Severus et la rose blanche

Un cercueil sans ornement

Lorsque le sortilège retors de Molly frappa Bellatrix de plein fouet et qu'elle s'abattit sur le sol, surprise de sa propre défaite jusque dans la mort, Severus comprit que le mot impossible n'avait plus aucune valeur dans l'instant présent.

Au dehors, les rugissements du géant ennemi et de Graup retentissaient et les cris des centaures déchiraient le ciel. L'affrontement qui se déroulait au-delà des limites était au moins aussi violent que celui qui se déroulait à l'intérieur. Mais, lorsque Voldemort poussa un hurlement en voyant Bellatrix tomber, il couvrit le son de leurs voix, les faisant même taire.

C'était comme si au dehors, la bataille avait soudain cessé. Dans un silence crépitant, le mage noir pointa sa baguette sur Molly Weasley tandis que Severus s'écartait en vitesse à son tour, tout en visant Lord Voldemort, prêt à prendre part au combat.

Le charme du bouclier qui se déploya dans la foulée stupéfia tout le monde, Severus compris. Et lorsque Harry Potter, bien vivant et plus insupportablement assuré que jamais sortit de sous sa cape, ce fut le choc.

Severus comprit alors tout en un éclair et sut exactement ce qui allait se produire :

Le parasite sous sa cape d'obscurité avait bien été tué, mais ce n'était ni lui, ni Potter.

C'était le huitième horcruxe. Le fait que la « cape d'obscurité » désigne la cape d'invisibilité de Potter ou son abominable tignasse noire n'avait aucune importance...

Tout ce qui comptait à présent pour Severus, alors que le gamin défiait Voldemort, c'était que se terminerait bientôt, avant la fin de la nuit.

Deux questions demeuraient : Qui gagnerait ? Et à quel prix ? Mais le directeur de Poudlard avait à présent la certitude que, même si Potter devait mourir pour de bon, ils pouvaient en finir contre Lord Voldemort aujourd'hui. Et cette espérance le tenait fermement debout sur ses jambes.

Severus se tenait prêt derrière Potter, tout comme Horace, Kingsley, Minerva, Filius, les deux enchanteresses voilées et Black.

Contrairement à l'insupportable fils de James Potter qui était en train de réaliser le plus beau suicide de l'histoire sorcière, ils avaient peut-être une chance de l'avoir, à eux huit.

Autour de lui, d'autres baguettes commençaient à se brandir et même Sibylle, quoique tremblante, pointait la sienne sur le Seigneur des Ténèbres.

- C'est fini Tom, tenta t-il. Tout est fini pour vous.

A sa grande surprise, le mage noir l'ignora, tout à sa confrontation avec Potter. Severus savait qu'ils devaient l'abattre maintenant, car s'il parvenait à leur échapper, tout le travail exécuté jusqu'à présent n'aurait servi à pratiquement rien. S'il disparaissait comme cela avait été le cas seize ans auparavant, ils vivraient avec sans cesse cette épée de Damoclès au dessus de la tête.

Du coin de l'œil, il vit Federica Scott et la fille Weasley porter la Supérieure Angela parmi les blessés et en ressentit un certain soulagement.

Lord Voldemort et Potter se défiaient mutuellement dans une joute verbale dont il ne comprenait pas un traître mot tellement il était concentré. Leurs paroles semblaient des bourdonnements à ses oreilles et il ne parvenait pas à leur donner le moindre sens.

Il était prêt et n'attendait plus que le moment de frapper.

Mais lorsqu'il entendit Potter conseiller à Lord Voldemort d'éprouver un peu de remord, il ne put réprimer une exclamation un peu dédaigneuse devant tant de naïveté. Pourquoi était-il lui-même encore vivant à son avis ? Le mage noir était tout simplement incapable de la moindre remise en question !