Les créatures du Nord [Hopemin]

Chapitre 110

Hoseok se rhabilla après avoir eu un mal fou à se relever – il était épuisé – et il en profita pour en faire de même pour Jimin qui, l'air pleinement satisfait, semblait sur le point de s'endormir. Il passa un peu d'eau froide sur son ventre pour en retirer sa semence, le vêtit de ses braies et de sa tunique puis en profita pour embrasser la moindre parcelle de son corps. Jimin, chatouilleux qu'il était, sortit de son endormissement et adressa un immense sourire à son aîné.

« C'était incroyable, lui dit-il. Hoseok-ah, j'ai adoré !

- J'en suis heureux, sourit l'autre en venant s'allonger auprès de lui, moi aussi j'ai vraiment adoré.

- Je pourrai te faire l'amour la prochaine fois ? demanda Jimin en venant se blottir, recroquevillé, contre lui.

- Si tu veux, je laisserai des préservatifs dans l'armoire de ma serre, rigola Hoseok en bisoutant sa chevelure.

- Alors on se retrouvera dans cinq jours ?

- Oui, dans cinq jours. Ça va arriver vite. Et ensuite on pourra se voir régulièrement. Je préfère attendre un peu, histoire d'être sûr que personne ne se doutera de quoi que ce soit. »

Son amant ne lui répondit pas : une fois l'effervescence de l'acte passé, son corps couvert d'un voile de transpiration s'était mis à grelotter, si bien que désormais ce qui se trouvait recroquevillé contre Hoseok, c'était un loup de taille adulte. Le jeune garçon lui caressa la tête durant de longues secondes puis l'enlaça avant de se redresser.

« Je vais y aller et demain je ferai croire à ta disparition. »

Le loup hocha la tête et songea que lui, il devait aller présenter ses excuses à sa horde. Il n'aurait pas dû fuir ses responsabilités, il devait faire ce qu'il pouvait pour les aider. Avec les connaissances que Hoseok lui avait transmises il allait peut-être enfin pouvoir soigner le mal invisible auquel les siens étaient en proie.

Il rendrait sa mère si fière, elle qui le voyait peut-être de là où elle se trouvait désormais.

Jimin se posta devant son compagnon et frotta la tête contre sa cuisse en signe d'amour et d'au revoir. Attendri par ce geste simple, Hoseok s'accroupit et enroula ses bras autour de son cou avant de poser un tout petit bisou, du bout des lèvres, au niveau de sa nuque. Le contact ne fut pas très agréable mais ça demeurait quelque chose de doux, si bien que Hoseok ne se posa pas plus de questions. Il flatta un instant la fourrure argentée du superbe animal puis le relâcha mais, alors qu'il voulait se relever, le loup donna un coup de patte sur son torse pour lui faire perdre l'équilibre. L'œil espiègle, il s'amusa de voir Hoseok tomber maladroitement sur les fesses, et aussitôt il plaqua ses pattes avant sur son pectoral pour lui intimer de rester coucher.

Hoseok, l'air amusé, le dévisageait. Chaque fois que Jimin était sous sa forme de loup, leur relation amoureuse semblait s'effacer au profit d'une simple mais puissante amitié. Ils jouaient, sans plus. Le loup approcha la tête de celle de son compagnon et, dans une marque d'affection qui tira une grimace de dégoût à Hoseok, il lui lécha la joue pour remonter jusqu'à sa tempe.

« Jimin-ah ! se plaignit l'apothicaire avec une moue volontairement adorable. Ça ne me dérange pas que tu me montres ton affection, mais là ça fait trop d'un coup ! »

Le loup pencha la tête de côté ; intérieurement, il était mort de rire de voir la gêne que ressentait le pauvre Hoseok face à cette salive qu'il avait généreusement étalée sur son visage – il adorait le taquiner avec ça. Et puis... il trouvait ça terriblement adorable que, même si Hoseok détestait qu'il le lèche, il ne dise jamais rien parce qu'il savait que c'était sa façon, sous forme de loup, de lui témoigner son affection débordante. Ça faisait complètement fondre son petit cœur d'hybride.

Il s'allongea donc sur le corps toujours étendu de son amant qui lui caressa la tête, passant sur ses oreilles pour le détendre comme à l'accoutumée. Jimin était un garçon extrêmement affectueux, extrêmement doux et qui avait besoin de ce genre de petites attentions pour se sentir aussi comblé qu'épanoui.

Par chance, Hoseok se trouvait être aussi câlin que lui, il avait ce besoin presque vital d'avoir des contacts, pas forcément amoureux. Ainsi, ils demeurèrent de longues minutes l'un contre l'autre. Jimin s'amusait à lui caresser les joues, conscient que c'était pour Hoseok une sensation nouvelle qu'il pose les pattes sur son visage. L'apothicaire les avait enveloppées de ses mains et les caressait, complètement confiant.

Après tout, n'importe qui aurait pu craindre que le loup ne sorte ses griffes, mais Hoseok non. Il savait que le Jimin canidé était aussi réfléchi que le Jimin semi-humain. Il n'avait absolument rien à craindre, jamais il ne lui ferait de mal.

« J'arrive toujours pas à m'habituer à ta forme de loup, lui avoua-t-il en détaillant avec intérêt son visage animal. Je t'imagine pas sans ta queue et tes oreilles, mais là, avec tout ça... Bon par contre, je t'accorde que ta petite truffe est beaucoup trop mignonne, mais ça fait bizarre quand même.

- Et là c'est mieux ? s'enquit l'hybride redevenu à moitié humain.

- Disons que si je veux t'embrasser, il est hors de question que je le fasse quand t'es un loup.

- Moi ça me va, tant que je peux toujours t'embrasser sous cette forme-là... »

Et Jimin n'attendit pas un instant de plus pour prendre le visage de son aîné en coupe et l'embrasser amoureusement, allongé sur lui, les jambes de part et d'autre de son bassin. S'il n'avait pas été épuisé par ce qu'ils venaient de faire il lui aurait bien fait l'amour dès maintenant, or ça semblait désormais à oublier : il pourrait s'endormir d'un moment à l'autre, un second round était inenvisageable.

« Mon Jiminie, souffla Hoseok en s'écartant de ses lèvres pleines qu'il adulait, je vais devoir y aller et toi aussi.

- Même si c'est que cinq jours, tu vas quand même un peu me manquer, tu sais...

- Un peu ? releva Hoseok d'un air vexé.

- Eh, on parle de cinq jours, tu crois pas non plus que je vais pleurer.

- Si, et toutes les larmes de ton corps, pour me montrer à quel point t'es bouleversé à l'idée que pendant cinq jours tu ne m'auras pas à tes côtés. »

Jimin lui lança un regard dubitatif malgré un sourire en coin avant de se placer en position assise et de hausser les épaules :

« Bon, dit-il, un dernier câlin et je file, j'ai du pain sur la planche, ça va être difficile de me faire pardonner, en plus je vais revenir avec l'odeur d'un humain, ils vont tout de suite savoir qu'on a couché ensemble. Ça va pas être facile à expliquer, crois-moi. »

Et, comme promis, après une dernière étreinte aussi chaleureuse qu'agréable, chacun repartit de son côté, souhaitant silencieusement bonne chance à l'autre pour ce qui l'attendait.