Les créatures du Nord [Hopemin]

Chapitre 67

Le jeune apprenti lui rendit son sourire.

« Oui, c'est évident, acquiesça-t-il, et tu comptes le lui dire ?

- Je pense pas. C'est pas une bonne idée : on vient de deux mondes opposés, et puis je ne veux pas qu'il me regarde différemment après cet aveu. Ça risquerait de nous mettre tous les deux mal à l'aise. Et ça, ça rendrait la situation encore plus compliquée.

- Dans tous les cas, il faut que tu fasses quelque chose, ça ne peut pas continuer comme ça. Ça fait à peine un mois qu'il est ici et il est supposé y rester cinq ans. Dans deux semaines je te parie qu'on le ramassera à la petite cuillère si ça continue comme ça. Vous êtes proches, vraiment proches, et je suis sûr que ça le rassure. Alors peut-être que si vous étiez plus proches encore...

- Tae, je vais pas demander à Jimin de se mettre en couple avec moi simplement pour qu'il aille mieux.

- C'est pas ce que j'ai dit. Mais propose-lui. Si vous en avez envie tous les deux, ça pourrait être cool. Ou alors je sais pas, moi, touche-le comme lorsqu'il avait bu le « soju », ça le détendra un peu. Pauvre garçon, un petit orgasme ça lui fera pas de mal.

- Tu me désespères Taehyung...

- Mais tu verras, je suis de très bon conseil quand il s'agit des relations des autres. Allez, va le voir, je gère la boutique. »

Hoseok finit par baisser les bras et obéir, laissant son assistant terminer de ranger les quelques onguents qu'il avait préparé peu de temps avant. Il grimpa les marches d'un pas leste pour découvrir que Jimin était, comme à l'accoutumée, assis en tailleur devant la fenêtre, les yeux levés sur le ciel qu'il voyait à travers.

« Tu aimerais sortir, hein ? soupira-t-il en s'approchant.

- Bien sûr, souffla Jimin d'un ton peiné. J'ai toujours été libre, j'ai toujours vécu dans la nature, à pouvoir me promener dans les montagnes du Nord et les collines environnantes. Je ne supporte plus de rester enfermé ici. Taehyung et toi, je vous adore, mais... plus le temps passe et moins je me sens à l'aise. Je voudrais partir... »

Cette dernière phrase, à double sens, fit frissonner Hoseok. Au vu de la façon dont Jimin se laissait lentement mourir, c'était évident que d'une manière ou d'une autre, il ne tarderait pas à quitter cet endroit. Alors l'apothicaire s'agenouilla derrière le jeune garçon qui n'eut aucune réaction. Il posa les mains sur ses épaules et le fit lentement basculer en arrière, de sorte qu'il se trouve allongé, le buste sur les genoux de son aîné.

Alors Hoseok, comme il aimait tant à le faire, glissa une main dans les cheveux de Jimin qui, fatigué, se laissa faire sans broncher. L'hybride ferma les yeux et expira longuement. Il se sentait plutôt bien, dans ce genre de moments, lorsque Hoseok et lui étaient si proches que tout ce qu'il y avait autour semblait disparaître, peu importait qu'il soit enfermé ou non.

« Hyung, pourquoi tous les humains ne sont pas comme toi ?

- Je te l'ai déjà dit, réfléchir les fatigue, répondit Hoseok avec une pointe d'humour dans la voix.

- C'est probablement vrai, rit Jimin.

- Dis-moi Jiminie... est-ce que... enfin, tu m'aimes bien, hein ?

- Oui, tu es un hyung juste et gentil. »

Hoseok acquiesça lentement : il aurait bien aimé entendre autre chose, pourtant il aurait dû s'en douter que ses sentiments ne pouvaient pas être partagés. Mais... d'un autre côté, il ne lui avait pas non plus dit qu'il ne l'aimait pas.

Oh et puis merde, le meilleur moyen d'être fixé, c'était quand même d'y aller franchement :

« Dis, Jimin... je t'aime vraiment, vraiment beaucoup et... je voulais savoir si c'était réciproque. »

Jimin ouvrit des yeux étonnés et les planta dans ceux de son aîné.

« Comment ça ? lui demanda-t-il. Je suis pas sûr de comprendre.

- Je t'aime, Jimin. Je... le jour où on s'est embrassés, c'était vraiment particulier. J'ai beaucoup aimé, j'ai ressenti beaucoup de choses, c'était incroyable. Mais je ne veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous, tu sais.

- Ah bon ?

- Oui, je veux pas que tu me regardes différemment, que ça te gêne, ou bien que...

- Mais hyung, moi aussi je t'aime... »

Il fallut un instant à Hoseok pour comprendre réellement ce que venait de lui avouer son cadet. Il cligna des yeux d'un air hébété avant de les baisser sur le visage du petit hybride toujours allongé sur ses cuisses.

« C-c'est vrai ? bégaya-t-il.

- Oui, affirma Jimin avec douceur. Je ne sais pas encore si c'est le grand amour, mais je suis vraiment bien avec toi et je suis heureux. Enfin... je suis un peu moins malheureux, plutôt... »

Ces mots serrèrent le cœur de celui qui l'aimait, et ce dernier posa les paumes sur les tempes du petit hybride avant de pencher la tête pour lui voler un chaste baiser. Jimin y répondit avec douceur, appuyant un peu plus ce tendre contact qui s'éternisa sans pour autant s'approfondir. C'était déjà si bon pour eux de pouvoir ressentir l'amour de l'autre à travers leurs lèvres collées qu'ils ne songèrent pas un instant à aller plus loin – d'autant plus que Hoseok gardait de Jimin l'image d'un être d'une pureté absolue, et même l'embrasser fougueusement revenait à commettre un crime à ses yeux.

« J'aime quand tu m'embrasses, lui confia Jimin une fois leurs lèvres séparées.

- Dans ce cas je ne me priverai pas de t'embrasser encore et encore ! » ricana Hoseok qui se redressait, toujours à genoux, pour continuer ses caresses dans les cheveux de son bien-aimé.

Aucun des deux n'avait envie de discuter de leur situation, de ce qu'ils pouvaient désormais bien être l'un pour l'autre. Ils voulaient simplement profiter de ce sentiment tendre qu'ils partageaient. C'était finalement là le plus agréable dans leur relation : il n'y avait rien de compliqué, tout leur venait naturellement. C'était comme si, malgré leurs différences, ils se comprenaient et se complétaient parfaitement.

« Jiminie... je crois que j'ai une idée, reprit Hoseok d'une voix mystérieuse.

- C'est normal que ça me fasse flipper tout à coup ?

- Oui un peu, lui concéda-t-il.

- Et c'est quoi ton idée ?

- Demain soir, quand la ville sera endormie, toi et moi on ira se promener dans la forêt. »