Les étoiles de Cassiopée

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Il était minuit passé, et Cassiopée les regardait avec inquiétude, hésitant visiblement à leur faire confiance et prête à fuir sous le couvert des arbres au premier signe d'alerte.

- Nous ne vous voulons pas de mal, lui disait doucement Gilda tandis que Severus restait prudemment en retrait. Seulement une personne a remarqué le manège de Firenze et les choses auraient pu mal tourner. Mais aucun de nous n'a l'envie de vous nuire, au contraire.

Si tirer les vers du nez de Firenze s'était finalement révélé très facile, une fois que Severus l'avait mis au pieds du mur et fait avouer la présence d'une sorcière parmi son clan d'origine, apprivoiser sa complice était en revanche d'un autre niveau de difficulté.

En soi, la chose pouvait se comprendre. Après tout, Severus était un mangemort notoire, Gilda une fugitive et Firenze un banni. Il avait déjà fallu de gros efforts pour qu'elle ne fuie pas, et maintenant elle écoutait son neveu d'un air craintif.

- Raconte leur ce que tu m'as raconté, lui dit doucement le centaure en désignant le baluchon et le chaudron qu'il lui avait donnés. Je ne leur en ai pratiquement rien dit, seulement pourquoi nous avions besoin de ces outils et de ces substances.

- Les humains n'ont pas à se mêler de nos affaires, répliqua doucement Cassiopée, refusant ainsi de livrer leur secret. Pourquoi as-tu parlé ?

- Parce qu'il valait mieux que ce soit à eux qu'aux mangemorts, répliqua Firenze qui désigna ensuite Gilda. De plus le directeur m'a livré son propre secret en échange. Tu peux leur faire confiance, ils vous aideront.

- Firenze, j'ai déjà pris tellement de risques pour venir ici, et maintenant tu veux que je mêle d'autres sorciers à nos affaires ?

- C'est important Cassiopée, intervint Severus. Je dois savoir ce qui se passe dans la forêt si des sorciers sont impliqués, imaginez seulement que les Carrow s'en mêlent. Cela entraînerait une réaction des mangemorts et nous en pâtirions tous. Vous êtes la seule entité neutre autour de Poudlard, si vous disparaissez, la forêt grouillera de partisans du Seigneur des Ténèbres.

- Mais rien ne me dit que vous n'êtes pas de leur côté, répondit Cassiopée avec agacement. Et je ne peux emmener justement un de ces partisans affichés du Seigneur des Ténèbres en plein territoire centaure, ce serait une aberration.

La discussion aurait sûrement tourné court si Gilda n'était intervenue :

- Alors emmenez-moi avec vous, dit-elle doucement à la centaure. Seule dans la forêt je ne peux rien faire.

Un peu surprise d'une telle proposition, la centaure la jaugea du regard mais Gilda qui avait de bonnes raisons d'insister ne se démonta pas et lui répondit :

- Je dois absolument voir Federica Scott. Elle seule peut peut-être m'aider à contacter mes enfants sans danger. Je vous en supplie ! Vous savez où elle est et ce n'est pas un hasard si vous êtes venue chercher de quoi faire des potions quelques jours seulement après que le directeur l'ait laissée fuir de Poudlard !

Le visage de Cassiopée resta de marbre, impossible de savoir si elle avait visé juste en parlant de son ex-camarade de fuite. Il y eut un moment de silence avec que la centaure n'acquiesce :

- Vous et seulement vous, lui dit-elle. Je vous emmène et je vous ramènerai ici demain à la même heure.

- C'est très dangereux, intervint alors Rogue.

- Ce serait tout aussi dangereux pour un homme comme vous, répliqua Cassiopée. Si ce n'est plus. Aussi grand sorcier que vous soyez vous ne feriez pas le poids face à une troupe de centaures et ils n'hésiteraient pas à vous abattre.

Severus ne répondit rien mais Gilda voyait à son visage qu'il avait ravalé de justesse un sarcasme. Elle s'approcha doucement de la centaure et ce fut le signal du départ. Celle-ci la précéda sous le couvert des arbres, tendue et inquiète cela se voyait. Lorsque la lisière eut disparu derrière elles, elle dernière lui dit :

- Montez sur mon dos Gilda, il y a beaucoup de chemin.

Surprise, la jeune femme obéit néanmoins, ce qui lui permit de constater que ses membres étaient encore assez rouillés. Cassiopée attendit qu'elle se soit installée correctement pour lui dire :

- Accrochez-vous maintenant.

Gilda s'agrippa du mieux qu'elle put à la crinière de Cassiopée et se coucha sur son encolure. La centaure s'élança dans la forêt, galopant avec légèreté malgré le poids de la sorcière sur son dos, le chaudron et le baluchon qu'elle tenait. Gilda savait parfaitement que c'était un traitement de faveur, les centaures n'ayant absolument pas pour habitude de porter les humains sur leur dos.

Elles cheminèrent ainsi, à toute vitesse, pendant un temps qui paru infini. Le ciel commençait à blanchir lorsque Cassiopée ralentit enfin. Gilda se fit la réflexion qu'elle avait du courir ainsi plus de trois heures, sans jamais s'arrêter ou montrer le moindre signe de fatigue. Comme elle était presque à l'arrêt, la sorcière comprit et mit pied à terre, avant de suivre la centaure sur un étroit sentier :

- Merci, dit-elle tout en marchant. Je n'aurais en effet jamais pu parvenir jusque ici. Cette forêt est extrêmement grande.

- Oui, les sorciers n'en connaissent qu'une petite partie. Notre territoire est le plus grand, mais les accromentules empiètent dessus d'années en années.

- Vous les craignez ? Lui demanda Gilda.

- Elles-mêmes non, pas vraiment. Nos flèches transpercent leur exosquelette alors c'est plutôt elles qui nous craignent en temps normal. Cependant, elles possèdent des alliés contre lesquels nous ne pouvons rien.

- Les détraqueurs ? Devina Gilda.

- Oui, et les loups garous. Répondit la centaure qui marchait toujours devant elles. Ils ont établi une entente : les accromentules les laissent vivre dans la forêt et, en échange, ils les fournissent en victimes... Si vous voyez ce que je veux dire.

- Je pense, répondit la jeune femme. C'est absolument effroyable !

- Ils chassent les fuyards, parfois même les moldus ou encore passent derrière les détraqueurs lorsque ceux-ci nous attaquent. Ma petite cousine Amad...

Elle n'acheva pas sa phrase et se perdit dans la contemplation des quelques étoiles qui brillaient encore. Gilda suivit son regard sans rien dire, respectant sa peine.

Soudain, la centaure changea de sujet :

- Cet été, un étrange phénomène s'est produit dans le ciel. Alors que le Seigneur des Ténèbres prenait le pouvoir dans le monde des sorciers, des dizaines d'astres se sont successivement alignés. De mémoire de Centaure, on n'avait jamais vu cela.

Gilda n'osa rien répondre, mais elle avait l'intuition que Cassiopée ne lui disait pas une telle chose pour meubler le silence. En effet, la centaure poursuivit :

- Des masses sombres avaient déjà annoncé l'avènement du Seigneur des Ténèbres, nous savions que ce n'était plus qu'une question de temps depuis presque un an. Mais tous ces astres semblent nous indiquer que cela ne sera pas éternel. Et quand la sorcière est arrivée, ce sont les planètes qui se sont mises à briller d'un éclat tout particulier. Elle marque pour nous une nouvelle ère, un véritable espoir.

- C'est pour cela que vous l'avez épargnée ? Comment est-elle arrivée chez vous ?

- Je ne vous expliquerai pas cela moi-même, répondit Cassiopée soudain tendue et en humant l'air. Mais nous arrivons... Par Ardashir ! Bane est là !

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant