En raccompagnant Taehyung, Hoseok en profita pour aller chercher la charrette qu'il prenait toujours pour accompagner Jimin à l'extérieur de la ville. L'hybride en effet avait beau être désormais libre de ses mouvements, même sous une cape ses oreilles et sa queue ne passaient pas inaperçu.
Ainsi Hoseok, une fois revenu à sa boutique, chargea sa charrette comme à l'accoutumée et, une fois la nuit bien avancée, lorsqu'il eut terminé, il monta demander à Jimin de grimper dedans. L'hybride le suivit jusqu'à l'extérieur, ils s'assurèrent que la rue était déserte et finalement le jeune loup se dissimula sous les couvertures.
« Et c'est parti, » souffla Hoseok en soulevant les brancards.
Il ne put pas le voir, mais une expression de bonheur sincère se peignit sur le visage de Jimin qui se sentait plus heureux que jamais. Tout se concrétisait : il allait pouvoir fuir, il allait rentrer chez lui et revoir les siens. Peut-être pourrait-il enfin faire son deuil correctement et passer à autre chose. Les hybrides subissaient-ils encore le mal invisible ? Il n'en avait aucune idée, il espérait que non ; la horde ne méritait pas ça.
Le cœur battant, il suppliait silencieusement son amant de faire vite, de marcher plus vite, de le faire sortir de là avant qu'ils ne soient découverts. Cette nuit plus que jamais, il ne fallait pas que les veilleurs se posent la moindre question à propos de ce que Hoseok transportait dans sa petite charrette.
L'apothicaire traversa la ville jusqu'à la porte nord. Celle-ci était gardée par un jeune soldat bien connu de Hoseok qui lui adressa un salut en passant. Jungkook, le regard vif, le lui rendit et vint à sa hauteur, un sourire aux lèvres.
« Bonsoir Hoseok, où est-ce que tu vas à cette heure ? demanda-t-il avec entrain – car il était heureux de pouvoir enfin rendre sa garde moins morose.
- Voir un patient, indiqua-t-il, c'est un paysan alors il ne peut pas venir me voir en journée, et il préfère que ce soit moi qui me déplace.
- Oh, avec les autres on se demandait bien ce que tu pouvais faire, sourit-il. Mais ça fait bien deux semaines que t'es pas sorti, non ?
- Effectivement, approuva Hoseok, parce qu'il est bientôt guéri. D'ailleurs, je pense que ça sera mon dernier aller-retour ce soir et ce n'est pas plus mal : j'ai besoin de sommeil, moi.
- Je ne te le fais pas dire, soupira Jungkook, on a beau pouvoir dormir en journée, les gardes de nuits sont épuisantes : devoir attendre alors qu'il n'y a pas une personne et pas un bruit, c'est abrutissant. Tout ce que j'ai envie de faire, c'est me rendormir.
- Bonne chance alors, je dois y aller moi.
- Passe une bonne nuit, hyung !
- Toi aussi mon petit Jungkookie ! »
Il l'aimait bien, ce gosse, finalement : si Jungkook se montrait hostile avec Jimin, c'était simplement parce que depuis qu'il était tout enfant on lui répétait que les hybrides étaient des créatures viles et dont il fallait se méfier. Le jeune garçon en effet devait avoir à peine sept ou huit ans lorsqu'avait eu lieu la grande sécheresse, et c'était depuis cette époque que les humain avaient commencé à développer de la haine vis-à-vis des créatures du nord. Alors bien sûr, Jungkook avait grandi en entendant qu'il fallait se méfier des hybrides, et sans aucun doute avait-il même déjà entendu d'atroces rumeurs à leur sujet.
Mais à part son mépris irréfléchi des hybrides, ce jeune garde n'avait absolument rien qui le rendait mauvais aux yeux de Hoseok. C'était quelqu'un de gentil et de dévoué, courageux mais peu sûr de lui.
L'apothicaire donc poursuivit sa route à travers champs et, une fois certain qu'il n'y avait plus personne aux alentours, il indiqua à Jimin qu'il pouvait parler.
« Alors comme ça tu l'appelles « Jungkookie » ? dit donc l'hybride d'un ton réprobateur en sortant son petit minois de la couverture. T'as cru que t'étais célibataire, c'est bon ? Non mais quel culot, j'te jure...
- Oh, alors comme ça tu es un petit hybride jaloux ?
- Oui, très, mais seulement parce que je sais qu'on ne va pas se voir pendant plusieurs jours.
- Dans cinq jours je commencerai à retourner à ma serre un peu tous les matins, tu viendras ?
- Tu sais bien que oui. À la simple idée de passer cinq jours sans toi j'ai l'impression que tu me manques déjà alors qu'on est toujours ensemble...
- Et on le sera toujours, lui promit Hoseok avec un sourire béat. Je t'aime, Jimin, c'est vraiment fort, je le ressens jusque dans la moindre fibre de mon être. Je veux rester avec toi le plus longtemps possible et te montrer, jour après jour, que t'as eu raison de me choisir.
- Beaucoup trop niais, mais j'aime bien, » sourit l'hybride.
Hoseok leva les yeux au ciel dans un soupir exagéré et continua à avancer sans rien trouver à répliquer. Jimin était décidément un hybride à croquer mais qu'il valait mieux ne pas taquiner sous peine d'avoir affaire à sa langue bien pendue.
Alors que la lune était au plus haut, pleine et superbe, Jimin ne pouvait en détacher son regard. Il avait envie de se changer en loup et d'hurler dans l'espoir que les siens l'entendent et lui répondent, que l'écho de leur voix lui parvienne. Il resta donc sous sa forme semi-humaine, il devait garder un absolu silence jusqu'à être certain d'être loin des oreilles des veilleurs. Mieux valait ne pas tenter son instinct animal.
Jimin observait le paysage nocturne passer sous ses yeux, défiler lentement. Fatigué, il sentit ses paupières battre et tenter de se fermer peu à peu : désormais que l'adrénaline accumulée toute la journée s'évacuait, le sommeil commençait à le gagner. Il avait tant stressé, il s'était posé tant de questions... et désormais il était dehors, libre d'ici quelques minutes. Il n'avait plus rien à craindre, Hoseok le protégeait et continuerait à le protéger des humains qui lui voulaient du mal.
Bercé par les lentes secousses de la charrette, Jimin finit par s'endormir sous les couvertures qui le couvraient face au froid automnal.
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Les créatures du Nord [Hopemin]
Fanfiction[Terminé] Humains et hybrides avaient toujours vécu en harmonie, les uns dans la vallée, les autres dans les montagnes du Nord. Pourtant, après de nombreuses années de tranquillité, des tensions avaient commencé à se former entre les peuples. C'étai...