La découverte de Rusard

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Severus avait senti le danger dès le moment où Rusard était venu l'alerter. Heureusement, le concierge était tombé sur lui avant de trouver les Carrows.

Firenze parlant avec une autre Centaure en pleine nuit ? La chose avait de quoi inquiéter le directeur, oui. Non, il était inutile de réveiller les Carrows pour cela, ils avaient suffisamment à faire avec les sorties de l'AD. Il se chargerait seul de l'affaire, c'était sûrement une soupirante mais il fallait vérifier.

Severus savait pertinemment qu'il n'y avait aucune chance qu'un centaure banni par son clan fréquente quelqu'un, puisqu'aux dernières nouvelles, la tribu de Bane était en voie d'extinction. Mais les relations que le centaure pouvait encore entretenir avec la forêt avaient de quoi alerter Severus.

Si le retour de Gilda auprès de lui lui faisait connaître un regain d'énergie et de volonté, l'inquiétude quant-à leur situation le tenaillait suffisamment pour que le moindre détail le mette dans un état d'anxiété assez impressionnant. Et là, ce n'était pas un détail que Rusard venait de lui transmettre.

Par prudence, il commença par modifier la mémoire du cracmol. Autant éviter les fuites tant qu'on le pouvait.

En attendant il fallait qu'il découvre, et très vite, ce que Firenze tramait. Aussi il avait commencé par le surveiller de près. Mais lorsqu'il avait ainsi appris que le centaure avait demandé à Slughorn des carapaces de jeunes scrouts à pétard, ainsi qu'un peu de sève de baobab en prétextant les besoins d'un cours aux Aspics, Severus était resté interloqué. Aucun de ces deux produits ne rentraient dans la pharmacopée ou dans les substances utilisées traditionnellement par les centaures, le vieux maître des potions l'avait d'ailleurs aussi remarqué. Firenze mentait donc forcément, mais dans quel but ?

Puisqu'elle restait cachée de longue dans ses appartements, Gilda avait épluché plusieurs traités d'herboristerie qu'il lui avait rapportés, tandis que lui-même poursuivait la surveillance. Profitant du fait que le centaure faisait cours, il gagna la zone du parc où celui-ci séjournait la nuit, à l'écart de tous. Severus savait qu'il avait catégoriquement refusé de dormir à l'intérieur du château.

Firenze s'était ménagé une hutte pour l'hiver, dans laquelle il entreposait aussi quelques affaires. Le directeur repéra immédiatement une présence plutôt incongrue, ou plutôt deux.

Un chaudron était à demi dissimulé derrière un baluchon, il contenait une balance. Severus déplia aussi le tissu et trouva le flacon de sève de baobab, ainsi que deux petites carapaces de scrouts à l'intérieur.

Il en avait le cœur net à présent, Firenze avait subilisé de quoi préparer une potion, mais dans quel but ?

Malgré ses connaissances très étendues, Severus n'en connaissait aucune qui puisse rassembler ces deux éléments. Incapable de comprendre, il se résolut à pister Firenze, ou l'étrange centaure si elle venait.

Quelques minutes plus tard, il rentrait dans ses appartements où Gilda l'attendait.

- Et toi, tu as trouvé quelque-chose ? Lui demanda t-il une fois la porte refermée, et après lui avoir fait part de ses propres découvertes.

La jeune femme secoua la tête, accablée non seulement par son échec, mais en plus par l'incertitude concernant ses enfants :

- La sève de baobab n'est mentionnée que dans un seul de ces traités, dit-elle. Depuis l'Afrique, son usage s'est répandu pour plusieurs potions médicinales, notamment une utilisée le plus souvent durant les accouchements mais à part ça...

Rogue poussa un long soupir qu'il arrêta soudain net en déglutissant avec difficulté. Alarmée, Gilda le regarda :

- Quelque-chose ne va pas ?

- Les accouchements... Les carapaces de Scrouts à pétards sont utilisées pour les potions de régénération sanguine... Non de nom !

- Tu penses à quelque-chose ? Lui demanda la jeune femme.

- Le clan de Bane n'a plus de femelles depuis des années et là, un centaure subtilise de quoi fabriquer des potions pouvant assurer la survie d'une femme qui accouche... Par Merlin...

- Tu penses qu'une nouvelle femelle est arrivée chez eux ? Lui demanda Gilda

- Pas une centaure, elle n'aurait pas besoin de tout ça... Je crois qu'il est possible... Qu'ils aient avec eux une femme, une humaine.

Gilda mit quelques secondes à prendre la mesure de la situation. Elle écarquilla les yeux et son visage se tordit avec dégoût. Elle répondit à Severus :

- Tu penses que... Qu'ils seraient revenus à ces pratiques affreuses ? Mais cela fait des dizaines d'années que l'on n'en avait plus entendu parler !

- Avec tous les loups-garous qui traînent dans la forêt, s'il y avait eu une entente, je n'ose imaginer ce que cela pourrait donner. Firenze semble avoir fini de rassembler son matériel, il y a fort à parier qu'il le donnera cette nuit.

Severus avait le visage pâle d'un homme submergé par l'angoisse. Gilda se leva, l'étreignit doucement et murmura :

- Nous pouvons sûrement en avoir le cœur net. Essayons de pister cette centaure dans la forêt.

- C'est de la folie ! Un coup à se faire tuer.

Severus refusait net, le ton peu amène qu'il venait d'employer fit baisser la tête à Gilda. Honteux, il se radoucit :

- Je sais que tu tournes en rond mais ce serait prendre un risque inconsidéré. Je vais l'attraper à la sortie de ses cours et le questionner pour commencer.

- Tu penses qu'il te répondra ?

- Firenze a beau être secret, c'est un très médiocre occlumens. Si les informations qu'il me donne ne me satisfont pas, je pourrai employer cette méthode.

Gilda soupira avec résignation, avant qu'une lueur ne s'allume soudain dans ses yeux :

- Federica et Hagrid... Et si c'était eux qui étaient chez les centaures ? Après tout, Federica aurait de bonnes raisons de se fabriquer de la potion de régénération sanguine.

- C'est moi qui l'ai soignée, répondit Severus. Je ne vois pas pourquoi elle en aurait besoin.

Comme l'après-midi commençait à être avancée, Severus sortit quelques minutes plus tard. Il voulait attraper Firenze au vol et l'interroger.

Lorsque la sonnerie retentit, il se trouvait devant la salle et sa présence précipita le départ des élèves. Debout dans sa salle imitant l'espace forestier, le centaure lui lança un regard interrogateur.

- Firenze, je dois vous parler, dit simplement Severus Rogue après avoir refermé la porte sur le dernier élève.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant