Sirius et Neville

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« Les enseignements du Seigneur des Ténèbres dépassent tout ce qu'on peut imaginer, et j'en suis à la vérité bien indigne... Quant-à ces charmantes petites variantes... Disons que les ressources de ma tante Walburga sont fort précieuses, même si elle n'aime guère que je les utilise dans ce but... »

Severus entendait cette phrase en boucle dans sa tête, il prit une respiration puis toqua à la porte du douze square grimaud. Il savait pertinemment qui lui ouvrirait, et cette perspective ne le réjouissait guère à vrai dire. Mais il n'avait aucun choix.

-Bonsoir Black. Murmura t-il.
-Un bonjour serait plus approprié Severus. Lui répliqua le fugitif. Que fais-tu là? J'imagine que tu ne viens pas par plaisir...

Severus fit un effort pour demeurer de marbre face à l'arrogance de Sirius Black. Il se contenta de lui répondre:

-Gilda Marty est en danger de mort, elle a été touchée par une combinaison du Sectusempra et d'un retors de Bellatrix. Cela donne un sortilège à progression qui menace son corps.
-Cela ne m'explique rien.
-Bellatrix a souvent fait allusion à la bibliothèque de ta mère comme source d'une partie de sa formation. Je sais qu'elle y a notamment appris les retors. Peux-tu me donner accès à cette bibliothèque?

Le visage de Sirius Black avait à présent perdu une partie de son air menaçant, toutefois il secoua la tête avec un haussement d'épaules impuissant:

-C'est impossible, je ne peux y accéder moi-même. Ma mère devait penser que je tenterais de détruire ses ouvrages, alors elle l'a fermée, c'est son portrait qui en garde l'entrée.

Le maître des potions sentit son cœur tomber à cette annonce, toutefois Sirius finit par dire:

-Nous deux, impossible d'entrer: tu es sang-mêlé et moi un traître. Mais ma mère appréciait Gilda Selwyn dans le temps, pourquoi ne pas la faire essayer?

Severus hocha la tête à l'affirmative, mais si cela ne marchait pas? Si le portrait insultait aussi Gilda? Il se fit la réflexion que dans ce cas, il utiliserait des méthodes plus destructrices, mais il dégagerait cette fichue entrée.
Pour l'heure, la principale difficulté était d'aller parler à la jeune femme. Sans l'avouer à personne il s'en voulait toujours affreusement, et entre lui et Gilda il avait l'impression qu'une barrière s'érigeait lentement, faite de culpabilité, de peur du lendemain, de douleur et de honte. La fuite de la jeune femme face à lui avait suffit à faire ressortir une profonde douleur, un sentiment de malaise et un goût de déjà-vu.
Toutefois Severus était quelqu'un de beaucoup plus courageux que beaucoup auraient accepté de le dire. Et des années à pleurer la perte d'un être cher lui avaient au moins servi à savoir une chose:

Il ne revivrait une telle perte pour rien au monde, et il s'accrocherait à Gilda, quoi qu'il puisse lui en coûter.

Aussi, c'est tendu mais déterminé qu'il retourna au château et emprunta le chemin des appartements de Gilda Marty. En pleine nuit le château était désert et silencieux, il aperçut simplement Miss Teigne qui passa devant lui sans s'arrêter, habituée à le croiser.
Arrivé devant la porte, il frappa sans prendre le temps de retrouver son souffle, de peur de perdre courage. Sébastian ouvrit presque aussitôt, à sa grande surprise.

-Tu n'es pas couché? Lui demanda le maître des potions.
-Je l'étais, répliqua l'enfant, mais Moon a fait un cauchemard, si tu cherches maman elle s'occupe d'elle.
-Je vais attendre qu'elle ait fini, il faut que je lui dise quelque chose au plus vite.

Severus resta sur le pas de la porte, il n'osait pas entrer tant que Gilda ne l'y invitait pas. Sebastian hocha la tête, avant de lui demander:

-Tu as trouvé quelque-chose pour la guérir?
-Non Sébastian, pour l'instant je n'ai qu'un potion atténuante, et encore... Mais là j'ai besoin d'elle pour pouvoir chercher dans un endroit où je pourrai peut-être trouver quelque-chose de plus.

Il s'interrompit pour saluer Gilda qui venait d'entrer dans la pièce à vivre avec Moon dans les bras. La jeune femme semblait épuisée et elle s'adressa à Sebastian un peu sèchement.

-Allez, maintenant tu vas te coucher!

Penaud, l'enfant obéit après avoir salué Severus et disparut dans sa chambre. Gilda posa Moon en pleurs sur le canapé et vint embrasser le maître des potions avec des gestes mécaniques. Cela n'empêcha pas Severus de l'étreindre en lui demandant comment ça allait.

-ça va... Répondit Gilda, à part quelques courbatures. Et toi?

Severus grimaça car c'était précisément les symptômes de la progression d'un maléfice. Il s'avança dans la pièce sans fermer la porte d'entrée, sûr de vite repartir, mais répondit cependant:

-Je reviens du QG de l'Ordre du Phoenix, je m'y suis rendu après avoir mis l'élixir à reposer. D'ailleurs ce sera prêt dans moins d'une heure, mais il faut avant-tout que je te parle.
-Ah bon?

Gilda semblait terriblement lasse tandis qu'elle était retournée près du canapé pour consoler Moon. Severus s'approcha d'elle, pressé d'en finir avec cette tension:

-Pour contrer Bellatrix, il nous faut connaître la nature de son sortilège, je sais qu'elle s'est énormément formée grâce à la bibliothèque de sa tante. Black m'a indiqué qu'il ne pouvait pas y entrer lui-même...
-Black? Demanda Gilda en soulevant la fillette sur ses genoux.
-Oui, Sirius Black. Le portrait de sa mère garde l'entrée de sa bibliothèque. Mais peut-être que toi tu pourras passer. Tu étais proche de Walburga dans le temps...
-Certes, répondit la jeune femme, mais Walburga Black avait surtout des principes stricts...
-Elle a su que tu t'étais mise en ménage avec Yannick?
-Non.
-Alors elle ne t'identifiera pas comme traîtresse, à condition que tu puisses t'approcher seule de son tableau. Il suffit que tu ouvres l'entrée et nous pourrons explorer la bibliothèque.

Gilda tiqua et l'arrêta d'un geste de main, elle se leva et s'approcha de la fenêtre, Moon presque endormie dans ses bras:

-Severus, je ne mentirai pas au tableau de Walburga, de toute façon cela ne servirait à rien...
-Un tableau n'a pas les propriétés mentales d'un humain Gilda.
-Je ne parle pas de ça Severus. Je connais cette pièce et je sais que nous n'y trouverons rien...

Le maître des potions se demanda si le découragement était également un signe de la progression du maléfice. Il s'abstint de poser la question à voix haute, il n'en n'eut d'ailleurs pas le temps car Gilda continuait:

-La bibliothèque des Black nous est inaccessible car elle est exclusivement constituée de livres écrits en français, voire en ancien français. Ni toi ni moi ne le maîtrisons et Sirius lui-même n'a pas le niveau suffisant. D'ailleurs, le domaine de la magie à progression est un fleuron de l'arithmencie française, et leurs chercheurs gardent leurs secrets comme tu dois le savoir...
-C'est pour cela que Sainte Mangouste ne t'a pas immédiatement diagnostiquée, pensa Severus à voix haute, ils maîtrisent mal ce genre de magie.
-C'est cela.

Gilda s'était tournée vers lui d'un air triste:

-Tu es un grand sorcier Severus, mais je ne me fais pas d'illusions. Si les français n'ont pas trouvé la clef du mystère depuis le demi-siècle qu'ils étudient ces maléfices, nous resterons impuissants.
-À moitié impuissants Gilda, ne put s'empêcher de répliquer le maître des potions, c'est le Sectusempra qui agit sur ton corps, et lui je peux l'arrêter.
-Excuse-moi deux minutes, répondit la jeune femme, je vais coucher Moon.

Elle se leva et disparut comme une ombre, Severus resta songeur et malheureux face à une telle attitude. Il sentait que quelque-chose avait brisé Gilda, pas un maléfice mais quelque chose de plus douloureux encore.
Un bruit au dehors attira son attention, il se leva et constata qu'il avait oublié de fermer la porte. Toutefois il ne surprit personne dans les couloirs et du se contenter de refermer le battant, un peu inquiet.
Lorsqu'il se retourna, Gilda était déjà revenue dans la pièce. Elle semblait ne pas oser s'approcher de lui. Severus ne maîtrisait plus son agacement, à sa grande surprise il lui lança sur un ton provoquant:

-Il y a un problème?

Gilda ne resta surprise qu'un instant, lorsqu'elle lui répondit il comprit immédiatement qu'il avait déclenché la tempête. Et à vrai dire, il ne le regrettait même pas.

-C'est sensé être une question?

Le ton était ironique et assez dur, quoiqu'elle lui parle à voix basse et elle continua sur sa lancée:

-J'ai moins de deux mois à vivre, et mes enfants n'ont personne d'autre que moi. Ils sont petits, d'origine moldue, Yannick n'avait pas de famille et la moitié des sorciers sang-pur veulent leur mort. Alors non! Il n'y a pas un problème, il y en a des dizaines!
-Qui te dit que tu vas mourir? Tu ne veux même pas essayer de te sauver!
-Je t'ai déjà expliqué le problème! Nous avons d'un côté une bibliothèque que nous ne pouvons pas lire! Et de l'autre une médecine impuissante, ou étrangère!

Severus n'eut pas le temps de répondre alors qu'il s'apprêtait à crier, une voix timide parvint de derrière lui:

-Moi je connais les arithmenciens français... Le professeur Voisin a travaillé sur ce domaine.
-Londubat!

Severus s'était retourné, furieux, il tira même sa baguette vers l'adolescent terrorisé, qui eut toutefois le courage de continuer:

-Si vous cherchez à décortiquer un sortilège à progression lançé par Bellatrix Lestrange, je pense que c'est lui qu'il faut contacter, il a soigné mes parents il y a quatorze ans, et je sais qu'il fait toujours des recherches dans ce domaine.
-Londubat, répliqua calmement Severus, il est presque trois heures du matin...
-J'ai perdu mon mot de passe de salle commune professeur.
-Le professeur Voisin vous dîtes?
-Oui, Joseph Voisin, il vit à Paris sur l'île de la cité. C'est lui qui a réussi à endiguer la progression du sortilège de Bellatrix Lestrange sur mes parents, autrement ils seraient morts.
-Allez vous coucher Londubat, avant que je ne vous enlève encore des points, votre mot de passe est Potage exquis.

Neville s'éclipsa aussi discrètement qu'il était arrivé, ce qui chez lui n'était pas coutumier. Severus se tourna vers Gilda qui semblait encore interloquée:

-Tu as vu? Lui dit-il sur un ton ironique, j'ai été absolument impartial.

La jeune femme eut une réaction assez inattendue, elle éclata de rire tout en se mettant à pleurer. Severus passa un bras autour de ses épaules, elle était visiblement épuisée et à bout de nerf, mais un poids venait de se libérer de ses épaules:

-J'avoue que je n'y avais pas pensé, murmura t-il, et pourtant je sais ce qu'il en est des parents de Londubat. Bon, Lactorius arrive dans quelques heures, et l'élixir sera prêt dans un instant. Je vais te le chercher comme ça tu pourras te recoucher ensuite. Et quand Lactorius sera là, je lui demanderai de contacter le professeur Voisin.
-S'il fait encore des recherches dans ce domaine, nul doute qu'il sera intéressé, marmonna Gilda.

Severus n'en pensait pas moins, il se dépêcha de redescendre dans ses appartements et constata avec soulagement que l'anasectusempra avait sa couleur bleu pervenche habituelle. La préparation était optimale, il en versa une dose dans un flacon et réserva le reste dans la niche englacée pour Lactorius.

Lorsqu'il revint dans les appartements de Gilda, celle-ci s'était assise sur le canapé et enveloppée dans un châle. Il remarqua immédiatement un hématome au bas de sa mâchoire et se crispa. Le sortilège était en train de l'attaquer.

-C'est bon, j'ai la potion, lui dit-il pour la rassurer. Tu as des bleus?
-Oui, répondit Gilda, je crois que cela a commencé lorsqu'on s'est mis en colère...

Il lui tendit le flacon et attendit, tendu, que l'effet se produise. La jeune femme avait ôté son châle, dévoilant des hématomes sur tout son cou. Ceux-ci disparurent à l'exception de celui situé sous la cicatrice qui ne s'estompa pas entièrement.

-Tu as toujours tes courbatures?
-Non, répondit Gilda, elles ont disparu quand les bleus ont commencé à apparaître.
-C'est ce que je pensais, elles annoncent l'attaque du sort. L'Anasectusempra est normalement préventif, lui indiqua Severus, je vais faire en sorte que tu en aies toujours un flacon avec toi. Fais attention car la potion se conserve dans la glace. Dès que tu sentiras les courbatures, tu la prendras, ce sera plus efficace je pense.

Severus se leva, avisa une boite en bois non loin et demanda à Gilda s'il pouvait l'utiliser. Elle répondit à l'affirmative et il en gela toutes les parois avant de sortir en l'emportant sous le bras.
Ce qui lui restait de potion dans ses appartements se résumait à trois doses, il n'en laissa qu'une pour Lactorius et remplit deux flacons avec les autres. Il les plaça ainsi dans la glacière improvisée.
Gilda s'était endormie sur le canapé à son retour, Severus vérifia son état et remarqua que le dernier hématome n'était plus visible. Il l'allongea convenablement sur le canapé et ramena de sa chambre une couverture qu'il étala sur la jeune femme.
Gilda se réveilla quelques heures plus tard, l'esprit embrumé et vaguement migraineuse. Lorsqu'elle se redressa et croisa le regard de Severus elle lui demanda:

-On s'est vraiment disputé hier?
-On s'est parlé assez vivement, tôt dans la matinée, lui répondit le maître des potions.

Gilda se laissa retomber sur le coussin du canapé en marmonnant:

-ça m'a fiche en l'air ma nuit... J'ai même rêvé que Londubat nous indiquait le nom d'un grand médecin français...
-J'ai rêvé la même chose ma chérie...

Gilda fronça les sourcils et il éclata de rire tandis qu'elle se levait en baillant.
migraineuse. Lorsqu'elle se redressa et croisa le regard de Severus elle lui demanda: -On s'est vraiment disputé hier? -On s'est parlé assez vivement, tôt dans la matinée, lui répondit le maître des potions. Gilda se laissa retomber sur le coussin du canapé en marmonnant: -ça m'a fiche en l'air ma nuit... J'ai même rêvé que Londubat nous indiquait le nom d'un grand médecin français... -J'ai rêvé la même chose ma chérie... Gilda fronça les sourcils et il éclata de rire tandis qu'elle se levait en baillant.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant