L'invitation d'Ombrage

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C'était officiel:
Severus Rogue avait décidé que plus jamais il ne consommerait plus de trois verres en une soirée.

Grognant contre le foutu mal de tête qui ne voulait pas le laisser tranquille, le maître des potions vida sa tasse de thé par la fenêtre d'un geste sec. Puis il se dirigea vers sa salle de cours dont la fraicheur et le peu d'éclairage lui apportèrent quelque peu de soulagement, tout en espérant que Gilda ne s'était pas oubliée au lit.
Le regard qu'il lança aux quatrième année suffit à faire comprendre à tous qu'il n'était pas question de chahuter.

Gilda de son côté n'avait pas tous ces soucis, ayant fait preuve d'une grande sobriété la veille, mais en revanche elle était en proie à une énigme assez inquiétante. Ombrage était venue inspecter son cours comme assez souvent mais s'était montrée de la plus exquise amabilité. Aussi la jeune femme était fort troublée lorsqu'elle sortit de sa classe avec un paquet de copies des première année, que se passait-il donc?
La matinée touchait presque à sa fin, elle avait un peu moins d'une heure pour commencer ses corrections et ne comptait pas gâcher ce temps précieux. Mais elle se figea pourtant à l'entrée de ses appartements...
Une boite ouvragée était posée bien en évidence sur la table, à l'endroit où les elfes avaient l'habitude de laisser le courrier.
« Tien donc... » Marmonna la jeune femme.

Persuadée qu'il s'agissait d'une erreur d'envoi, elle s'approcha de la table et entrouvrit la carte qui se trouvait dessus dans l'espoir de savoir à qui l'objet était destiné.
« Pour Gilda Marty, avec mes meilleurs sentiments. I Malefoy »

Gilda referma le papier assez brusquement et retira sa main comme si la boite avait voulu la mordre, il s'agissait d'un écrin à bijou de grand prix dans lequel brillait une parure de perles rares.
La jeune femme ne chercha même pas à la regarder de plus près, elle s'approcha de la cheminée et l'utilisa pour se rendre directement en cuisine.
Les elfes étaient extrêmement affairés lorsqu'elle pénétra dans la pièce, et pour cause le repas était pour dans peu de temps. Toutefois l'elfe cuisinier en chef s'approcha d'elle avec empressement et force courbettes:
-Bonjour. Vous désirez madame? Demanda t-il de sa petite voix flutée.
-Bonjour à vous, répondit Gilda, je suis désolée de vous déranger mais j'aurais voulu voir l'elfe qui distribue le courrier aux professeurs. Un colis m'a été envoyé mais je souhaite le retourner en l'état à l'envoyeur.
-Je vais faire passer le message, madame, répondit la créature, pourquoi? S'agit-il d'une erreur?
-Non, expliqua la jeune femme, c'est un refus de ma part. Le colis m'était bien destiné mais je ne l'attendais pas et n'en aie que faire... Pourriez-vous dire également à l'elfe qui s'occupe du courrier que, si un autre paquet ou une lettre du même expéditeur lui parvient, il la renvoie?
-Bien madame, répondit le cuisinier en chef.
-Je vous en remercie.
Et Gilda quitta la cuisine comme elle y était entrée.
Dix minutes plus tard, le paquet avait disparu sans qu'elle n'y ait jeté un regard supplémentaire ni qu'elle en ait brisé le cachet de cire. Elle s'était attaqué à ses corrections en pestant contre la perte de temps que lui avait infligé ce colis, aussi fut-elle peut-être un peu plus sévère qu'à l'ordinaire avec les élèves.
Elle ne descendit pas manger non-plus car, trop soucieuse, elle n'avait pas faim du tout.
Mais pourquoi fallait-il que le frère ainé Malefoy s'intéresse à elle? N'aurait-il pas pu choisir quelqu'un d'autre? Le monde sang-pur était-il donc si moribond pour qu'il en soit réduit à la courtiser?
Gilda se promit intérieurement de ne plus jamais participer à une soirée mondaine... Et qu'importe les sermons de Severus!
Si c'était pour se faire draguer par le premier aristocrate en mal d'amour venu...

L'après-midi se déroula toutefois sans encombre et cela la rasséréna quelque-peu, après-tout elle ne risquait rien ici... Même les sixième année Serpentard se montrèrent attentifs.
Accessoirement, cela ne contribua pas à rassurer la jeune femme dans l'esprit de laquelle plusieurs explications commençaient à s'échafauder, notamment concernant l'attitude si courtoise d'Ombrage.

D'ailleurs cette courtoisie ne s'arrêta pas là, alors que Gilda sortait du repas avec l'intention de passer la fin d'après-midi à faire des corrections, l'inquisitrice l'arrêta avec un grand sourire aux lèvres:
-Gilda! Il paraît que vous n'avez pas cours cet après-midi?
-Non en effet, répondit la jeune femme, pourquoi cette question?
-Je me demandais, expliqua Ombrage, si vous accepteriez de venir prendre un thé avec moi.

La jeune femme faillit prétexter son travail pour refuser aimablement, mais quelque-chose la convainquit d'accepter l'invitation. Mieux valait en effet ne pas fâcher Ombrage et puis, elle voulait en apprendre plus.
-Ce sera avec plaisir, répondit-elle.
Et elle emboita le pas à Ombrage...

...S'attirant ainsi les regards vaguement inquiets de nombre de personnes.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant