rendre compte, j'ai cassé ma mine sur la feuille. Je fixe le bout de carbone inerte sur le papier. C'est atroce, je me sens si sale.

Mes mains continuent de trembler. Je les passe sous la table et les coincent entre mes cuisses, j'ai détesté tout ça. Je suis terrorisée. Pourtant c'est passé, n'est-ce pas?

Le cours passe à une lenteur déconcertante, chaque minute est un vrai pensum à mes yeux. J'essaie de me concentrer mais mon esprit ne cesse de ressasser la scène. Est-ce que je ressentirais ça avec tout les garçons? C'était si écœurant.  

Pourquoi suis-je dans cet état? Ce n'est rien... Si ? J'inspire, et regarde l'horloge: plus que cinq petites minutes. J'observe l'aiguille des secondes faire ses cinq tours et d'un coup la sonnerie détonne.

Tout le monde se lève et quitte la salle, je reste assise. Une main se pose sur mon épaule et je recule en tressaillant et me retourne brusquement. Ce n'est que Tobias.

- Pardon, je ne voulais pas te faire peur, se défend-il en me regardant étrangement.

- Ne t'inquiète pas, j'étais juste dans mes pensées, je lui explique alors qu'il s'assied en face de moi.

- Qu'est-ce qu'elles t'ont fait ? se risque-t-il en plantant ses yeux verts dans les miens, j'ai une petite idée sur la chose, mais...

- Ce n'est rien d'autre que ce que tu peux imaginer, le coupai-je en fixant son pendentif pendre, une sorte de plaquette militaire. Samantha et deux autres filles, dont je n'ai aucune idée des patronymes, m'ont jeté un seau d'eau à la figure, expliquai-je censurant volontairement ce qui s'est passé après.

Je le fixe, et constate que son regard sur moi ne me dérange pas. Autant celui de Stan me donne la nausée, autant celui de Tobias n'est pas dérangeant. Je me sens confiante à côté de lui. 

- J'ai une serviette de sport dans mon casier on pourrait aller la récupérer que tu ne restes pas avec les cheveux mouillés toute la journée, propose-t-il gentiment.

Je lui ai rendu l'existence terrible et il est là à me proposer de l'aide... Ça me fait horreur.

- Pourquoi tu es comme ça ? Pourquoi tu es comme ça avec moi ? Je veux dire aussi gentil, précisai-je  en triturant mon criterium.

- Pour me venger, répond-il sans amorce aucune. Tu m'as pourri la vie pendant deux trimestres et j'ai la confirmation que tu es la seule et unique cause de mon lynchage, explique-t-il ce qui a le don de me piquer à vif. Regarde, depuis que tu n'es plus dans le groupe de Britt, on m'a totalement fichu la paix, en contre-partie tu te fais totalement détruire par tout le monde.

- Les choses sont on ne peut plus claires... Je suis vraiment une personne pas terrible, ajoutai-je de nouveau confrontée à la réalité, et ce n'est qu'aujourd'hui que je saisis enfin la portée de mes actes, murmurai-je pour moi même sentant l'amertume du regret se propager.

Tobias se lève et je le suis, on va à son casier et je découvre avec stupeur qu'il a subi le même sort que le mien, à la différence que les tags sur le sien commencent à s'effacer d'eux mêmes quand les miens ne font que se développer de jour en jour. Il me passe sa serviette et je m'essuie les cheveux.

- Comment ça se fait que tu aies deux ans d'écart avec nous ? questionnai-je en me disant qu'au point où j'en étais, il pouvait bien m'envoyer paître ça ne serait pas le pire événement de la journée.

- J'ai été dans une prison pour mineurs après avoir envoyé mon père à l'hosto, expliqua-t-il sans me regarder.

- Pourquoi ?

- Il battait ma mère depuis que j'étais gosse et comme elle se faisait entretenir, elle pouvait pas se permettre de porter plainte, donc c'est moi qui ai fini par réagir, conclut-il grimaçant.

Je le regardais, il était là à côté de moi, il avait vingt ans mais il avait déjà l'air émoussé par la vie. Comment pouvait-on en arriver là si jeune ? Nous avançâmes dans les couloirs vers la sortie, il avait frappé son père alors qu'il battait sa mère et c'était lui qui allait en prison ?

- Ta mère n'a pas avoué ? avançai-je ne voyant pas d'autre raison possible.

- Non, elle a juste dit que j'avais pété un câble. J'avais de la drogue dans ma chambre, ça a pas été bien dur de convaincre le juge que j'étais un de ces jeunes qui part en vrille, avoua-t-il avec dans la voix comme des remords.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant