Sinistre présage

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Ginny s'était mise à trembler de tous ses membres et un cube de glace semblait se former dans sa poitrine. L'annonce de Rogue sur le sort qu'il comptait leur réserver achevait lentement de lui faire perdre son sang froid, entraînant une réaction de panique qu'elle devinait difficilement contrôlable.

Le front en sueur, elle s'adossa à la paroi du cachot et essaya de calmer sa respiration saccadée et son cœur qui battait comme un fou entre ses côtes. Peine perdue.

- Neville ! Hurla t-elle une fois que les pas des deux professeurs se furent évanouis.

Aucune réponse ne lui parvint et il lui sembla même que le son de ses cris rebondissait encore contre les parois. Désespérée, elle hurla encore et encore le nom de son ami jusqu'à ce que le son devienne insupportable dans la cellule. Les échos se répondaient les uns aux autres, augmentant encore sa panique et elle finit par s'effondrer sur le sol, haletante et prise de nausées ainsi que d'un violent mal de tête.

L'écho de ses cris, en se dissipant, laissa la cellule froide et encore plus sinistre. Il n'y avait rien d'autre que ces murs nus et froids, taillés presque d'un seul tenant dans le granite, exactement comme...

Lorsque le souvenir de la chambre des secrets jaillit dans son esprit, Ginny se recroquevilla en boule et se mit à pleurer doucement. Cette sensation d'enfermement, la marque indéniable d'un sortilège d'impassibilité jeté sur les murs de la cellule et maintenant ces souvenirs qui remontaient... C'était juste trop pour elle.

Pleurer lui fit un peu de bien mais c'est seulement quelques minutes plus tard qu'elle entendit le bruit de pas réguliers martelant le sol de l'autre côté de la paroi. Cette démarche, elle pouvait la reconnaître entre mille, ayant de nombreuses fois épié le directeur cette année. Pourquoi était-il redescendu ?

D'autres pas dans l'escalier retentirent bientôt et Ginny tendit l'oreille, essayant de capter une conversation.

Aucun doute, c'était Amicius et Alecto Carow.

Severus Rogue était en train de leur donner des consignes : garder à l'œil les élèves suspects et susceptibles d'aider « ces deux meneurs », lui se chargeait des cachots.

En plus de la peur, Ginny sentait la rage l'envahir progressivement, comme si du feu se déversait lentement dans ses veines. Rogue s'apprêtait à les livrer aux accromentules après avoir tenté de les amadouer pour obtenir des informations sur l'AD. Et cette garce de professeur Marty était dans le coup ! Elle les avait attirés dans un piège avec sa fausse histoire de capture. Et ils étaient tombés dedans en allant provoquer la panique à Pré-au-Lard et à Godric's Hollow !

Ginny, ivre de colère, jeta un grand coup de pieds dans la porte du cachot qu'elle essaya ensuite de défoncer en se projetant dessus. Cependant, elle ne réussit qu'à se meurtrir l'épaule même si cette explosion apaisa un peu la rage qu'elle ressentait.

Gagnée par le désespoir, vidée de toute énergie et frissonnante de terreur, elle s'effondra contre la porte en gémissant. De l'autre côté de la paroi, les trois mangemorts continuaient leur conciliabules sans prêter la moindre attention à ses cris et tentatives, comme s'ils avaient été incapables de l'entendre.

Rien que les entendre parler des accromentules donnait la nausée à Ginny, et savoir que Rogue espérait obtenir quelques litres de leur venin en échange de son « cadeau » lui faisait tourner la tête.

Comme son frère Ron, elle avait la phobie des araignées.

Bientôt cependant, elle entendit Rogue et les Carow s'éloigner de leur cachot et remonter l'escalier. Le silence s'installa autour d'elle, plus pesant et sinistre encore que la conversation qui venait d'avoir lieu à portée d'oreilles. Frissonnante, Ginny se recroquevilla contre le mur de sa cellule, essayant vainement de se réchauffer.

Une longue plainte basse et modulée, semblable aux gémissements d'un esprit se fit bientôt entendre. La jeune fille reconnut le chant d'un augurey et se remit à pleurer.

Elle avait beau savoir qu'un orage était prévu ce soir-là et que ces oiseaux chantaient simplement à l'approche de la pluie, à cet instant il ne pouvait lui paraître plus funeste.

Tremblante de froid et de terreur, elle finit par s'endormir, tombant littéralement de fatigue sur le sol de sa cellule, mais sans se douter que le directeur de Poudlard lui-même leur avait jeté un sort de somnolence, discrètement et juste avant de quitter les cachots.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant