Gesine

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-Asseyez-vous Gilda, il y a un fauteuil derrière vous.

L'homme qui lui disait cela, la jeune femme l'avait déjà vu quelque part, elle en était sûre, mais elle était à présent incapable de le remettre. Il l'avait faite sortir de la cheminée d'un manoir, l'avait traînée de force à travers plusieurs pièces et maintenant, la menaçait avec sa baguette, aussi elle obéit et s'assit.

Aussitôt, des chaînes s'enroulèrent autour de ses poignets, de son torse et de ses pieds, la ligotant solidement.

Le type qui l'avait emmenée resta impassible, il était grand, entre deux âges et sa chevelure grise assez longue luisait par dessus une lourde cape brune qui dissimulait le reste de son corps. Que ce soit par la façon dont il l'avait forcée à le suivre, par l'expression de son visage ou par son attitude en général, il avait visiblement un caractère assez rude.

-Qui êtes-vous? Demanda t-elle, et qu'est-ce que je fais ici?

L'homme ne répondit pas, Gilda s'énerva:

-Je vous ai posé une question!

-Et je n'ai pas à vous répondre, de toute façon je ne sais même pas qui m'emploie alors...

-Alors c'est que vous êtes un sacré con!

Quoique peu habituée à utiliser un tel registre, Gilda n'avait pu s'empêcher de marquer son énervement:

-Il suffit, répliqua l'homme en lui soulevant le menton du bout de sa baguette, taisez-vous maintenant, ou je vous fais regretter vos paroles.

-Ce ne sera pas nécessaire!

Pour Gilda, et même si elle ne pouvait voir la femme qui avait parlé ainsi car elle se trouvait derrière le fauteuil, cette voix haut-perchée et dure ne pouvait être confondue avec aucune autre.

Aussi la jeune femme ne fut guère surprise de voir son frère ainé rejoindre l'homme qui l'avait enlevée et lui remettre une bourse visiblement copieuse:

-Ton travail s'arrête ici, voici la somme convenue, continua Althaïr Selwyn, je suis satisfait, tu recevras bientôt d'autres missions.

En spadassin rôdé, l'homme se retira silencieusement et disparut bientôt hors de la pièce, Gilda de son côté observait son frère qu'elle n'avait plus revu depuis de nombreuses années.

-Vieillir n'arrange jamais une femme, chère Gilda, murmura t-il, c'est à peine si nous te récupérons à temps...

La jeune femme se fit la réflexion qu'elle aurait bien pu lui retourner le compliment, au vu de l'évolution de son excès de poids (celui-ci avait toujours existé, mais jamais dans de telles proportions...). Toutefois, un reste d'esprit de famille le retint de blesser ce frère qu'elle ne détestait pas au fond, pas comme sa sœur...

-Qu'est-ce que cela signifie Althaïr? Pourquoi m'a-tu faite enlever?

L'homme arpentait la pièce et répondit:

-Pas « je », mais « nous ». Toute la famille se soucie de ton avenir et nous avons été contraints d'agir pour ne pas être tournés en ridicule...

-Vous vous souciez de moi.... Répliqua Gilda avec dédain, la belle affaire... n'est-ce pas plutôt de vous-même dont vous avez le soucis?

-Tais-toi, nous devons partir à présent, je te ramène au manoir-vieux... Allez!

Il saisit Gilda brusquement, fit tomber les chaînes qui l'entravaient d'un coup de baguette et la releva sans ménagement avant de la forcer à se diriger vers la cheminée:

-Manoir Vieux Selwyn! Cria t-il en jetant dedans la poudre de cheminette.

Dans un tourbillon de flamme, Gilda se sentit violemment happée, elle cogna contre une paroi et manqua de s'étouffer.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant