Discussion franche

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- Mon fils aime les femmes cultivées et intelligentes, c'est la seule explication que je puisse trouver à votre union.

Gilda tiqua mais Nephtis Malefoy avait au moins le mérite d'être claire sur ce qu'elle pensait de la situation. Depuis les deux semaines qu'elle s'était installée au château, Gilda et la vieille femme s'étaient rapprochées et leurs échanges se faisaient plus cordiaux de jour en jour. Bien sûr, il ne s'agissait pas d'amitié et encore moins de tendresse réciproque, mais l'estime que chacune portait à l'autre était allée grandissant.
Gilda redécouvrait peu à peu la vieille femme, beaucoup plus humaine qu'on ne le pensait au premier abord. Son caractère revêche et désagréable s'était révélé une bonne couverture pour leur entreprise. La Gazette du Sorcier ayant tenu à les interviewer, Nephtis s'était admirablement prêtée au jeu, donnant l'impression qu'elle-même impulsait l'entreprise et dictait à son fils la marche à suivre. Ainsi, les soupçons d'acoquinement avec les Nés-moldus et autres traîtres que son mariage avec Gilda véhiculait avaient fondu comme neige au soleil.
Nephtis la matriarche régnait en maître sur ce qui était vu comme le coup de poker du siècle. Elle avait surfé sur le passé familial passé à négocier (arnaquer) avec le monde moldu, l'implication ancienne des Malefoy dans la traite négrière notamment et leur réputation de financiers à toute épreuve.
Ainsi, toute la manœuvre était on ne peut plus crédible.

Gilda devait se faire une raison, c'était comme si son passé de rebelle n'avait jamais existé. Elle savait parfaitement ce qui se murmurait sur son compte : elle avait retourné sa veste, comme la lâche qu'elle était.

D'ailleurs, les Selwyn avaient à présent si mauvaise presse qu'elle avait reçu de son frère une lettre incendiaire, laquelle venait malencontreusement de tomber dans les mains de Nephtis Malefoy et c'était pour cela que les deux femmes discutaient à présent dans le salon. Ou plutôt, Nephtis sermonnait sa bru qui s'était laissée gagner par la tristesse un instant.
Au sermon sur la nécessité de garder la tête haute avait cependant succédé une de ces discussions incongrues et décousues en apparence dont la matriarche avait le secret. A présent, celle-ci en était à échafauder une folle théorie sur les racines de l'attirance qu'Ignacius avait éprouvé pour Gilda.
Prudente, la jeune femme se taisait. Quand Nephtis se mettait à lui parler de son fils, ce n'était jamais bon signe. Suivait irrémédiablement une vacherie ou, de plus en plus souvent, un avertissement. Cela ne ferait pas exception aujourd'hui car Nephtis poursuivait déjà :
- Cette Federica, ce n'est pas une née-moldue mais une fille Gobeplanche. Pourquoi a t-elle été emprisonnée ?
- Elle a épousé un moldu, comme moi belle-mère, et fait des déclarations incendiaires à propos de la suprématie des Sang-purs, comme moi.

Nephtis ne tiquait plus lorsque Gilda fait allusion à sa vie antérieure. C'était une des bases de leur respect mutuel. Elle ne relevait pas non plus, et passa à autre chose :
- Ce n'est pas non plus n'importe quelle femme. Elle est brillante à ce que je vois, et pourtant très simple. Enfin... Ce n'est pas comme si elle avait le choix. Mais ne la laissez pas trop s'approcher de mon fils, je ne saurais tolérer qu'un nouveau scandale sentimental éclate dans la famille.
- Je vous demande pardon ?

Gilda est estomaquée, autant par l'audace de Nephtis que par la simple idée qu'Ignacius puisse avoir des vues sur Federica. Cela lui semblait totalement irréaliste, cependant la matriarche l'avertit :
- Je connais mon fils Gilda, et nous sommes entre femmes alors nous pouvons nous permettre une discussion franche. C'est un homme qui aime les femmes et la variété, bien qu'il ne soit jamais allé jusqu'à ternir sa réputation. Et je peux vous dire une chose : il regarde de plus en plus Federica Scott.
- Quand bien même cela serait vrai, répliqua Gilda. Que suis-je sensée y faire ?
- Pas grand-chose, je le reconnais, si ce n'est peut-être éveiller quelque peu son intérêt pour vous. Je veux bien concevoir que dans votre position cela soit difficile mais tout de même.
- Chère belle-mère, je rêve ou nous sommes en train de parler chiffons ?
- Nous sommes entrain de parler unité familiale, ma chère bru. Et je me préoccupe en premier lieu de notre sécurité à tous. Si un scandale venait à éclater, notre famille serait discréditée, vous-même en danger et ma petite Eris humiliée. Quant-à tous ces enfants... Je ne donne pas cher de leur peau dans ce cas.

Gilda pâlit à l'avertissement de Nephtis qui en profita pour continuer :
- Comprenez-vous à présent pourquoi de tels débordements de tristesse doivent être contenus ? Ils vous éloignent de nous tous et d'Ignacius en premier lieu. Je sais parfaitement que vous ne l'aimez pas, autant qu'il vous a courtisée par attrait pour l'interdit, l'imbécile ! Mais ce qui est fait est fait et maintenant vous devez assumer et tenir votre rôle. Vous servirez ainsi beaucoup mieux tout le monde qu'en vous mettant à pleurer dès que vous ne savez plus sur quel pied danser.
- Je comprends oui...

Allez donc vous occuper du groupe qui fait la lessive, cela fait longtemps qu'il ne vous ont pas vue...

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant