Fausse agonie

162 12 3
                                    

Sa tête tournait horriblement, de la poussière rance volait autour d'elle et une violente sensation de nausée la saisit lorsqu'elle essaya de se redresser après sa chute de la cheminée. D'ailleurs elle vomit de la bile et heureusement pour elle qu'elle avait atterri sur le ventre, autrement elle se serait probablement étouffée.

Il lui fallut plusieurs minutes pour reprendre ses esprits. Comme elle se traînait hors de l'âtre, sa propre main apparut dans son champs de vision : diaphane et les veines presque noires sous la peau. Elle savait parfaitement ce que c'était : le venin d'un loup-garou qui agissait sur son corps. Malgré sa constitution des plus robustes et le fait qu'il l'ait attaquée sans être transformé, Federica n'espérait pas survivre aux morsures de Greyback, seulement un peu renverser la vapeur.

La cabane hurlante était vide pour le moment mais Federica savait parfaitement qu'elle était surveillée, en temps que passage secret vers Poudlard. La baguette d'Ignacius en main, dissimulée en partie dans sa manche, elle tenta de se concentrer.

Résignée à la mort, la seule chose qu'elle espérait était de parvenir à abattre au moins un des mangemorts qui viendrait la trouver. Un des Carrow serait parfait, elle n'osait même pas espérer que cette enflure de Severus Rogue se déplace en personne.

Après avoir entendu le récit de son entretien avec Angela, il était évident qu'il n'avait jamais été de leur côté. Et penser que ce type avait eu la confiance de Dumbledore lui faisait froid dans le dos.

Le murmure qu'elle percevait à présent annonçait qu'une personne venait d'entrer dans le passage... Non, c'était du côté de Pré-au-Lard. Elle espérait simplement qu'il ne s'agisse pas du simple effet de son imagination.

Mais non, ces pas semblaient bien trop réels et lourds pour être ceux d'un spectre. Au point qu'ils faisaient trembler la cabane.

Lorsque le panneau extérieur pivota et qu'elle vit l'immense silhouette apparaître, sa stupeur fut telle qu'aucun son ne sortit de sa bouche pendant un long moment.

- Federica Scott ! S'exclama Hagrid à voix basse, tout aussi surpris qu'elle. Non de non ! Mais que faîtes-vous ici ? Et dans un état pareil ?

- J'espérais surprendre un mangemort, souffla l'ex-fuyarde d'une voix rauque, cette phrase lui coûtant ses dernières forces. Je n'en ai plus pour très longtemps al...

Elle n'acheva pas, car elle sombra dans l'inconscience, persuadée d'être en train de mourir.

Pourtant, quelques heures plus tard, un rayon de soleil perçant par la fenêtre la réveilla. Federica sursauta d'abord en se demandant où elle se trouvait, pensa un instant qu'il s'agissait de l'au-delà... Avant de réaliser que le lit à l'énorme couverture de patchwork sur lequel on l'avait allongée était anormalement grand. Cinq comme elle auraient pu y tenir à l'aise.

Se redressant péniblement, elle vit au pied du lit un gros chien noir qui somnolait, puis le pas lourd d'Hagrid la fit tourner les yeux vers l'autre bout de la cabane. Celui-ci s'affairait à une bouilloire en grommelant dans sa barbe. Visiblement, il était d'humeur plutôt sombre.

Elle-même n'osait rien dire et l'observait en silence, s'étonnant simplement de ne plus ressentir de douleur ou d'étourdissement. Incrédule, elle regarda ses plaies et s'aperçut que toutes étaient en bonne voie de cicatrisation. Ses veines avaient également perdu leur couleur noire, même si sa peau restait extrêmement pâle.

Une voix, mais pas celle de Hagrid, la fit soudain sursauter :

- Rubeus, je crois que notre invitée surprise a repris conscience.

Federica poussa un cri et reconnut Severus Rogue, debout dans un angle de la cabane, la baguette pointée sur elle. Il était resté si immobile qu'elle ne l'avait pas remarqué, pourtant son regard trahissait la tension énorme qui l'habitait. Federica leva les mains instinctivement, mais réalisa soudain que l'homme ne la menaçait pas. Il essayait de pratiquer sur elle la legilimencie.

- Je ne sais pas où sont les autres, lui dit-elle sèchement.

- Seule Gilda m'intéresse, répliqua Severus Rogue. Et vous m'avez suffisamment renseigné. Hagrid.

- Monsieur le Directeur, répondit celui-ci de mauvaise grâce.

- Que vous secouriez d'anciennes amies ou confrères en magizoologie m'importe peu, en revanche je me verrai dans l'obligation de réagir si la chose vient à se savoir. M'avez-vous compris ?

- Oui, Monsieur le directeur.

Severus Rogue tourna les talons et disparut dans un claquement de cape. Federica se redressa avec peine et jeta à Rubeus Hagrid un regard interrogateur.

- Reposez-vous Federica, répondit le demi-géant. Je ne sais pas pourquoi il vous a soignée puis épargnée, mais de toute manière vous n'irez nulle part dans l'état où vous êtes.

- Severus Rogue m'a soignée ? S'écria Federica, ce qui lui valut un élancement dans tout le crâne. Et il vient de dire qu'il vous laissait me cacher ?

- Oui, répondit Hagrid. De toute évidence. Je pensais qu'il voudrait plutôt vous faire parler, il vous a soignée avec un baume de Tue-loup et vous a même donné une potion de régénération sanguine. C'est très étrange mais cette année ce n'est pas la première fois qu'il fait une telle chose. Il m'envoie régulièrement des élèves en retenue et je reste persuadé que c'est surtout pour éviter qu'ils ne finissent entre les mains de ces damnés Carrow.

- Qu'est-ce que vous faisiez dans la cabane hurlante ? Demanda Federica intriguée.

- Je dégageais le passage, répondit Hagrid. Mais avec Graup de toute manière, impossible de partir par là.

Devant son air étonné, il poursuivit :

- Je ne vais pas vous mentir, je quitte Poudlard ce soir Federica, avec mon frère. Je sens que les choses vont se gâter, aussi je fuis. Vous commencez déjà à aller mieux avec votre constitution et, ce soir, vous serez sûrement en état de me suivre. Au pire je vous porterai.

Acquiesçant, Federica reporta son attention sur la porte de la cabane, inquiète de ce qui allait suivre.

- Pourquoi Severus Rogue s'est-il montré aussi clément ? Demanda t-elle. Ce n'est pas normal.

- Je pense qu'il a mauvaise conscience, répondit Hagrid. Et il peut vu ce qu'il a fait l'an dernier. La seule chose que je me demande, c'est pourquoi il a évoqué Mrs Marty.

- Mrs Marty ?

- Oui, Gilda.

- Ah ! Ben, il a de bonnes raisons de s'inquiéter pour elle, non ?

- Oh, ils ont flirté oui, quand elle était à Poudlard... Mais de là à penser qu'il se soucie réellement d'elle...

- Il semble pourtant que ce soit bien le cas, répondit Federica d'une voix égale. De plus, Gilda a eu un enfant dont le père n'est pas Ignacius Malefoy.

- J'avais entendu dire en effet qu'elle était enceinte. Enfin, voilà un sacré sac de nœuds !

Hagrid n'avait pas l'air décidé à réfléchir plus loin. Il lui servit une tasse de thé brûlant qui lui fit du bien et, en trempant le biscuit pure pierre qu'il lui avait tendu avec, elle parvint même à le manger sans s'arracher la mâchoire, même si ce fut au prix d'une mastication prolongée.

- Où vit Graup ? Finit-elle par lui demander.

- Dans la Forêt interdite, à la lisière du territoire des centaures. Et nous allons devoir passer par leur territoire pour fuir, sachant qu'ils sont plus enragés que jamais.

Federica hocha la tête en songeant que la perspective était effrayante en effet.

- Reposez-vous maintenant, lui dit Hagrid. Vous n'aurez pas trop de vos forces ce soir.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant