Les créatures du Nord [Hopemin]

Chapitre 19

Hoseok resta silencieux à la révélation, se contentant de continuer les caresses qu'il avait entamées dans ses cheveux. De nature très curieuse, il avait de nombreuses questions à lui poser : pourquoi avoir quitté sa horde ? Voulait-il y retourner maintenant que trois semaines étaient passées ? Où comptait-il aller avant de rencontrer Hoseok ?

C'était là ses interrogations les plus grandes.

Mais il les garda pour lui, conscient que les poser serait probablement la pire des idées. Pour l'instant, il se contentait de le consoler. Jimin avait énormément souffert de ses blessures, mais il avait constamment retenu ses larmes. Il avait même continué de sourire malgré la douleur.

Ça signifiait sans aucun doute que ce qu'il lui dissimulait encore devait être vraiment grave pour qu'il se mette dans un tel état. Du moins, c'était probablement le cas.

« Jiminie, je suis là, moi. Tu peux rester dans ce vallon autant que tu veux. T'es pas simplement un hybride que j'ai sauvé, t'es devenu mon ami, et je laisse pas tomber mes amis, compris ?

- M-Merci hyung. Merci pour tout.

- Repose-toi, je reste avec toi.

- Et Taehyung ?

- Il attendra, c'est rien. Le connaissant il a déjà posé ses fesses sur le comptoir à la place de les mettre sur la chaise que je laisse seulement pour lui dans la boutique. J'ai fait exprès de laisser une chaise dans chaque pièce de mon magasin mais non, lui il préfère s'asseoir sur mon beau comptoir. Ce gamin ma fatigue parfois. »

Hoseok fut fier de lui lorsque Jimin laissa s'échapper de ses jolies lèvres pulpeuses un faible éclat de rire. Le jeune homme serra son cadet un peu plus fort, toujours agenouillé à ses côtés, et de nouveau il abandonna dans ses cheveux un baiser furtif destiné à apaiser ses maux. Il lui frottait toujours le dos avec tendresse et Jimin renifla une fois de plus de façon peu élégante.

« Tu devrais dormir, Jimin-ah.

- Non, s'il te plaît, reste...

- Alors essaie de dormir. »

Jimin resserra ses petits doigts sur la tunique de son aîné qu'il tenait fermement, il sembla hésiter.

« Je serai là à ton réveil, lui assura Hoseok.

- Mais ton apprenti, il...

- Si un jour il devient mon collègue, il faudra bien qu'il soit capable de travailler au moins une journée entière. Pour aujourd'hui je vais rester avec toi.

- C'est vrai ?

- Bien sûr. Par contre le ciel commence à se couvrir, je vais te porter à la serre. »

Après avoir laissé s'échouer un dernier baiser sur le front de son ami, Hoseok se redressa et mit son sac à son épaule pour l'apporter avec eux. Il posa ensuite un bras dans le dos du jeune hybride ainsi qu'un autre sous ses genoux pour le maintenir correctement. Il se releva non sans difficulté mais, une fois debout, il lui sembla que le jeune garçon n'était pas si lourd. Jimin enroula les bras autour de sa nuque de peur de tomber et Hoseok le mena jusqu'à la serre, faisant bien attention à ce que sa jambe ne touche pas la porte de verre. Lorsqu'il se baissa pour asseoir l'hybride, ce dernier resserra la prise autour de sa nuque.

« J'ai compris, » sourit-il amusé.

Il s'installa donc contre une des parois transparente, juste à côté de l'entrée, et se laissa glisser lentement sur le sol, veillant toujours à ce que le mollet du jeune garçon ne soit pas brusqué. Il s'assit donc avec douceur, Jimin toujours entre les bras. Le jeune hybride eut un frisson lorsque ses fesses se posèrent sur le sol et que, délicatement, Hoseok posait ses jambes de sorte à ce qu'elles soient bien installées. Elles étaient pliées par-dessus les jambes de l'aîné, ce dernier retira ensuite la main qu'il avait sous ses genoux pour l'enrouler autour des épaules du cadet et le tirer doucement tout contre lui.

Hoseok était donc assis contre le mur, les jambes tendues, et, installé perpendiculairement à lui, Jimin l'enlaçait au niveau de la taille, la tête posée contre son torse. Il poussa un soupir de bien-être en sentant que son ami reprenait ses caresses dans son dos, ses oreilles duveteuses en frémirent de bonheur.

Et finalement il ferma les yeux pour profiter de cette confortable position. La douleur de son cœur avait pratiquement réussi à effacer celle de sa jambe, tout ce qu'il voulait c'était dormir désormais. Pleurer l'avait particulièrement fatigué, de même que sa transformation et la douleur qui avait suivi.

Ses paupières s'étaient fermées seules, et alors qu'une dernière larme lui échappait, il sentit la main douce de l'apothicaire passer sur sa pommette pour la lui effacer avec tendresse. Il suffit de quelques minutes de plus au petit loup pour s'endormir.

La prêtresse s'avança d'un pas décidé vers l'eau cristalline. Autour d'elle, tout ce qu'on pouvait entendre, c'était l'écho de ses pas sur la roche ainsi que le bruit apaisant de l'eau qui dégoulinait le long de la pierre jusque dans un bassin naturel creusé dans le roc. Tout avait été formé dans la pierre par les siècles pour former cette source à l'aspect irréel. Elle était belle, chaque forme était délicate, comme si une entité supérieure l'avait elle-même sculptée.

La femme avait les yeux fixés sur l'eau, sur son destin. Alors elle s'agenouilla juste au bord et se pencha légèrement pour passer les doigts sur la surface plane de l'onde. Aussitôt naquirent de minuscules ronds aqueux qui s'élargirent comme pour la fuir. Les petites vaguelettes suivaient le mouvement de sa main, un geste doux qui avait pour but d'apaiser les divinités avant le rituel.

Elle ferma les yeux, prenant une profonde respiration. Sa queue de louve retomba sur le sol et elle se détendit avant de lever les yeux vers la lumière qui filtrait à travers le sommet de la large caverne.

Derrière elle, tous l'observaient faire en silence, priant intérieurement pour elle et pour son salut.

« Jimin arrête ! »

Un jeune garçon tenta de fendre la foule, bien vite stoppé par un autre qui venait de hurler et le maintenait désormais avec force pour l'empêcher de déranger les rites.

« Ne fais pas ça ! hurla le petit hybride d'une voix meurtrie par la peine. Je t'en prie arrête ! Par pitié ! »

Les larmes se mirent subitement à abonder sur ses joues alors qu'on lui interdisait de franchir les mètres qui le séparaient de la prêtresse. Il fallait qu'elle soit concentrée, et si Jimin venait hurler, ça risquait de contrarier les dieux.

Trop faible pour repousser les deux personnes qui le retenaient, le petit hybride eut brutalement la sensation de perdre jusqu'à sa dernière miette de force, il ne retint plus ses sanglots bruyants qui accompagnaient ses larmes. La prêtresse ne lui accorda pas même un regard.

« Par pitié, arrête, » souffla-t-il en fermant les yeux, incapable de regarder le rituel, tandis que son corps se crispait sous l'effet de la peine.