Drowned

Chapitre 12: Partie 1

Bonne Lecture ~♡

Le décollage se fait, je me retiens jusque là, puis ça devient trop dur... Je détache ma ceinture, attrape mon sac et bouscule l'hôtesse en trottant jusqu'aux toilettes. Je tourne le loquet et m'assieds à même le sol.

Comment suis-je sensée tenir sept heures à côté de ces deux hommes ?!

J'expire, calme-toi, Scarlett... Je t'en prie. Un souffle tremblant passe mes lèvres, tout va bien. Ça s'annonçait clairement être une épreuve, mais là, Dieu me teste... Qu'est-ce que je suis sensée faire dans l'Ontario ?

Pourvu que ma tante ne soit pas aussi folle à lier que ce que les rumeurs disent... Je sens déjà l'ennui battre des records... La population doit y être vieillissante. Je souffle, quand bien même y aurait-il des jeunes, étant donné mes problèmes actuels, c'est moi qui risque de m'isoler...

Je reste quasiment deux heures dans les toilettes, mes écouteurs dans les oreilles, priant pour que toutes les personnes ayant frappé à la porte aient fini par abandonner l'idée de faire leurs besoins. Mais au bout d'un moment, après plusieurs coups insistants, je finis par me résigner et sortir de ma cachette.

Je ne me résous pas pour autant à retourner m'asseoir, il est clair que dans tous les cas, je n'arriverai jamais à fermer l'œil. J'erre donc dans les méandres de l'avion pendant une heure et la fatigue commence à me peser, plus que quatre heures essayai-je de me rassurer.

Une perspective peu attractive...

Je m'assieds de nouveau par terre et sors mon calepin de mon sac, j'écris tout ce qui me passe par l'esprit, du grognement qu'a poussé la dame qui est passée à côté de moi toute à l'heure en enjambant mes pieds, à la lucarne mal nettoyée face à moi, en passant par le gribouilli tout moche de ce à quoi Agatha (ma tante), devrait ressembler.

Finalement me vient une idée... Et si je faisais comme ces films que je regardais de temps à autre en streaming sur internet ? Une liste de ce qui serait cool de faire cet été ? Un sourire se dessine sur mon visage.

- M'intégrer

- Me faire des amis sans agiter mon porte-feuille sous leurs nez

- Boire de l'alcool

- Aller à une fête

- Me faire draguer par un gars bien

- Trouver mon orientation

- REGLER MON PROBLEME AVEC LES HOMMES

- Trouver un plan B pour le second mois de vacances

- Faire une vraie grosse bêtise (une de celles dont on se rappelle en rigolant)

J'arrive à la limite de mon imagination alors qu'il reste environ deux heures de voyage.

Alors que je me décide enfin à retourner à ma place,  je constate avec plaisir que le plus imposant des deux hommes a disparu et que l'autre est endormi...

Je saisis ma chance et profite de mon siège pendant deux heures. Avant qu'à l'atterrissage les deux soient de retour à eux mêmes.

Il est actuellement 20 heures à New York, soit 18 heures ici même... Je pose finalement les pieds à terre dans l'Ontario Airport. Après avoir patienté 15 minutes pour récupérer mes bagages, j'arrive dans le grand hall. Je sors mon portable de ma poche, maman m'a dit qu'elle lui a transmis mon numéro et qu'elle ne devrait pas tarder à me contacter...

Ma sonnerie finit par se faire entendre après quelques minutes d'attente.

- Allô ? demande une voix autoritaire à l'autre bout du fil.

- Oui ? répondis-je timidement.

- Je me trouve vers la sortie, j'ai un t-shirt rouge.

J'essaye de m'orienter dans la petite foule et aperçois un t-shirt rouge flamboyant.

Elle est là, du haut de quelque chose comme un mètre soixante cinq, un carré blond, des yeux noirs charbons, un air sévère tirant les traits de son visage. Ses deux bras sont croisés sur sa poitrine. Je me calme, réponds « je vous vois » et me rapproche d'elle en raccrochant.

- Bonjour, Agatha, se présenta-t-elle en serrant ma main d'une poignée forte.

- Scarlett Foster, répondis-je comme si elle eut pu se tromper.

- Ma voiture est dans le parking, dit-elle sans continuité...

Merde...

Je ne m'attendais pas forcément à une mamie gâteau, mais on dirait un tyran...

Je la suis, elle arrive vers une voiture tout aussi rouge que son t-shirt et m'ouvre le coffre en me faisant signe de tout mettre dedans... Je m'exécute tant bien que mal, ferme le coffre et vais sur le siège avant.

Elle allume la radio et aucun mot n'est échangé. La voiture démarre, l'intérieur est d'une propreté effrayante... Un seul accessoire détonne de l'environnement : une statuette de Barak Obama secouant la tête de gauche à droite.

Je tente de ne pas paniquer et me surprends à penser à un milliard de phrases d'accroches...

- Merci de m'accueillir chez vous, remerciai-je me disant que ça devait-être la phrase parfaite pour sembler sympathique et reconnaissante à la fois.

- C'est normal, répondit-elle coupant court à une éventuelle discussion.

Pas de panique, pas de... Si, je panique... Un mois avec elle ?! On m'avait pas parlé des choses comme ça ! En une dizaine de minutes, nous nous retrouvons devant une maison absolument parfaitement parfaite. Pas une mauvaise herbe ne dépasse, le gazon est sublimement bien entretenu et surtout, les vitres semblent briller tant elles sont transparentes.

- Prends ta valise, me lance-t-elle en ouvrant le coffre.

Je souffle un "oui" confus et la récupère avant de suivre Agatha dans la maison... Le quartier est magnifique, tout semble tellement plus espacé et tranquille qu'à New York ! Je rentre et alors même que je referme la porte derrière-moi, Agatha me fixe.

- Bon, pour commencer, quiconque met les pieds chez moi, doit obéir à mes règles.