Début de soirée

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Severus ne comprenait toujours pas comment il avait réussi un tel tour de finesse, convaincre Gilda de se rendre à cette soirée mondaine qu'elle ne pouvait pas supporter!
Lucius avait eu le bon sens de l'inviter aussi, il est vrai, ce qui lui avait donné le prétexte pour discuter avec la jeune femme de la soirée, entre deux cours.
Celle-ci lui avait tout d'abord répondu net, elle n'avait aucune intention d'y aller et Severus avait dû ruser fin pour que son discours s'adoucisse.
Finalement elle trouvé un prétexte: ses enfants à garder et le maître des potions avait compris qu'il venait de gagner.

Certes, elle lui avait crié dessus lorsqu'il avait demandé pour elle à Minerva... Mais le mal qui était fait ainsi se trouvait irréversible car la vieille femme n'aurait pas supporté qu'on lui fasse une fausse joie.
Gilda s'était donc vue contrainte et forcée de trouver dans ses placards une robe à rafraîchir un peu, et Severus avait été, lui aussi, bien obligé de se soigner quelque peu.

Dumbledore, bien sûr, avait été mis dans la confidence, et l'affaire l'inquiétait quelque peu, mais impossible de faire barrage à Severus sans mettre sa couverture en danger. Il avait simplement recommandé à Severus « de veiller particulièrement sur Gilda et de prendre garde à ce qu'elle ne soit pas entrainée dans des combines trop louches ».
Sauf que, c'était précisément dans une de ces combines louches que Severus était sensé l'aider à tomber...

Toutefois, pour l'heure, il remplissait le rôle du parfait cavalier, ponctuel et soigné même s'il ne serait pas allé jusqu'à se qualifier de beau.
Ses cheveux lavés, peignés et noués en catogan avaient pris une couleur plus brune que noire, mais le travers en était le suivant: son nez ne lui avait jamais paru aussi affreux!
Il portait un ensemble intégralement noir à l'exception de sa chemise qui était vert foncé et des attaches en argent de sa cape. Cette robe de sorcier ne lui allait pas trop mal, et il restait juste à espérer que Gilda serait à l'heure du rendez-vous afin de lui éviter d'être vu par trop d'élèves...

Mais bien entendu, la chance n'était pas vraiment avec lui car, comme il s'asseyait sur un des bancs de l'avant-cour du château, la bande à Potter passa, suivie de Londubat, Weasley fille et Lovegood. Mais seule cette dernière marqua l'arrêt et lui lança un regard intrigué, les autres firent mine de ne pas le remettre.

Gilda arriva pile à l'heure quelques secondes plus tard, vêtue d'une étrange robe à bretelles, bleue et assez courte. Severus faillit commettre l'irréparable en lui demandant pourquoi diable elle s'était vêtue d'une chemise de nuit mais il se ravisa à temps. Mais pourquoi donc fallait-il que cette femme soit assez excentrique pour s'habiller en moldue dans un contexte pareil?!

Comme si elle avait deviné sa réflexion, Gilda l'interrogea:
-Vous croyez que cela ira? Demanda t-elle, je n'avais rien d'autre à me mettre...
Le maître des potion haussa les épaules d'un air faussement indifférent, et répondit sur un ton égal:
-Je n'irais pas jusqu'à dire que cet accoutrement s'accorde à la perfection avec cette soirée, mais on ne peut nier qu'il vous va très bien. Je sens que demain, beaucoup de sorciers respectables en auront attrapé un torticoli.

Gilda rougit sous le compliment et Rogue lui fit signe de le suivre jusqu'à une vieille paire de lunettes posée sur le bord d'une cornue remplie de terre. La jeune femme acquieça et saisit l'objet au signal du maître des potions.
L'instant d'après, ils chutaient tous les deux dans la cour du manoir Malefoy où Lucius accueillait ses invités. Celui ci les fit entrer immédiatement après les salutations d'usage.

Surement avait-il remarqué que Gilda n'avait emporté aucun gilet... Severus se mordit les lèvres pour contenir une remarque sarcastique, il ne voulait pas la mettre dans l'embarras.
Lucius laissa la jeune femme près d'une table où s'étaient assises Mesdames Parkinson, Zabini, Flint et Goyles, ainsi qu'une jeune personne du nom d'Aconit Rosier qui avait fini ses études deux ans plus tôt. Puis il s'éloigna avec Rogue pour « parler affaires », prenant la jeune femme quelque peu au dépourvu.

Tandis que Gilda regardait les deux hommes s'éloigner, la fille Rosier s'était approchée d'elle, sûrement heureuse de trouver quelqu'un d'un peu plus jeune que le reste de l'attablée. Les quatres autres femmes en effet avaient toutes au moins dépassé la quarantaine, et si madame Zabini restait d'une extrême beauté, bien qu'un peu venimeuse aux yeux de Gilda, celle-ci n'en était pas moins au courant qu'elle avait plus de cinquante-cinq ans.
Elles lui jetèrent toutes le même regard courroucé et celui de madame Zabini fut sans aucun doute le plus haineux. Toutefois, aucune n'osa véritablement la prendre à partie et Gilda se tourna vers Aconit, la seule qu'elle n'aie encore jamais eu le déplaisir de côtoyer.

Il s'agissait d'une jeune fille très menue et vraiment pas grande, avec de longs cheveux d'un blond cendré un peu terni et de petits yeux verts. Le moins qu'on pouvait dire était qu'elle n'était pas véritablement jolie, sans avoir l'air d'un monstre non-plus, et qu'elle paraissait extrêmement fatiguée. Des cernes épaisses se voyaient en effet sous son maquillage et la pâleur de son teint ainsi que sa maigreur alarmante frappaient l'œil.
Gilda glissa toutefois sur ces détails qu'elle se contenta d'observer avec circonspection tout en parlant de tout et de rien avec la jeune fille, surtout de rien à vrai dire...

Pendant ce temps et sans qu'elle ne se doute de rien, un homme d'une cinquantaine d'années l'observait à la dérobée, dissimulé par un petit four et un verre de Wisky pur-feu bien dosé.
Il s'agissait bien entendu d'Ignacius Malefoy et son examen dut être satisfaisant car, au moment du bal, il vint se présenter devant Gilda pour l'inviter à danser.
-Voulez-vous bien m'accorder cette danse?

Ignacius ne connaissant pas le nom d'épouse de Gilda et ne sachant pas comment le remplacer, la formule d'invitation s'en trouvait tronquée. Toutefois la jeune femme accepta son bras d'un signe de tête et d'un sourire et ils se mirent en place pour la première valse.
Le héros de cette cérémonie songea en lui-même que cette femme là présentait décidément très bien...

...Et Gilda, que son cavalier faisait vraiment vieux-beau...

Mais où était donc passé Severus?

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant