Bobard Mirifique

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Ginny Weasley et Neville Londubat se tenaient à présent devant lui dans le bureau directorial, dûment désarmés mais l'air déterminé à ne pas cracher le morceau. Severus les avait interrogés, soit disant pour des éclaircissements après les événements de la nuit précédente. Il donnait ainsi le change aux Carrows en prétendant s'occuper personnellement de quelques vérifications. Sa réputation de legilimens accomplis et d'utilisateur peu scrupuleux du veritaserum faisait le reste.

Pour l'heure cependant, il avait un premier problème à régler : gagner la confiance de ces deux-là et ce n'était pas gagné. Il avait espéré que la présence de Gilda l'y aiderait mais les deux adolescents faisaient preuve d'une prudence de chat et niaient en bloc avoir jamais possédé un gallion comme celui de la jeune femme. En désespoir de cause, elle venait de leur transmettre un message par l'intermédiaire de la pièce, espérant qu'ils le liraient plus tard :

« Neville, Ginny, ici prf Marty – Faîtes moi confiance »

Elle-même ne leur avait rien dit du contenu, mais Severus l'avait lu pendant qu'elle modifiait le gallion. Même le fait qu'elle soit capable de dire exactement qui possédait encore ce genre de pièces n'avait pas permis qu'ils baissent leur garde.

Par conséquent, Severus ne voyait plus qu'une seule solution, celle qu'il avait envisagée dès le début en cas de mur mais qu'il répugnait à appliquer à cause du danger : Il allait les mener chez les centaures avec lui.

Mais, avant cela, il lui fallait donner le change aux Carrows. Aussi, comprenant qu'il ne serait pas écouté de toute manière, il enchaîna les deux jeunes gens d'un coup de baguette. Fit signe à Gilda de disparaître par la cheminée et, cela fait, ouvrit la porte du bureau en traînant les deux adolescents derrière lui. Il les fit descendre jusque aux cachots avant de les enfermer chacun dans une cellule distincte et de jeter dans chacune un sort d'insonorisation qui rendait toute communication impossible.

Un coup de baguette plus tard, il leur avait même confisqué à chacun leur gallion, inutile que l'AD entière se mêle de l'affaire pour le moment, et tant pis pour le message de Gilda qu'il effaça immédiatement.

Il venait juste de fourrer les deux pièces dans sa poche lorsque les pas d'Alecto résonnèrent dans l'escalier des cachots. Il s'y attendait. La mangemort apparut aussitôt toute excitée :

- Je viens pour la séance de doloris, lui dit-elle d'un air sadique. Si tu veux me laisser faire bien sûr...

- Inutile, répondit Severus.

Alecto ouvrit de grands yeux surpris et contrariés, mais il ne lui laissa pas le temps d'étaler ses arguments et répondit :

- A priori, ils ne sont pas liés aux événements de cette nuit, mais je sais qu'ils ont participé à d'autres coups d'éclat et j'en ai marre d'avoir cette épée de Damoclès au dessus de la tête.

- Que vas-tu faire ? Lui demanda la sorcière avec un sourire carnassier, devinant sans doute qu'il allait lui annoncer quelque-chose de particulièrement intéressant.

- Utiliser cette chair fraîche pour entretenir de bonnes relations avec les accromentules. J'ai besoin de choses que l'on ne peut trouver que chez elles pour fabriquer certaines potions. Donc pas de doloris, il paraît qu'elles sentent les sortilèges.

Le plus délicat était fait. Il l'entraîna plus loin, hors du cachot, comme s'il voulait parler sans être entendu des deux prisonniers. Une fois remontés par l'escalier, il vérifia que personne ne les écoutait et dit sur le ton de la confidence, presque à voix basse :

- En vérité, je compte que les accromentules ne m'en tuent qu'un et que le second y assiste. A son retour je le réintègre dans l'école, juste le temps qu'il raconte ça à ses camarades avant de le faire interner à Sainte-Mangouste. La peur Alecto, il n'y a que ça qui pourra calmer les ardeurs de ces jeunes-là. Une peur savamment distillée...

Comme la mangemort l'écoutait, ou plutôt buvait littéralement ses paroles, il comprit qu'il avait gagné. Mais pour que l'ensemble de son plan fonctionne, il lui fallait parer à tout éventualité aussi il ajouta :

- Va chercher ton frère Alecto, et rejoignez-moi en bas dans les cachots. Nous devons nous organiser afin d'être sûrs que personne ne perturbe notre plan...

Lorsque la mangemort tourna les talons, toute guillerette, Severus se fit la réflexion que c'était bien le meilleur bobard qu'il ait sorti depuis des mois.

Et pourtant, les bobards ça le connaissait.

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant