Hoseok garda le silence, les yeux fermés, pendant un long moment durant lequel il ne lâcha pas une seule seconde le corps de Jimin qu'il serrait contre le sien. Il s'en était douté, que Jimin avait un lien particulier avec la prêtresse de sa horde, mais il n'avait pas voulu y croire quand il lui avait dit qu'elle était morte, il n'avait pas voulu croire que cette femme ait pu être sa mère.
Pourtant c'était le cas, et désormais Hoseok avait un petit hybride en larmes entre les bras. C'était donc pour ça qu'il semblait si fragile, qu'il se laissait par moments complètement submerger par les larmes et le chagrin.
« Hyung, tu l'aurais vue, sanglota Jimin avec des trémolos dans la voix, elle était si belle, si intelligente. Et quand elle communiquait avec les dieux, elle avait une aura étrange, elle semblait complètement ailleurs, comme si elle était une des leurs, et non pas une hybride mortelle. Et moi je faisais tout ce qu'elle faisait, quand j'étais petit, parce que je l'admirais. Mais les dieux ne me parlaient jamais, alors j'étais triste. Quand j'ai grandi, ça s'est su. Je cherchais pas à le cacher, je demandais toujours aux autres comment ils pouvaient être sûrs que les dieux existaient. Ils croyaient, tout simplement. Mais moi ça ne me suffisait pas.
« La horde a vu d'un très mauvais œil que ma mère me choisisse pour héritier, ils l'ont crue folle, ils ont cru à du favoritisme, mais elle leur a dit que sa vision avait été claire : seul celui qui ne voit pas pourra guérir le mal invisible. Je n'ai jamais compris, et elle ne m'a jamais expliqué. Je lui ai bien demandé des explications peu avant sa mort, mais elle n'a pas été plus claire. Les visions que les dieux lui envoyaient étaient parfois absconses.
- Dis-moi... Tu en as déjà parlé mais tu ne m'as jamais expliqué : c'est quoi le « mal invisible » ? »
Aucun doute possible, l'hybride s'était crispé à ces mots. Alors Hoseok, qui avait stoppé ses caresses dans son dos, les reprit avec douceur, tandis que de son autre main il tenait l'une des siennes et faisait dessus de petits cercles à l'aide de son pouce.
« Je suis désolé, s'excusa Jimin, mais je ne peux pas en dire plus.
- C'est pas grave, je m'en doutais un peu. »
Enfin consolé, comme si en parler à son ami l'avait libéré d'un poids considérable, Jimin poussa un soupir et serra entre ses doigts la main qui le tenait. De longues minutes passèrent pendant lesquelles Hoseok se contenta de se montrer affectueux envers ce petit être en deuil. Il savait à quel point cela pouvait être difficile à vivre : après tout, la mort de ses parents avait conduit Taehyung à avoir un besoin croissant de violence. Alors sur un garçon comme Jimin, l'effet devait également être des plus brutaux.
Il avait besoin de quelqu'un pour le consoler, pour lui promettre que demain serait un autre jour et que sa mère avait confiance en lui, alors lui aussi devait se faire confiance. En bref, il avait simplement besoin d'une présence pour le réconforter. Il était quelqu'un d'extrêmement affectueux, et il semblait être très proche de sa mère malgré leurs différences. Cette proximité perdue, Jimin l'avait visiblement remplacée par celle qu'il avait avec Hoseok. Tous ces échanges tendres qu'ils avaient, ce n'était rien de plus que le besoin d'amour que ressentait quelqu'un qui avait perdu un être cher.
De plus, Jimin lui avait révélé avoir quitté la horde juste après la mort de la prêtresse : tant qu'il n'y retournerait pas, il ne pourrait pas correctement faire son deuil. Sans doute même était-ce une des raisons pour lesquelles il ressentait tant de culpabilité.
Hoseok stoppa tout mouvement en entendant la profonde respiration de son ami : Jimin dormait.
Le lendemain matin lorsqu'il s'étira, Jimin fut surpris de sentir une présence contre lui, puis les souvenirs de la veille lui revinrent et, tandis que son sourire bienheureux laissait place à une moue mélancolique, il ouvrit les yeux sur cette nouvelle journée. Il voulut se lever silencieusement et quitter le lit de Hoseok qui l'avait lâché pendant son sommeil, mais ce fut sans compter sur ses chaînes qui émirent un bruit métallique désagréable dès lors. Il grimaça et il n'eut pas le temps de se lever que déjà l'apothicaire était réveillé.
D'un geste qui tenait du pur réflexe, Hoseok attrapa délicatement la tunique du petit hybride qui se retourna dans un soupir.
« Je voulais pas te réveiller, dit-il.
- Bonjour, se contenta de répondre son ami avec une mine fatiguée mais joyeuse.
- Salut. Bien dormi ?
- Oui, oui. Et toi ?
- Pareil. »
Hoseok tira avec douceur mais fermeté le vêtement de Jimin, l'incitant par là à revenir se blottir contre lui, ce que fit l'hybride sans hésiter très longtemps. Il avait toujours cet air triste et nostalgique sur le visage. Alors Hoseok passa les doigts sur sa joue, baladant son regard sur chaque parcelle de ce petit visage enfantin marqué par des tracas sombres et mystérieux.
Jimin le regardait le détailler, muet, perdu dans ses pensées. Il ferma les yeux pour se laisser tendrement bercer par toute la douceur dont faisait preuve son ami. Ce dernier ne pouvait pas quitter ses lèvres pulpeuses des yeux. Il avait une irrépressible envie d'y poser les siennes, simplement pour sentir leur douceur. Il voulait ignorer la nature exacte des sentiments qu'il avait pour Jimin : il l'aimait, il l'aimait énormément, mais il craignait que cet amour ne soit qu'une éphémère passion qui blesserait son cadet le jour où il ne la ressentirait plus. Hoseok voulait l'aimer, l'aimer comme un fou. Sans doute était-ce déjà le cas, il en avait conscience, mais il refusait de risquer de faire du mal à son petit Jimin adoré. Et pourtant... c'était si puissant...
Ce fut sans doute à cause de ces pensées qu'il trouvait délirantes qu'au terme de longues secondes, Hoseok s'avança pour simplement poser les lèvres sur celles du petit hybride qui se reposait paisiblement face à lui.
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Les créatures du Nord [Hopemin]
Fanfiction[Terminé] Humains et hybrides avaient toujours vécu en harmonie, les uns dans la vallée, les autres dans les montagnes du Nord. Pourtant, après de nombreuses années de tranquillité, des tensions avaient commencé à se former entre les peuples. C'étai...