Les créatures du Nord [Hopemin]

Chapitre 45

Jimin ouvrit les yeux en milieu de matinée. Il décida de rester couché encore un peu à se complaire agréablement sur la couverture duveteuse, et après de longues minutes passées entre rêve et réalité, il s'étira autant que ses chaînes le lui permettaient et s'assit. Le soleil avait largement pointé le bout de son nez, il s'infiltrait même par la fenêtre jusqu'aux pieds nus du jeune garçon. Jimin en effet, puisqu'il n'avait pas l'habitude de porter des chausses, préférait rester ainsi. C'était peu confortable lorsqu'il marchait dehors, mais il se refusait à se couvrir les pieds.

Il ferma les yeux et se frotta les paupières avant de bâiller et de se redresser. Il marcha jusqu'à la fenêtre, faisant rouler son boulet derrière lui, et il observa l'extérieur un long moment à travers le verre. Les dames, joliment parées, allaient au marché, parfois accompagnées de leur bonne ou bien de leurs enfants tout aussi soigneusement vêtus. Les marchands vantaient d'une voix tonitruante leurs articles et parfois, Jimin voyait passer un ou deux veilleurs qui s'assuraient du bon déroulement de la journée. Élégantes calèches ou simples charrues, plusieurs véhicules passèrent sous ses yeux, tirés par des chevaux aux muscles développés par tous les trajets déjà effectués.

Ainsi, la ville avait beau avoir tout d'un joli bazar bruyant, elle était pourtant calme. La regarder avait quelque chose de fascinant pour Jimin qui s'était toujours demandé comment les humains vivaient. C'était très différent de la horde, il trouvait ça extrêmement intéressant. De nature curieuse, l'hybride laissa ses yeux vagabonder tantôt sur une élégante maisonnette aux murs de pierre et au toit de chaume, tantôt sur un enfant qui passait en tendant son index vers une marchandise, demandant sans aucun doute à sa mère de la lui acheter.

Il regarda les humains s'échanger de petits écus dorés ; sa mère lui avait jadis expliqué que ça servait à faire des échanges et que plus ce que l'on souhaitait était rare, plus il fallait donner de pièces. Ces pièces, on les échangeait ensuite de nouveau, et c'était ainsi qu'elles circulaient entre les hommes.

Jimin n'avait pas vraiment compris en quoi quiconque pouvait bien avoir envie de gagner de petits disques de métal (ça devait avoir un goût horrible), mais il n'avait pas répliqué. Chacun sa culture, après tout.

« Coucou Jimin ! »

L'hybride ne sursauta pas, de même il ne fut pas surpris de l'étreinte qu'il reçut lorsque Taehyung, le torse collé à son dos, enroula les bras autour de sa taille et posa le menton sur son épaule. Jimin l'avait senti arriver quelques instants plus tôt. Il eut à peine le temps de tourner la tête, en revanche, que Taehyung déposa un bisou sur sa joue. Surpris cette fois-ci, le jeune garçon entrouvrit les lèvres sans pour autant laisser un seul son passer. Il ne savait pas quoi dire.

« T'es trop mignon, rigola le futur apothicaire.

- Et toi t'es très tactile...

- Ça t'ennuie ? Je suis désolé. »

Taehyung s'écarta.

« C'est rien, dit Jimin, Hoseok est un peu pareil. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas venir cet après-midi ?

- Je voulais passer un peu de temps avec toi, apprendre à te connaître. Tu sais... pour être honnête, quand Hoseok m'a dit que t'étais un hybride, j'étais vraiment agacé qu'il prenne des risques pour toi, je l'en ai même blâmé et j'ai dit des choses pas franchement très sympa au sujet de ton peuple alors même que je ne vous connaissais pas. Aujourd'hui je me rends compte que celui qui a eu tort, c'était pas lui, mais moi. T'as l'air d'être vraiment quelqu'un de bien. »

Jimin eut un sourire attendri à ces mots : il savait ce que les humains pensaient désormais des hybrides, il avait largement assez entendus d'horreurs à son sujet quand il était dans sa geôle pour en avoir conscience. De fait, apprendre que Taehyung l'avait immédiatement jugé comme tous les autres ne lui faisait strictement ni chaud ni froid. C'était comme un troupeau finalement : quand l'un faisait quelque chose, tous les autres suivaient naïvement, qu'il ait raison ou tort.

Néanmoins, entendre qu'il s'excusait et qu'il avouait avoir parlé sans réfléchir, ça le fit sourire.

« T'es tout pardonné, dit-il, et je te remercie d'avoir été honnête.

- Hoseok avait raison, t'es trop adorable ! Tu voudrais pas devenir ma peluche ? »

Le petit hybride étouffa un rire tendre et se tourna de sorte à faire face à Taehyung.

« Dis, reprit Jimin, Hoseok m'a dit que tu pourras m'aider à apprendre à créer des remèdes, tu voudras bien ?

- Oui bien sûr, ça t'aidera à passer le temps plutôt que de t'ennuyer à regarder par la fenêtre sans pouvoir sortir.

- J'aime regarder par la fenêtre, dit-il en retournant à sa contemplation, comme ça j'ai l'impression d'être proche des humains sans qu'ils ne puissent me faire de mal ou me regarder de travers. Ils vivent leur vie et je les observe, j'essaie de comprendre ce qu'ils font et pourquoi ils le font. C'est vraiment fascinant je trouve.

- Je... je te pensais pas aussi réfléchi, admit Taehyung en venant se placer à la fenêtre lui aussi.

- Parce que je suis un hybride ?

- Non, parce que tu as l'air naïf. Ce n'est pas une insulte, je veux juste dire qu'on te croirait enfantin, qu'on dirait que tu n'as jamais connu autre chose que le pur bonheur, comme si rien n'était capable de te faire souffrir. »

Jimin, à ces mots, se rembrunit et baissa les yeux sur les pavés de pierre de la rue. Si seulement il pouvait être ainsi, toujours heureux. Si seulement il avait pu connaître une vie sans difficultés et sans nuages comme c'était le cas d'autres loups de sa horde... Si seulement la vie pouvait être simple, alors il ne se sentirait pas obligé de sourire dans l'espoir vain que la vie le lui rende.

Il poussa un soupir et, dans un murmure à peine perceptible, il dit d'une voix douloureuse :

« Ce serait faire erreur que de croire de telles absurdités. »

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C'était obligé que je poste pour l'anniversaire de Jin. ^^

Prochain chapitre demain <3

Je voulais partager ma joie avec vous : j'ai eu 15 et 17 à mes partiels de littérature comparée, alors que contrairement aux lettres modernes, nous en sciences de l'antiquité on n'a pas fait de littérature comparée en licence. Je suis trop fière !