Après une heure de marche, Hoseok se stoppa et se laissa tomber sur un rocher, épuisé : la forêt avait beau être dense au point que le soleil n'y passait pas, il faisait malgré tout atrocement chaud. Le jeune garçon était couvert de sueur et tout ce qu'il avait trouvé entre temps, c'était un joli caillou qui avait la forme d'un cœur.
Bon, en bref, il n'avait rien trouvé.
Haletant, il planta la tête entre ses mains et ferma les yeux, cherchant à retrouver une respiration normale. Ses mollets étaient en feu – car il avait surtout fait de la montée – et il n'avait qu'une hâte : rentrer chez lui. Il avait sa gourde accrochée à sa ceinture, mais il songea qu'elle lui serait probablement un peu plus utile plus tard, alors il ne but qu'une gorgée, prévoyant de quoi tenir pour le chemin du retour.
Il souffla, passa une main sur son front, prit une grande goulée d'air, et il fit demi-tour sans plus attendre. Hoseok en effet savait que s'il s'arrêtait complètement, il n'aurait plus le courage de repartir, même si c'était uniquement pour de la descente. Plongé dans ses pensées, il en fut brusquement tiré :
« Je vous en prie, à l'aide ! »
Le jeune homme s'immobilisa immédiatement à ces mots. Il tendit l'oreille, pas très sûr d'avoir entendu une vraie voix ou une simple hallucination.
« Aidez-moi ! Par pitié ! »
Cette fois-ci Hoseok en était sûr : un adolescent avait besoin d'aide, ce n'était pas un rêve. La voix était masculine mais trahissait la jeunesse de son propriétaire. Par ailleurs, elle trahissait également sa détresse : le ton était proche du désespoir, on aurait dit qu'il allait se mettre à pleurer. La forêt taisait tout écho et l'apothicaire n'eut aucun doute quant au chemin à emprunter : la voix provenait de quelque part à l'est. Le vent allait en sens inverse, il était sûr que c'était par là qu'il devait aller, car c'était la brise qui avait porté cet appel désespéré. Heureusement, d'ailleurs, car à peine quelques minutes plus tôt, le vent allait en sens contraire et aurait tu ces cris.
La voix était basse, c'était notamment pour ça que Hoseok avait cru à une hallucination due au vent ou bien aux autres bruits de la forêt. Et malgré la fatigue, le jeune homme était en ce moment même en train de s'époumoner pour rejoindre la voix qui continuait d'appeler à l'aide. Secouru par sa faucille aiguisée chaque fois qu'un épais buis lui barrait le chemin, Hoseok n'avait jamais été aussi rapide pour franchir les bois.
« J'arrive ! lança-t-il tandis qu'il se rapprochait. Continuez de crier que je puisse savoir où vous êtes !
- Je ne suis plus très loin ! Continuez dans cette direction vous vous rapprochez ! »
L'apothicaire reprit sa route, concentré non pas sur les mots prononcés mais sur l'endroit d'où ils venaient. Les oiseaux s'étaient tus, effrayés par le vacarme provoqué par le jeune homme, et seul le bruit de la faucille s'abattant sur les obstacles était perceptible.
Hoseok arriva dans une haute forêt de pins, plus immense que les sous-bois environnants. Les arbres épars laissaient bien plus de place pour marcher, si bien que pendant qu'il continuait sa route, il rangea sa faucille à sa ceinture. Il jeta des regards autour de lui, convaincu que c'était ici qu'il trouverait celui qui avait besoin d'aide.
L'endroit était calme, Hoseok se figea et tendit l'oreille dans l'espoir de percevoir la voix du garçon en détresse. Il avait parcouru à peine plus d'une centaine de mètres depuis le premier cri entendu, et il était certain qu'il venait d'ici.
« Eh oh ! appela donc le jeune homme. Où êtes-vous ? »
Il tendit l'oreille tout en faisant quelques pas dans une direction au hasard. Il ne savait pas par où aller et l'inconnu était devenu muet. Le bruit de l'herbe sèche et des branches sous ses chausses était tout ce qui lui répondait.
« S'il vous plaît... »
Cette voix n'était plus qu'une supplication portée par le vent. Aussitôt Hoseok sut qu'il était pratiquement arrivé : la voix était basse, jamais il ne l'aurait entendu s'il n'était pas à quelques dizaines de mètres – tout au plus – de lui.
Il tourna les yeux partout autour de lui et repéra un épais tapis d'herbes hautes et asséchées par la chaleur. Il s'y dirigea sans hésiter, imaginant immédiatement tomber sur un randonneur blessé qui aurait trouvé là un matelas idéal pour se reposer en attendant de l'aide.
Mais personne n'allait faire de « randonnée », encore moins de jeunes adultes – à part lui.
« Vous êtes là ? » demanda Hoseok en approchant.
Un gémissement plaintif lui répondit, et une fois qu'il fut assez près, il put voir une large masse étendue sur le sol. Hoseok ouvrit des yeux sidérés : c'était un loup gris, un loup adulte. Le gris de son pelage se mêlait en quelques endroits à une teinte presque blanche, notamment au niveau de sa tête. Il était étendu sur le sol, les oreilles repliées vers l'avant, les paupières closes et la langue sortie.
Hoseok resta muet, fasciné par la splendeur de l'animal qui laissait par moment échapper de faibles geignements aigus qui trahissaient sa douleur : sa patte arrière droite était ensanglantée, prise dans les mâchoires métalliques d'un piège à loup. Plusieurs avaient été déposés, car ces bêtes s'approchaient parfois de la ville. Et puis ça servait également à tenir les hybrides à l'écart.
L'apothicaire jeta un coup d'œil circulaire avant d'appeler :
« Vous êtes où ? Eh oh, vous m'entendez ? »
Un nouveau gémissement émis par le loup lui répondit et attira son attention. L'animal ouvrit les yeux et le fixa un instant, un instant qui fit perdre son souffle à Hoseok : ses yeux étaient si expressifs, comme s'ils reflétaient une âme candide et brisée à la fois.
Alors les poils du loup gris s'effacèrent peu à peu, sa tête changea de forme dans une métamorphose élégante, et ses membres devinrent humains chacun leur tour.
Il ne restait plus devant Hoseok qu'un garçon à peine plus jeune que lui, allongé sur le flanc, complètement nu, possédant parmi ses cheveux d'un gris lumineux deux oreilles de canidé couvertes de fourrure argentée et, dans le bas de son dos, une queue touffue de la même couleur qui prolongeait sa colonne vertébrale.
Sa peau de lys lui donnait un air faible et innocent, quant à sa musculature elle révélait qu'il était un jeune homme puissant et endurci malgré sa taille sans aucun doute inférieure à celle de l'apothicaire. Il était pourtant fin, absolument superbe. Ses yeux étaient brûlants, ses lèvres charnues, son nez adorable et ses joues rebondies ; il était entre l'enfance et l'âge adulte, tout simplement magnifique. De ses petites mains, il cachait son intimité d'un air honteux et, le regard toujours ancré dans celui de Hoseok, il supplia d'une voix cassée :
« J'ai besoin d'aide, par pitié ne me faites aucun mal... »
Un hybride...
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Alors, votre avis sur ce début ? Je sais que c'est assez descriptif, mais par la suite vous verrez : on va vite rentrer dans l'action. :)
Pour accélérer quand même un peu les choses, demain je posterai exceptionnellement un ou deux chapitres, et ensuite seulement je passerai à un chapitre tous les deux jours.
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Les créatures du Nord [Hopemin]
Fanfiction[Terminé] Humains et hybrides avaient toujours vécu en harmonie, les uns dans la vallée, les autres dans les montagnes du Nord. Pourtant, après de nombreuses années de tranquillité, des tensions avaient commencé à se former entre les peuples. C'étai...