Visite!

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- Je te dis ça en toute honnêteté Ignacius, tu ferais mieux de laisser Bellatrix la liquider.

Le dénommé soupire d'agacement. Cela fait maintenant plus d'une demi-heure qu'il discute avec son frère sur la manière d'organiser un mariage. Mais celui-ci, au lieu de l'aider, lui étale chacune de ses réticences avec une obstination sans borne. D'ailleurs, il poursuit :

- Bellatrix n'est pas parvenue à lire ses souvenirs, elle est totalement hermétique pour elle. Tu vas t'attirer des ennuis si elle se montre indocile.
- Tout le monde sait qu'elle pratique à peine la magie.
- Oui, mais tout le monde sait aussi à quel point cette femme a pu se montrer imprévisible. Sais-tu combien de personnes elle a convaincues par son discours ?
- Personne ne le sait, réplique Ignacius. Tout au plus peut-on estimer le nombre. Et puis... Est-ce elle qui a convaincu ou Dumbledore qui l'a utilisée ? Mais soit. J'accepte de reconsidérer ma décision à condition que tu me permettes de la voir seul à seul. Selon ce qui ressortira de cet entretien je déciderai ou non de l'épouser.

Lucius lui renvoie un regard pénétrant. Les deux frère se connaissent trop bien pour croire que l'un d'entre eux est prêt à changer d'avis.

- Je te souhaite bien du courage, dit simplement l'aîné.

Les deux hommes se lèvent et Lucius guide son cadet dans les souterrains du manoir. La chaleur de ce début août ne pénètre pas jusqu'ici et on se croirait presque dans une chambre froide. Les cachots sont sinistres, d'ailleurs Lucius n'y est pas retourné depuis qu'il a sorti Charity Burbage de sa cellule pour la conduire dans la salle du haut. Il frissonne à cette pensée. Cette nuit-là a été la plus éprouvante de toute sa vie. Il ne le dit à personne mais la vision du serpent avalant un cadavre d'une seule traite est pire que le sentiment d'humiliation qui l'a habité durant la soirée.
Mais les voilà devant la porte, il s'empresse de reprendre contenance et actionne la clef dans la serrure.

- Visite. Annonce t-il sèchement en ouvrant la lourde porte de bois.

Il s'efface ensuite devant Ignacius et le laisse seul.
La cellule n'est pas grande, deux mètres sur un et demi à vue de nez, mais très haute de plafond. Elle possède un soupirail minuscule qui envoie un fin rai de lumière. Malgré la pénombre, l'aristocrate parvient à détailler les traits de la jeune femme qui le regarde avec indifférence. Fortement amaigrie et extrêmement pâle, elle est recroquevillée dans un coin de la pièce, sous le soupirail. Sa robe de sorcière est de bonne facture : bleue et très simple, en laine fine. Mais elle part en lambeau : le col est déchiré, le bas sali et elle n'a pas de ceinture.

- Bonjour Gilda, dit-il simplement.

La jeune femme lève la tête et lui renvoie un regard à la fois surpris et horrifié.

- Ignacius. Souffle t-elle, visiblement au bord de l'évanouissement.
-Gilda, réplique t-il d'une voix ferme en jetant un regard circulaire à la cellule où on a enfermé son interlocutrice, je sais que nous ne sommes vraiment pas partis sur de bonnes bases, mais regardez dans quelle situation vous êtes...
-Laissez-moi tranquille!
-Non. Il est hors de question qu'on laisse le moindre sang-pur se perdre.

La réponse lui vaut un gémissement mi-effrayé, mi-suppliant.

-Qu'est-ce que vous me voulez à la fin?!
-Vous proposer un marché. Arrêtez donc de faire l'enfant et écoutez-moi!

Comme elle ne répond rien, il continue:

-Je n'ai qu'à claquer des doigts et vous ne reverrez plus jamais ces murs, et je le ferai si vous acceptez de m'épouser et de me donner des enfants...
-Vous êtes complètement dingue! Fou à lier! Réplique la jeune femme. Jamais je n'accepterai de suivre quelqu'un comme vous.
-Nous allons le voir.

Ignacius sort sa baguette mais n'a même pas besoin de s'en servir. Gilda s'est levée, le défiant du regard. L'aristocrate n'a même pas besoin d'utiliser la légilimencie pour comprendre. Il range sa baguette et l'examine longuement, troublé :

- Quelqu'un sait-il ? Finit-il par lui demander.
- Maintenant oui, répond Gilda d'une voix égale. Vous feriez mieux de me tuer.
- Non.

Il a froid et chaud en même temps, ce qu'il espérait s'écroule mais il refuse de perdre cette guerre-là. Alors il poursuit, conscient d'être sur le fil du rasoir :

- Déjà, je ne saurais pas faire. Et puis c'est un crime.
- Tuer des traîtres à leur sang n'est plus un crime, pour le peu d'actualité que je connais.
- Tuer de sang froid sera toujours un crime Gilda, de même que tuer quelqu'un qui ne nous menace pas.
- Votre entourage n'en dirait pas autant.
- Mon entourage n'a rien à me dire dans ce domaine. Si vous demandez à des tueurs si tuer est un crime, il ne faudra pas vous étonner que la réponse soit négative. J'ai lu votre thèse Gilda.
- Félicitation, réplique t-elle. Vous êtes une rareté.

Aucun d'eux n'a baissé les yeux. Ignacius finit par répondre en se rapprochant d'elle :

- Vous êtes courageuse Gilda, mais mourir ainsi est une fin qui ne rime à rien.
- C'est la seule option pour moi.

Il se penche à son oreille avant de lui glisser :

- Je protégerai votre secret Gilda. Personne ne saura, en échange je vous demande une chose : survivre.

Elle le repousse avec énergie et le fusille du regard. Lui reste impassible, il veut gagner cette partie-là. Il veut la gagner elle, c'est devenu un impératif.

- Pour cela, ajoute t-il. Vous devez m'épouser et m'obéir.

Pourquoi elle ? Jolie, elle n'est toutefois pas extraordinaire. Et elle n'a pas de dot non plus, ou d'héritage. Rien qui ne soit en mesure de fortifier cette branche cadette de la famille Malefoy dont il est le représentant. Et elle ne dispose pas de pouvoirs suffisants pour assurer une grande puissance à sa descendance, quand bien même elle pourrait lui en assurer une.
Cependant, depuis qu'il en a entendu parler elle le fascine, peut-être ce côté à contre-courant ou son courage. Il ne peut s'empêcher de la convoiter et il est déterminé à avoir raison d'elle.

- Devrais-je utiliser un sortilège d'Impérium ? Finit-il par lui demander d'une voix doucereuse.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant