Chapitre 130

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Jimin fit irruption dans la grotte, immédiatement rejoint par Euijin qui avait compris ce qu'il comptait faire. Les deux cousins se hâtèrent de traverser la source et rejoignirent le rocher solaire sur lequel Hoseok se trouvait toujours. L'apothicaire, allongé sur le dos, avait les yeux clos. Du sang coulait de ses plaies, son corps était immobile mais Jimin gardait espoir. Le jeune garçon avait visiblement retiré lui-même la flèche de son torse, alors c'était qu'il devait être encore vivant, non ?

« On devrait le descendre, conseilla Euijin, cet endroit est super glissant et si on se casse la gueule on va souffrir, et puis ça sera plus pratique si tu veux le soigner... »

Jimin acquiesça sans dire un mot. La raison était simple : s'il parlait, il sentait qu'il allait pleurer. Voir Hoseok dans cet état lui donnait l'impression qu'il ne rouvrirait jamais les yeux, que tout était fini. Pourtant il était si inquiet qu'il ne prit pas le temps de réfléchir. Euijin chargea l'apothicaire sur son dos et, malgré ses propres blessures, il redescendit le rocher, suivi par son jeune cousin qui ne quittait pas son compagnon des yeux.

Hoseok ne bougeait pas. Il ne parlait pas. Il ne respirait pas.

L'aîné fit bien attention à ne pas immerger le corps sur son dos dans l'eau et aussi vite qu'il le put il tira Hoseok sur la rive de la source, au bord de l'eau. Épuisé, il s'allongea à son tour en expirant bruyamment. Entre les différents combats menés, ses blessures, et maintenant ça, il n'avait plus de forces.

« Va te reposer, souffla Jimin en arrivant à sa hauteur, le corps dégoulinant lui aussi d'eau glacée, tu as fait preuve d'un courage admirable, tu mérites du repos. »

Le regard d'Euijin se posa brièvement sur celui qu'il avait ramené. Il avait bien senti que le corps n'abritait plus la moindre trace de vie. Il acquiesça, laissant ainsi son cousin avec la dépouille de celui qu'il avait aimé, un poids atroce sur le cœur.

Une fois seul dans la caverne, Jimin se tourna vers Hoseok et malgré les larmes aux coins de ses yeux, il lui adressa un sourire :

« Allez hyung, réveille-toi, » dit-il en posant la main sur son épaule encore tiède.

Son sourire se crispa, Hoseok ne répondait pas.

« Hyung, reprit-il, réveille-toi, tu peux ouvrir les yeux je suis là, je vais te soigner maintenant, d'accord ? »

Sa gorge se serra, son cœur se fit lourd dans sa poitrine et il renifla sans discrétion avant de poser de nouveau les mains sur le corps de son amant pour y effectuer de petites pression délicates, de peur de le brusquer.

« Allez, ouvre les yeux Hoseok-ah, c'est pas drôle tu m'inquiètes. »

Sa voix était cassée, faible : il retenait ses sanglots comme il le pouvait, parler était trop difficile pour lui. Ses mains, sur les épaules de son aîné, dévièrent lentement vers son torse, au niveau de son cœur dont il savait qu'il ne battait que pour lui.

Désormais il ne battait plus, une trop large blessure s'y trouvait.

Il était arrivé trop tard.

La lèvre inférieure de Jimin se mit à trembler tandis que les larmes qu'il retenait, il ne fut plus en mesure de les contenir. Il passa d'un geste précipité son avant-bras sur son visage, comme si effacer ses larmes pouvait effacer le reste. Un premier sanglot le prit, mais il continuait de se retenir.

Pourtant... à quoi bon se retenir, de toute façon il était déjà trop tard. Le visage du petit hybride, rougi par la tristesse, finit par être marqué de deux sillons transparents lorsqu'il laissa échapper ses premières larmes. Il passa la main sur la joue si douce de Hoseok et l'attarda devant son nez : aucun doute, son amant ne respirait plus.

Jimin se haïssait de ne pas avoir été là lorsque Hoseok avait définitivement fermé les yeux. Il l'avait laissé mourir seul. Est-ce que son amant s'était senti partir ? Lui en avait-il voulu de n'avoir pas été à ses côtés ?

« Je suis désolé, souffla Jimin, j'aurais dû être auprès de toi... Hoseok-ah, je t'en supplie, pardonne-moi... »

Il lui prit la main et y déposa un baiser avant de laisser libre cours à sa douleur : les larmes coulèrent en abondance, ses sanglots faisaient trembler son corps qui semblait désormais plus frêle que jamais, mais rien de tout cela ne soulageait l'atroce souffrance de son cœur fêlé par la perte de celui qui lui était si cher. Jimin posa le front contre le dos de la main de son amant et pendant de longues minutes il pleura, il pleura et s'excusa.

Tout ce qu'il répétait, c'était « j'aurais dû être auprès de toi, pardonne-moi » comme une douloureuse plainte, une litanie qui n'en finissait plus de se répéter. Il s'excusait comme si ça pouvait le ramener, lui permettre de se faire pardonner de ne pas lui avoir dit adieu correctement. Parfois il lui embrassait la main, dans l'espoir que peut-être, si Hoseok le voyait depuis les étoiles, il se sentirait heureux et aimé.

Parce que Jimin l'aimait, il l'aimait à en mourir, il l'aimait plus que quiconque. C'était quand il avait perdu sa mère qu'il avait trouvé Hoseok et depuis il avait été en mesure de sourire et de ne plus penser à ses tracas, tout ça grâce à lui, grâce à cet apothicaire un peu trop téméraire à qui ça avait coûté la vie de sauver celles des hybrides.

Alors dans un dernier geste d'amour, Jimin lui lâcha la main et se pencha doucement vers lui. Il posa avec délicatesse les paumes sur ses joues, puis les lèvres sur les siennes. Ses larmes avaient décidé de se mêler au baiser de manière à substituer au goût de l'amour celui de la douleur. Jimin sentait son âme entière le brûler, son corps était embrasé par un feu destructeur ; la souffrance le consumait sans merci.

C'était si atroce de devoir dire adieu à quelqu'un qu'il aimait tant et qui l'avait tant aimé.

Jimin s'écarta très légèrement de ses lèvres pour ensuite poser le front contre le sien et frotter tendrement le bout de leur nez, incapable toujours de retenir ses larmes et ses déchirants sanglots dont l'écho bouleversant se répercutait inlassablement contre les parois de pierre de la froide caverne.

« Hyung, lui susurra-t-il une fois de plus d'une voix que les sanglots rendaient tremblante et qu'ils remplissaient de poignants trémolos, j'aurais dû être là... je t'en supplie pardonne-moi... »








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En ce moment c'est la grande joie dans mes histoires... ^^'

Les créatures du Nord [Hopemin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant