Au dessus de la Aula

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Le vent soufflait, puissant et glacial en cette soirée de janvier. Comme il n'y avait aucun nuage dans le ciel et que la sororité du Blocksberg se trouvait en altitude, loin de toute pollution lumineuse, des milliers d'étoiles brillaient dans le ciel d'encre.
Un clair de lune aussi glacial que magnifique projetait sa clarté neigeuse sur les murs de la Aula, la grande salle de l'école surmontée des appartements de la supérieure.

Celle-ci, en dépit de l'heure tardive et d'une journée harassante, passée à traiter avec les êtres de l'eau, veillait encore.
Assise devant la cheminée ronflante de ses appartements, Angela Klein-Wlater discutait avec son demi-frère sur un ton grave.
- Ce que tu m'apprends est très inquiétant en effet, disait-elle d'une voix douce et triste. Mais, Ulrick, je me fais bien plus de soucis pour Federica que pour moi-même.

L'homme lui renvoya un regard affectueux et l'observa longuement. Comme à chaque fois qu'elle le recevait en privé, elle avait ôté sa lourde cape de laine bouillie et défait le voile qui lui couvrait les cheveux. Ainsi, ses traits fins ressortaient et sa lourde chevelure « blond lacustre » dégringolait sur son épaule en une lourde tresse.
Elle avait toujours été magnifique, mais la quarantaine l'avait dotée d'un charme particulier. A peine moins éclatant que dans sa jeunesse et chargé d'une aura de sagesse qui imposait le respect.

Plus jeune, Angela avait camouflé la couleur blonde à reflets bleutés de ses cheveux, marque indéniable de son statut de semi-ondine. Mais à présent qu'elle était la supérieure de l'école et que sa chevelure restait cachée sous son voile, elle avait cessé de la teindre et s'assumait telle qu'elle était, du moins en présence de son frère.
Aux autres, elle se gardait bien de dévoiler sa nature et, à sa connaissance, seule la perspicace Sœur Wladimir était au courant.

Outre la crainte d'être mise à part, c'était celle de la malveillance qui poussait la Supérieure Angela à se cacher des autres. Les pouvoirs des ondines dépendaient en effet de l'état de leur chevelure, et le simple fait de la couper pouvait les leur faire perdre.
Cependant, si ce soir Ulrick était là, ce n'était pas pour parler coiffure.
- Peu de gens au ministère savent que des anglais se sont penchés sur notre famille, lui dit Ulrick. J'ai fort heureusement été immédiatement mis dans la confidence et le ministre des Affaires internationales m'a promis le secret.
- Le ministère cherche à préserver ses ressortissants présents en Angleterre ?
- Surtout, il ne veut pas être mêlé à ce qui s'y passe. Tu es au courant ?
- Bien sûr, répliqua Angela. Je suis directrice d'une école à présent prestigieuse ! Pas une ermite perdue dans la Forêt Noire, quoi qu'il s'en dise.
- Je le sais bien, mais la politique anglaise est opaque en ce moment.
- Des vagues d'arrestation liées au statut du sang, un musellement de l'opinion et du terrorisme d'état ? Pour moi la situation est claire. Notre cousine est victime d'une dictature et nous devons la secourir. Comme nous devons secourir les victimes de cette barbarie.
- Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas aussi simple, et je m'inquiète pour ta sécurité.

Si Ulrick Walter espérait raisonner sa demi-sœur, il dut vite déchanter car elle se leva de son siège, soudain furieuse.
- Et bien moi, je cesse de m'inquiéter s'écria t-elle avec colère. Est-ce que tu crois que c'est en m'inquiétant que j'ai sorti cette école de sa marginalité ? Tu es le fils d'un moldu et d'une cracmole Ulrick, Federica est une descendante directe de Kleine Hexe et moi... Je suis la fille d'une ondine et d'un mangemort de la première génération ! Comment pouvons-nous prétendre ne pas être concernés par ce qui se passe en Angleterre.
- Mais que veux-tu donc faire ? Nous n'avons aucun moyen de secourir Federica. Révéler nos secrets familiaux ne fera qu'aggraver les choses alors qu'elle est en sécurité s'ils ne savent rien.
- Crois-tu que ce soit un hasard si un fils Malefoy s'intéresse maintenant à notre famille ? Tu penses que je suis si mal informée ? Les Malefoy se sont lancés dans la vente d'esclaves sortis d'Azkaban. Et juste après cela, ils s'intéressent à notre famille, précisément sur la question de notre sang... Ils ont quinze ou seize esclaves dans leur manoir mais une seule les intéresse véritablement...
- D'où est-ce que tu sors ça ?

Ulrick était ébahi. Comment sa sœur pouvait-elle affirmer de telles choses ?
- Je suis en contact avec l'Ordre du Phoenix depuis des années, répondit Angela. C'est mon petit secret, par eux je sais ce que je te raconte. Et je peux t'affirmer que les Malefoy ont Federica... Et qu'ils savent plus ou moins à qui ils ont à faire.
- Je suppose que tu as déjà mis au point ta stratégie, soupira Ulrick à l'adresse de sa sœur.
- Oui, répondit-elle. Et j'ai besoin de toi.
- C'est à dire ? Demanda t-il.
- Tu vas faire attendre les Malefoy pendant au moins dix jours, sous couvert de réaliser les études qu'ils demandent. Gagne un maximum de temps.
- Et toi ? Demanda Ulrick méfiant.
- Moi, je pars en Angleterre dès demain matin, chez un membre de l'Ordre de ma connaissance.

Elle baissa la voix et ajouta :
- J'ai une évasion à organiser.
- C'est de la folie ! Lui chuchota son frère horrifié.
- Je n'ai pas le choix, répondit Angela. Je ne l'ai plus jamais eu dès lors que ton père m'a révélé le secret du mien...

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant