Cicatrisation rapide

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Federica n'avait pas eu besoin d'ouvrir le paquet pour savoir ce qu'il contenait.

En revanche le recevoir était une vraie surprise, et comprendre comment diable Angela avait réussi à sauver ce miroir lui demeurait impossible.

La robe brune qui lui avait été donnée possédait l'avantage d'être faite d'un tissus ample et épais, Ainsi que de posséder une grande poche. Federica soupçonnait d'ailleurs qu'à l'origine, c'était plutôt une robe d'homme.

Quoi qu'il en soit, elle n'avait eu aucun mal à dissimuler le miroir et, au bout de plusieurs heures, put enfin s'isoler pour le déballer et y jeter un œil.

Comme elle s'y attendait, il ne fallut que quelques secondes pour que sa cousine apparaisse dans le reflet. Un sourire se forma sur ses lèvres.

- Comment vas-tu ? Lui demanda Angela sans préambule.

- Bien, rassure-toi, répondit Federica. Ces gens-là ne sont pas mauvais. Mais j'ignore ce que sont devenus Antonin et William. Je n'ai pas beaucoup de temps...

- Antonin et William sont avec nous, tu n'as plus à t'en faire. William a eu l'excellent réflexe d'attraper son père directement au travail quand il a appris ton arrestation, ils ont pris un avion jusqu'à Stuttgart en laissant tout derrière eux et le village de Seebach les a accueillis comme réfugiés.

Sous l'effet du soulagement et de la surprise, Federica sentit les larmes lui monter aux yeux. Son mari et son fils étaient donc vivants.

- Et toi, dit-elle d'une voix fébrile, moitié riant moitié pleurant. Dans quoi t'es-tu encore fourrée ?

- Dans les ennuis, comme à mon habitude, répondit Angela. Et il y a fort à parier que j'y laisserai au moins ma place de supérieure. Schwester Athénaïs n'attend plus que ça, même si j'aimerais que Schwester Théa se présente aussi, elle aurait ses chances et je serais plus tranquille de savoir l'école entre ses mains. Mais passons aux choses sérieuses, comment les Malefoy ont-ils appris qui j'étais ?

Federica soupira et lui raconta à voix basse les événements qui s'étaient enchaînés depuis leur arrivée au manoir, y compris le comportement équivoque d'Ignacius. A vrai dire, Angela était la seule à qui Federica pouvait confier ce genre de choses. Comme l'horloge tournait, elle ajouta :

- Je vais devoir y aller, de quoi as-tu besoin ?

- De renseignements, répondit Angela. Je t'enverrai des messages puisque ces miroirs sont capables de les garder plusieurs jours. Ne prends pas de risques mais essaie de me répondre. Et ne te fais pas trop de bile pour se châtelain. Maintenant qu'il sait qui tu es je doute qu'il aille beaucoup plus loin. Si besoin, je le reverrai.

Federica acquiesça, mais à présent elle devait y aller car on allait se demander où elle se trouvait. Elle salua sa cousine et rangea avec précaution le miroir dans sa poche. Puis elle retourna comme si de rien n'était à son poste de la buanderie.

Quelques heures plus tard, elle sentit dans sa poche le miroir qui chauffait. Pas surprise le moins du monde et consciente que le message n'allait pas disparaître, elle fit taire son impatience du mieux qu'elle put et tint bon jusqu'à ce que tout le monde soit couché. Enfin, elle sortit silencieusement, se rendit aux sanitaires dans lesquels elle s'enferma et sortit le miroir.

Angela lui demandait s'il existait des sortilèges de protection autour du manoir. Voilà qui était surprenant, comment aurait-elle pu le savoir ? En même temps empêcher leur fuite semblait une chose logique, il faudrait qu'elle en aie le cœur net. Et cela devrait attendre le lendemain.

Elle retourna se coucher et prit soin de cacher le miroir sous son oreiller afin d'éviter qu'on le lui vole et à la fois de le casser.

L'occasion de tester les protections du manoir se présenta dès le lendemain, comme elle l'avait espéré. Comme il faisait plutôt beau, bien que froid, le enfants furent chargés de débarrasser les massifs du jardins des pierres qui jonchaient la terre. Toute l'après-midi y fut consacrée et Federica eut ainsi le loisir de s'approcher des limites de la propriété.

Comme elle se trouvait près des grilles qu'on leur avait défendu de toucher, elle fit mine d'une maladresse, perdit l'équilibre et se raccrocha à une des barres de métal.

La douleur qui irradia aussitôt sa main lui arracha un hurlement et elle la retira précipitamment, achevant de tomber par terre. La surprise passée, elle regarda sa main : celle-ci était lacérée et le sang coulait abondamment. Joy qui se trouvait à côté d'elle poussa un cri, Federica plaqua aussitôt sa main indemne sur sa main blessée et s'éloigna du groupe d'enfants.

Nephtis avait accouru à son cri et lui lança un regard peu amène, aussi Federica feignit-elle la surprise :

- Je suis tombée contre la grille du massif, dit-elle. Et il y a quelque-chose mais je ne sais pas quoi qui m'a joliment coupé la main. J'espère que j'ai rien dans la blessure.

Disant cela, elle tendait sa main ensanglantée à Nephtis qui recula :

- Allez nettoyer ça et revenez vite, gronda la vieille femme.

Federica ne se le fit pas dire deux fois, elle gagna les sanitaires et là seulement ôta sa main de la blessure. Sans grande surprise mais avec un réel soulagement, elle constata que la plaie achevait de se refermer. Passant sa main sous l'eau pour nettoyer le sang qui avait coulé, elle sortit le miroir et appela Angela. Celle-ci apparut après quelques secondes :

- Il y a des charmes, lui dit Federica. Et ils sont dangereux.

Elle lui raconta rapidement son stratagème et sa cousine sourit :

- Bien joué. Comment va ta main ?

- Pas mal, ça s'est complètement refermé avec l'eau. Merci au sang qui coule dans mes veines.

Mais elle ne pouvait s'attarder plus sans prendre de risques, aussi elle rangea le miroir et quitta la salle d'eau pour retourner à son poste.

Elle n'avait pas traversé le couloir qu'elle croisa Ignacius, alarmé :

- On m'a dit que vous aviez été blessée, lui dit-il sur un ton inquiet.

- Ce n'est rien, regardez c'est déjà refermé.

Ignacius écarquilla les yeux à la vue de la blessure dont ne subsistait plus qu'une cicatrice un peu rouge.

- Comment est-ce possible ?

- C'est lié à notre sang, répondit-elle. Certaines de nos ancêtres étaient des ondines et nos blessures cicatrices à une vitesse surnaturelle. C'est pour cela que je me suis dépêchée d'aller nettoyer ma plaie, si elle s'était refermée avec un corps étranger à l'intérieur, c'était l'infection assurée.

- Vous avez du sang d'ondine dans les veines ? Mais je croyais que...

- Ma cousine est une semi-ondine, compléta Federica. Mais toute la famille a une ou deux ancêtres ondines dans sa généalogie. Il n'est pas impossible que mon arrière grand-mère, la mère de Kleine, en ait été une. Enfin, on sait qu'il y en a dans l'arbre généalogique...

Ayant dit cela, elle s'inclina devant le chatelin, et prit congé pour retourner auprès des enfants.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant