Quelle belle famille!

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Celui ou celle qui était entré ne resta pas longtemps et Gilda ne put deviner de qui il s'agissait, elle n'avait pas ouvert les yeux de peur de se trahir et la démarche de la personne ne lui était pas du tout familière.
L'inconnu(e) sorti de sa chambre, Gilda avait ôté la robe qu'on lui avait enfilé durant son sommeil et remis ses habits habituel. À présent elle déambulait dans le manoir familial à la recherche d'une issue quelconque, peine perdue...
Le manoir était habité mais la famille de Gilda se concentrait dans l'étage du bas, et il n'y avait pas âme qui vive à partir du premier palier. Toutefois cela ne l'aidait pas à sortir.
Les Selwyn avaient pris leurs précautions, tout était bouclé et elle n'avait aucune chance de s'échapper seule. Quant-aux cheminées elles avaient été équipées de pare-feu. Gilda se serait bien jetée dans les douves pour gagner la rive à la nage, mais la présence de personnes visibles depuis les fenêtres du manoir l'en dissuada. Elle était bel et bien prisonnière.
Si l'AD ne transmettait pas le message elle était perdue.
Alors qu'elle tombait sur une énième porte barrée à double tour, Gilda finit par perdre courage, elle s'effondra dans un fauteuil du salon qu'elle venait d'ouvrir, versa quelques larmes puis reprit le chemin de sa chambre tête basse.

Celle-ci était toujours vide lorsqu'elle y entra, à son grand soulagement. Toutefois cette tranquillité ne dura pas car la porte s'ouvrit bientôt et un elfe de maison entra avec un plateau chargé d'une théière, d'une tasse et de quelques aliments pour le petit déjeuner.
Gilda ne connaissait pas l'elfe, c'était visiblement un nouveau, elle avait bien un peu faim mais la peur que les aliments ne contiennent une drogue la retint de toucher à ce qu'on lui avait apporté.

Bien lui en prit car Gésine avait versé une puissante potion d'oubli dans le thé, ainsi que sur les gâteaux.
Le soleil s'était levé, Gilda le voyait à la fenêtre mais elle se sentait vidée, tellement qu'elle mit du temps à remarquer que son galion chauffait:
« Nous arrivons Gilda » vit-elle inscrit sur la tranche lorsqu'elle l'examina.

Cela suffit à lui redonner courage et elle eut même envie de voir un peu ce que sa famille avait dans le ventre. Elle croqua dans un petit pain et recracha sa bouchée dans le feu, vida une partie de la théière dans la grille à cendres de l'âtre et y jeta quelques petits gâteaux. Puis elle alla s'assoir dans un fauteuil de manière à donner l'illusion qu'elle était droguée et appela l'elfe de maison.
Celui-ci entra et disparut après avoir débarrassé, Gilda n'eut pas à attendre la suite longtemps car des bruits de pas retentirent dans l'escalier après quelques instants. Elle ferma les yeux et fit mine de dormir.

L'inconnu entra dans la pièce, Gilda n'osa pas soulever les paupières de peur de se trahir, mais elle était sûre qu'il s'agissait d'un homme, à sa démarche pesante et à son souffle rauque.
Une main puissante s'abattit soudain sur son visage, lui donnant l'impression qu'on lui arrachait la tête. Elle cilla à peine et la voix de son père retentit:

-Gésine!! Hurla t-il, tu as encore raté ta potion d'oubli! Elle est inconsciente la trainée!

Gilda sentit une bouffée de rouge lui monter aux joues et la colère l'envahir. Bien qu'elle aie toujours été habituée aux manières peu exemplaires de son paternel, c'était tout de même un peu dur à encaisser. Et que dire de sa mère? Cette femme éthérée et douce qu'elle n'avait d'ailleurs pas encore aperçue.

Mais au moins maintenant elle avait un renseignement de taille... Et elle allait s'en servir.

Comme son père grondait toujours en faisant les cent pas dans la pièce, elle remua légèrement comme quelqu'un qui serait en train de sortir de l'inconscience. Le pas s'arrêtèrent très vite car Ajax Selwyn s'en était aperçu, elle l'entendit bientôt se rapprocher à petits pas.
Et sa main s'abattit une seconde fois sur le visage de sa fille, Gilda ouvrit les yeux avec un air un peu hagard, tout en songeant qu'elle allait finir défigurée si cela continuait.

-Hmmm? Murmura t-elle.

Visiblement son jeu de comateuse devait être convainquant, car son père se tenait face à elle d'un air inquiet.
Il avait vieilli, songea t-elle. Rien d'étonnant à cela car ils ne s'étaient pas vus depuis des années. La force de ses gifles par contre n'avait pas changé, cela faisait toujours aussi mal.
Des pas se firent entendre dans le couloir, des pas légers et rapides que Gilda connaissait bien. La jeune femme eu un choc en voyant sa mère entrer, celle-ci n'avait pas pris une ride au sens propre du terme. Elle était telle que sa fille s'en souvenait: Brune avec quelques fils blancs, des yeux d'un bleu tirant sur le pervenche, un petit nez en trompette et des sourcils toujours étonnés. À quelques détail, Gilda ressemblait à sa mère sur le plan physique, mais à bientôt soixante ans cette dernière avait un âge mental qui en approchait dix ou onze.
Gilda se reprocha aussitôt cette pensée, cela faisait des années que le concept de « l'âge mental » était dépassé! Et puis sa mère n'était pas une enfant, elle était douce, insouciante, pas très maline et sans grande tenue... Mais elle l'avait toujours aimée même si celle-ci n'avait jamais su lire.
Adriana Selwyn s'approcha de son côté sans paraître le moins du monde effrayée, une de ses éternelles robes bleues flottait délicatement autour de sa silhouette et ondulait au rythme de sa démarche gracieuse. Quand elle était petite, Gilda l'avait souvent vue exécuter de gracieux pivot ou danser toute seule en faisant tourner ses jupes comme un derviche tourneur.

-Tu as bien dormi? Lui demanda sa mère.

Gilda sentit une vague de malaise la gagner, sa mère était-elle au courant de ce qui se tramait? Que lui en avait-on dis? elle qui était si facile à manipuler...

-Je crois... S'entendit-elle murmurer.

Elle était censée avoir avalé une potion d'oubli, mais rien ne lui venait à l'idée...
Jusqu'à ce que son père lui pose une question, sûrement destinée à vérifier les effets incertains de la magie de Gésine.

-As-tu fait bon voyage Gilda? Demanda t-il.
-Quel voyage? Répliqua sa mère, ah mais tu es aussi allée en Italie?

Son père je ta un regard un peu atterré à son épouse, Gilda en profita pour reprendre une phrase qu'elle disait souvent dans sa jeunesse:
-Oui, Venise c'était excellent mais Rosier est un con! Il n'a pas arrêté de me draguer.

L'évènement auquel elle se référait datait de plus de vingt ans, lorsque Gésine n'était encore qu'une mioche de deux ans à peu près inoffensive (sauf quand une partie du corps de Gilda passait à portée de ses dents) et sa grande sœur venait d'achever une seconde année à Poudlard avec toutes les mentions requises.

-Si on l'avait écouté Rosier, marmonna son père pour lui-même, on n'en serait pas là!

Severus et la rose blancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant