Planification d'urgence:

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Pendant que Nephtis se posait toutes ces questions, les Malefoy du Wiltshire, Dolores Ombrage et Bellatrix Lestrange avaient fini par sortir de leur torpeur, aidés en cela par Rabastan Lestrange, Severus Rogue et Walden McNair qui s'étaient portés aux nouvelles, ne les voyant pas revenir.

Si Rabastan et Severus avaient de bonnes raisons de craindre pour la vie de quelqu'un dans l'affaire, McNair s'était surtout joint à eux pour assouvir une curiosité plus que malsaine.

Arrivés au manoir de Battle, ils avaient progressivement pris, chacun à leur manière, la mesure de la situation.

Rabastan avait ranimé Bellatrix d'un coup de baguette avant de s'occuper des autres pétrifiés. Severus, de son côté, soignait Lucius qu'un retors avait sérieusement atteint. Le frère aîné des Malefoy, à présent conscient, restait livide et quelques soins supplémentaires seraient requis.

Mais l'état de Lucius, aussi préoccupant soit-il, n'était pas le plus grave. Les cinq victimes (quatre en fait) s'étaient vues voler leur baguette, et tous les occupants du manoir étaient portés disparus.

Le récit très imagé de Bellatrix Lestrange, ponctué de jurons et autres insultes, acheva de faire prendre conscience à Severus que la situation était grave, très grave même.

Avoir fui ainsi en combattant une secrétaire d'état et des mangemorts avérés condamnait les Malefoy de Battle à mort s'ils étaient retrouvés. Quant-à la supérieure Angela, il comprenait mieux à présent pourquoi il lui avait semblé qu'elle lui tendait la perche durant leur dernier entretien à Poudlard. Combien de fois avait-elle habilement glissé le nom de Dumbledore dans la conversation ? Ou parlé des « anciennes professeurs » ?

A présent il regrettait d'avoir joué à fond son rôle de mangemort, car il était impensable qu'elle lui demande de l'aide. C'était regrettable car Poudlard aurait été l'endroit idéal pour cacher cette bande de têtes brûlées.

- Vous dîtes que c'est la supérieure Angela qui semblait diriger la manœuvre ? Demanda t-il à Lucius et à Dolores Ombrage, plus calmes que Bellatrix.

- Oui ! S'enflamma la seconde. Cette sale hybride nous a pris en traîtres avec deux vélanes ! Elle a fait rentrer deux membres de l'Ordre du Phoenix dans le manoir !

- Si on l'attrape Bella, commenta Rabastan. Je serais ravi que tu t'en charges !

- Moi je m'occuperai personnellement d'un ou deux de ces gosses, ajouta Walden avec un sourire mauvais.

Severus, Lucius et Narcissa échangèrent un regard. Face à lui, le couple semblait partagé entre l'horreur, le malaise et l'hésitation. En outre, Lucius était terrifié par la tournure que les événements avaient prise, d'autant que son frère, sa mère et sa nièce étaient impliqués.

Ce fut finalement Bellatrix qui brisa la glace :

- Il faut les récupérer au plus vite si on ne veut pas que cette affaire se retourne également contre nous. Lucius, je crois bien que nous allons être obligés de liquider ton frère, peut-être même ta mère, mais dans la mesure du possible j'aimerais épargner ta nièce. Pour ce qui est de Gilda Selwyn, je me ferai un plaisir de l'envoyer moi-même dans les affres de la mort, et pas de manière expéditive...

Severus avait beau savoir que, venant de Bellatrix, le souhait d'épargner une fillette était plus que généreux, une pointe de glace l'avait traversé à l'évocation du nom de Gilda. Sans ses prédispositions en matière de dissimulation, il se serait liquéfié sur place et aurait trahi son trouble.

- J'ai peut-être une solution, de par mes appuis au ministère, intervint Ombrage qui s'était calmée. Je vais faire surveiller la côte. Si la supérieure Angela bouge, nous la localiserons, et son repère avec elle.

- Reste tout de même à la faire sortir du bois, tempéra Lucius qui semblait de plus en plus mal à l'aise.

- Je sais comment nous allons faire, répondit Bellatrix. Lucius, combien peux-tu offrir à une troupe de raffleurs pour qu'ils attaquent l'école du Blocksberg ?

- Je peux aller jusqu'à dix-mille gallions, répondit celui-ci. Mais je ne vois pas où tu veux en venir.

Ce fut Rabastan qui répondit, les yeux levés au ciel :

- Le ministère surveille les communications Lucius ! Une troupe attaque cette école, les survivants préviennent la supérieure, ou même celle-ci sort du bois. On attrape la communication et on la localise... Reste plus qu'à la capturer.

- Elle n'a pas pu quitter l'Angleterre, ajouta Ombrage. Toutes les routes, moldues y compris sont surveillées.

- Mais il faut nous dépêcher de planifier la chose et il nous la faut vivante.

Bellatrix était fermement décidée, là où Lucius, Narcissa et Drago étaient plus pâle que des morts. Aucun d'eux cependant n'avait osé s'élever contre la mangemort. Cela aurait d'ailleurs été parfaitement inutile, en plus d'être dangereux, car elle pouvait agir seule du moment qu'elle avait Ombrage sous sa coupe.

Le danger qui pesait sur les habitants du manoir Malefoy était donc plus pressant que jamais.

Lorsque Severus qui commençait à y voir trouble fut rentré à Poudlard, il se dirigea d'un pas vif vers ses appartements dans lesquels il s'enferma à double-tour. Là seulement, il abandonna son masque d'impassibilité et s'effondra dans son fauteuil.

La situation était terrible et il fallait qu'il agisse au plus vite, seulement il hésitait à franchir le pas de peur que sa traîtrise ne soit découverte par les mangemorts.

Le souvenir de Gilda cependant suffit à ranimer son courage et il se saisit du miroir soigneusement caché dans sa commode (il savait d'expérience que les mangemorts fouillaient rarement dans le petit linge de leurs victimes). C'était la supérieure Angela qui le lui avait fourni, affirmant qu'il permettait de communiquer avec une personne de confiance au sein de l'école, s'il avait besoin de quoi que ce soit. Elle lui avait même donné le nom de cette personne :

- Schwester Wladimir, appela t-il en essayant de dissimuler la tension de sa voix.

Il ne se passa rien pendant quelques secondes. Mais soudain le visage d'une jeune femme d'environ vingt ans apparut dans le cadre. Voilé comme sa supérieure, elle laissait cependant s'échapper une mèche de cheveux teints en bleu foncé de sa coiffe.

Et de manière générale, son maintien n'avait pas grand-chose d'austère. Mais, quoiqu'un peu étonné, Severus ne laissa rien paraître.

- Professeur Rogue, lui répondit la femme après quelque secondes à l'examiner lui aussi.

- Je n'ai pas beaucoup de temps, dit celui-ci. Schwester Wladimir, votre école va être attaquée sous peu par des raffleurs ou des mangemorts. Il s'agit de représailles après une action menée sur le sol anglais par votre supérieure.

Schwester Wladimir encaissait plutôt bien la nouvelle. Elle soupira simplement d'un air de dire « comme si nous avions besoin de ça ! ». Aucun effroi ne se lisait cependant sur son visage et elle répondit :

- Merci professeur, nous allons préparer la défense.

- Encore une chose, répondit Rogue. Votre supérieure est en fuite et le territoire anglais est surveillé. Elle a avec elle plusieurs enfants et quelques adultes qui sont également recherchés, le fait de communiquer avec elle pourrait la trahir car le ministère épie les communications pour tenter de la localiser.

- Merci professeur.

Schwester Wladimir coupa la communication et Severus se retrouva seul. Avec lassitude, il s'enfonça un peu plus dans le fauteuil. Pouvait-il d'une manière ou d'une autre secourir le groupe ? A vrai dire, il ne voyait pas comment.

Gilda allait devoir se battre seule, puisqu'il ne pouvait la contacter sans lui-même trahir sa position. Et de toute manière, il n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Malade de chagrin, il se leva, les membres brisés par la fatigue et le crâne douloureux. Il faillit se servir un Whisky mais se ravisa et opta pour un simple verre d'eau.

Quelques minutes plus tard, il se mettait à pleurer, assis dans son fauteuil et la tête enfouie dans ses mains.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant