Un jeune garde accorda à l'apothicaire un salut enjoué en le voyant levé et souriant de si bon matin. Ce dernier le lui rendit avec enthousiasme. Le jeune soldat semblait à peine adulte. Il avait des traits doux, un air attendrissant et un joli sourire. Ses cheveux de jais étaient dissimulés sous son casque d'acier, et sa tenue était de fer et de cuir, plutôt saillante. Elle ne cachait rien de sa musculature développée qu'elle mettait au contraire en valeur, et il avait à la taille un fourreau de cuir qui, au vu de sa taille, devait contenir une dague. La poignée de l'arme était faite dans un métal visiblement précieux et incrustée de pierres qui, elles, étaient d'une faible valeur mais d'une grande élégance. La forme du fourreau indiquait que l'arme était probablement à double tranchant avec, à son bout, un contre-tranchant dévastateur.
« Vous vous levez tous les jours aussi tôt ? s'enquit le garde avec une moue fatiguée. Moi si j'avais pu, je serais retourné dormir.
- Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, répliqua Hoseok avec malice.
- Allez dire ça au chef : le jour où il se lèvera avant midi, il faudra faire un banquet en son honneur.
- Tant qu'il gouverne bien la ville, le reste importe peu, ricana le jeune homme.
- Vous allez faire quoi dehors ? » demanda le garde, heureux d'avoir quelqu'un avec qui discuter.
Le matin, si tôt, il y avait en effet peu de monde à la ville : le marché ne commençait qu'en fin de matinée et les commerçants quant à eux ouvraient leur boutique à peu près au même moment. À cette heure, c'était uniquement les campagnes en périphérie qui étaient réveillées.
« On peut se tutoyer, répondit Hoseok, mais dis-moi, tu dois être nouveau, non ?
- Oui, acquiesça fièrement le jeune soldat. Aujourd'hui c'est mon tout premier service.
- Oh, félicitations...
- Jungkook, compléta le jeune homme.
- Eh bien félicitations Jungkook. Moi c'est Hoseok. Je vais chercher de quoi approvisionner mon magasin.
- Oh, tu es l'apothicaire non ? Ton prénom me revient...
- Exactement. J'ai une serre en dehors de la ville, dans la forêt.
- Je vois, eh bien dans ce cas passe une bonne journée, à bientôt.
- À bientôt. »
Le soldat lui sourit et se replaça au garde à vous une fois Hoseok parti. Ce dernier longea les champs en bordure des fortifications, avançant d'un pas tranquille. La petite campagne était une véritable mine d'or pour ceux qui aimaient la nature : le clapotis de l'eau du fleuve qui passait à une centaine de mètres était roi. Quelques oiseaux concurrençaient ce son doux et, bien évidemment, les bruits des bestiaux les accompagnaient : des bœufs, des moutons, etc. Ceux qui ne s'occupaient pas de leurs champs étaient aux étables et chacun travaillait dur pour s'assurer d'une année prospère.
Hoseok, lui, avançait d'un pas leste sur un large chemin. Deux profondes rigoles avaient été tracées de part de d'autre par les charrettes qui y passaient régulièrement, et il y avait au centre du chemin des traces de sabots. Le jeune apothicaire shootait dans les cailloux qui passaient à sa portée, soulevant par la même occasion un léger nuage de poussière qui se dissipait aussitôt.
Alors qu'il s'éloignait des campagnes, le chemin se réduisait et, derrière lui, la ville semblait enfin s'éloigner. La nature sauvage reprenait son terrain et déjà le sentier terreux laissait sa place à de l'herbe tendre. C'était une plaine sur laquelle s'étendait, à perte de vue, un tapis d'herbe plus verte encore que celle des pâturages. C'était la nature, la vraie.
Arrivé à la lisière de la forêt, il leva les yeux sur le ciel qui disparut rapidement, caché par la canopée formée par la multitude d'arbres sauvages au feuillage indompté. Peu de gens s'y aventuraient, si bien que les chemins encore praticables quelques années plus tôt avaient fini par disparaître, et chaque fois Hoseok bataillait pour réussir à s'en frayer. Il venait pourtant régulièrement, mais il n'empruntait jamais les mêmes chemins (ça lui donnait plus de chances de trouver de nouvelles plantes), de sorte que ce n'était pas ses rares passages qui allaient permettre aux chemins de retrouver leur largeur d'antan. Deux sentiers en revanche se démarquaient : un qui menaient à sa serre mais qu'il ne prenait pas souvent, et un autre qui ne s'enfonçait pas très profondément dans les bois mais qui avait l'avantage d'être large.
Il fallut près d'une heure au jeune apothicaire avant d'arriver devant une serre d'une trentaine de mètres carrés, perdue au fond d'un petit vallon. Une mare alimentée par un ruisseau se trouvait juste à côté, ce qui lui permettait l'irrigation de ses plantes. Sa serre était faite de verre, il l'entretenait énormément, c'était son bijou le plus précieux. Un tonneau se trouvait juste à côté, là où les gouttières menaient, afin de lui permettre de récolter l'eau de pluie pour éviter de trop puiser dans celle du petit bassin.
Il plongea sa clé de bronze dans le cadenas et put ouvrir le large verrou qui grinça de façon sinistre. Il tira la porte et la referma derrière lui une fois qu'il fut entré. Il y avait à l'intérieur trois larges tables qui ne laissaient que deux couloirs pour passer. Sur ces tables, Hoseok avait installé de gros bacs de bois garnis de terre dans laquelle poussaient différentes fleurs. Sous chaque meuble, il y avait plusieurs seaux remplis d'eau pure. Au fond de la pièce se trouvait une large armoire qui lui servait de réserve : il avait déjà eu plusieurs mésaventures en forêt, alors il avait préféré avoir son matériel près de lui en cas de blessure. Et puis il y rangeait également tous ses outils et un peu de nourriture.
Il arrosa ses plantes, vérifia leur état, et il passa sa matinée à s'en occuper sans voir le temps passer.
Heureusement chaque fois que ça arrivait, son assistant était là pour ouvrir son commerce et le gérer sa place.
Il décida donc qu'il profiterait de ce qui aurait dû être sa pause déjeuner pour aller se promener dans les collines les plus au nord. S'il prenait un peu d'altitude, il était sûr de trouver des espèces différentes de celles dont il avait l'habitude, et tel était son objectif.
Ainsi, alors que le soleil était à son zénith, Hoseok fit fi des températures et rajusta correctement sa faucille à sa ceinture. Il soupira, leva les yeux vers le ciel que le peu d'arbres autour de sa serre laissait voir, et un instant il resta figé.
Il avait un étrange pressentiment...
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Les créatures du Nord [Hopemin]
Fanfiction[Terminé] Humains et hybrides avaient toujours vécu en harmonie, les uns dans la vallée, les autres dans les montagnes du Nord. Pourtant, après de nombreuses années de tranquillité, des tensions avaient commencé à se former entre les peuples. C'étai...