Gallion et patronus

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Gilda avait perdu un temps précieux à pleurer se maudire.

Après l'avoir torturée pendant plusieurs minutes, sans résultat, Dolohov avait cru la faire plier en la traînant dans le salon, près de la cheminée. Si la vue du corps d'Ignacius, et surtout de celui du jeune Marc, avait failli la faire vomir, cela n'avait pas suffit cependant à la faire coopérer.

Dolohov avait alors utilisé la cheminée pour contacter les Malefoy du Wiltshire et Gilda avait appris ainsi beaucoup de choses sur les détails de leur capture :

Premièrement, c'était Ombrage qui avait dirigé les recherches et recoupant les données de la trace magique et en calculant leur position. Si le sortilège d'Angela avait fonctionné, les quelques manifestations magiques des enfants n'avaient pas été suffisamment dispersées pour l'empêcher, par de savants calculs mathématiques, de localiser leur campement.

Deuxièmement, le ministère avait fini par retrouver la trace du transplannage depuis le camps, puisque les enfants avaient laissé une infime trace magique. Le transplannage d'escorte chez les mineurs laissait donc des traces. Cependant les choses n'étaient pas allées assez vite pour que les raffleurs retrouvent les fugitifs avant qu'ils n'aient quitté la zone. Depuis, plus aucune trace d'eux.

Troisièmement, les mangemort soupçonnaient la supérieure Angela d'avoir fait jouer ses relations avec des « sous-espèces » afin d'utiliser des canaux non sorcier pour fuir. Les frontières avaient donc été immédiatement renforcées. C'était d'ailleurs inutile d'après Lucius Malefoy, puisqu'elles étaient déjà extrêmement surveillées.

Et enfin, quatrièmement, Bellatrix Lestrange souhaitait se charger de son cas en personne. Il fallait donc l'attendre puisqu'elle était en train de choisir une nouvelle baguette parmi celles prises aux nés-moldus. La chose risquait de s'avérer longue et fastidieuse.

En attendant, Dolohov l'avait enfermée dans la cave de sa demeure, après lui avoir une fois de plus infligé le sortilège du Doloris, par plaisir cette fois.

Le mangemort disparu, Gilda avait commencé par pleurer, se laissant aller au désespoir après ce qu'elle venait d'apprendre. A la vérité, son sort lui importait assez peu, mais apprendre de quelle manière les mangemorts avaient pu les pister portait un coup sérieux à son moral. Traqués sans relâche, les survivants seraient exterminés.

Puis le froid s'insinuant en elle l'avait poussée à fourrer ses mains dans ses poches. Et là seulement, elle avait commencé à se maudire : Les deux objets dont elle avait le plus besoin se trouvaient là, dans ses poches depuis plusieurs jours ! Tremblante, elle avait sorti de sa poche droite la baguette de Drago Malefoy, et de sa gauche le gallion de l'AD...

A présent, un peu hébétée par cette découverte qu'elle aurait pu faire bien des minutes plus tôt au lieu de pleurer, Gilda mettait en place son plan de sauvetage. Pas pour elle certes, mais elle avait peut-être de quoi donner du fil à retordre aux mangemorts.

Son plan, très simple et en même temps très difficile, se basait sur la trace magique qui pistait chaque mineur pratiquant la sorcellerie. Hors, si on pouvait encore trouver un groupe de mineurs qui pratiquaient la magie illégalement dans ce pays, c'était bien au sein de l'AD. Fébrile, Gilda pointa la baguette de Drago sur le gallion de l'AD et composa son premier message : « Neville, ici prf Marty – Enfants Malefoy en danger – Trace Magique »

Elle n'eut même pas à attendre une minute, son message s'effaça et un autre le remplaça bientôt :

« Prf Marty, ici Neville – Danger ? - Trace magique ? »

Gilda répondit sur la même logique : « Refuge attaqué – enfants en fuite – Trace magique utilisée pour traquer »

La réponse, une fois de plus, ne se fit pas attendre et heureusement car elle entendait en haut Antonin Dolohov s'activer. Ses « invités » risquaient de ne pas tarder.

« Quelle aide à leur apporter ? - Comment ? »

Gilda se dépêcha de répondre : « Sans vous mettre en danger – possible pour vous déclencher trace magique hors école ? - Pour brouiller piste »

La réponse de Neville jaillit presque aussitôt : « Possible – Commando AD – Plusieurs fois nécessaires ? »

Gilda avait conscience que la chose était risquée, pourtant elle répondit sans hésiter : « Oui – Si possible – Mais attention ».

« Courage ». Fut le dernier mot que lui envoya Neville. Entre-temps, les voix de Lucius, Bellatrix et Narcissa retentissaient dans le salon, le ton montait très vite.

Gilda rangea le gallion dans sa poche et se concentra sur le souvenir le plus heureux qu'elle possède. Mais tout sa vie passée lui semblait floue et rien ne venait à cet instant.

En haut, la situation semblait s'échauffer entre Antonin Dolohov et Lucius Malefoy d'un côté et les deux femmes de l'autre. Gilda perçut le nom d'Eris et son esprit s'ouvrit enfin. Le souvenir de Moon et Sebastian ce soir-là au manoir, le soulagement qui l'avait alors envahi et le fait d'avoir pu les serrer dans ses bras la réchauffa suffisamment pour qu'elle murmure :

- Expecto patronum.

Il jaillit de la baguette de Drago Malefoy, d'abord informe et fragile, puis prenant de plus en plus de consistance et elle vit apparaître devant elle une mule comme celle qui avait provoqué une belle pagaille lors d'une foire aux bestiaux où elle avait emmené Moon et Sebastian petits. Yannick lui avait d'ailleurs dit qu'elle lui ressemblait...

Tremblante d'émotion, Gilda délivra le message au patronus, ce qu'elle voulait dire depuis des mois à ses enfants. Mais alors qu'elle allait rajouter les détails de la fuite de Federica et son appel à l'AD, des pas résonnèrent dans l'escalier menant aux caves. Gilda coupa et laissa le message partir, puis elle se tourna vers la porte, baguette brandie mais cachée dans un renfoncement.

Elle avait une dernière chose à faire avec cette baguette : le premier qui entrerait se prendrait le maléfice cuisant de sa vie !

De toute façon, en combat, elle ne savait faire que ça...

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant