Mirko quitta sa chambre pour la première fois de la semaine. Depuis qu'il était revenu, il avait évité tout événement collectif mais particulièrement, il avait évité son père et son frère qui ne lui rappelaient seulement que tout était de leur faute. Il traversa le couloir tout en jetant un coup d'œil à la chambre d'Adriana, comme à son habitude. Néanmoins, malgré que ses affaires étaient toujours présentes, aucune vie n'animait la pièce et il n'en fut que plus frustré. Il partit d'un pas vif à la recherche de la gouvernante, espérant pouvoir décharger un peu de son mal être sur quelqu'un. Il tomba sur elle en train de nettoyer la cuisine.
« Pourquoi la chambre d'Adriana n'est pas encore vidée ? »
« Personne ne me l'a demandée, Monsieur, et auparavant, je n'y allais qu'à la demande de votre père. » Elle baissa les yeux. Même si elle le connaissait depuis petit, son regard sombre l'effrayait parfois. Pourtant, il n'avait jamais eu un geste violent envers elle, tout juste quelques mots colériques. « Est-ce que vous souhaitez que je retire toutes ses affaires ? »
« S'il vous plaît, oui. » Il se dérida légèrement. « Maintenant. »
Elle hocha la tête et partit immédiatement en direction de la chambre. Mirko ne retint pas son soulagement et souffla tout en s'appuyant sur le plan de travail. Il était éreinté par la douleur de ses plaies tout comme de la tempête d'émotions au creux de son estomac. Il avait l'impression d'être à deux doigts de vomir ou pire, d'être à deux de devenir fou. La brune en était la raison, du moins, son départ. Malgré les tensions familiales qu'elle amplifiait, il avait l'impression d'avoir eu un peu de soleil et de lumière dans cette pénombre.
Il ouvrit le placard pour prendre une tasse et fut agacé de voir un des mugs d'Adriana. Il l'attrapa pour le jeter à la poubelle tout en jurant contre le monde qui semblait se tourner contre lui. Il fila dans sa chambre pour attraper sa veste, ses clefs et son portefeuille. Il appela son meilleur ami à la rescousse.
Celui-ci répondit immédiatement. Il lui avait promis de ne plus jamais reporter un appel suite à son enlèvement.« Mirko ? Ça va ? »
« J'ai.. besoin de sortir, de boire un verre... » Il alluma sa cigarette avant même d'atteindre la porte d'entrée. « Je sais pas, mec, j'étouffe ici. »
« Il est onze heures du matin, tu veux pas attendre ce soir au moins ? »
« Mec... »
« Dis-moi plutôt ce qui se passe et après je jugerai du besoin d'alcool ou non. » Il serra la mâchoire pour retenir ses injures. Il n'avait pas besoin de parler mais de se rendre ivre, de ne plus pouvoir aligner deux pensées et encore moins deux mots mais surtout il voulait oublier, tout oublier. « Mirko ? »
« Laisse tomber. Ça va, je vais bien. » Il allait raccrocher et terminer ce dialogue de sourd pour trouver un bar. Néanmoins, Léo paniqua à l'idée que son ami se mette en danger alors il s'écria à l'autre bout de la ligne pour l'interpeller. « Quoi ? »
« Où est-ce que tu veux aller ? » Il n'en avait aucune idée. Il était prêt à dépenser des milliers en bouteilles au lieu d'aller à un bar qui lui appartenait. « Au club ? T'as encore les clefs ou je dois aller les chercher ? Comme ça, c'est que nous deux, je crois que ça vaut mieux avec tes dernières histoires de nous faire discrets. » Il hésita, son plan n'était pas le même. Il voulait s'assourdir par une musique trop fort et une foule trop importante, peut-être même des femmes qu'il pourrait ramener à l'hôtel, mais il était encore tôt et c'était certain que dans les bars du coin, il n'y aurait que des habitués. « Mirko, tu m'écoutes ? »
« Va pour le club. Et bien sûr que j'ai encore les clés. » Il alluma le contact de la voiture, impatient de s'y trouver. « On se rejoint là-bas. Je préviens qu'on y sera. À toute. »
Cette fois, il raccrocha et envoya un message à ses employés pour les prévenir de sa visite ce matin. Il n'en développa pas la raison, certain qu'il serait décrédibiliser de se rendre ivre, si tôt, pour une situation aussi ridicule. Finalement, il était peut-être celui avec le syndrome de Lima et cet aveu introspectif le rendait presque fou de rage. Cette jeune femme avait bouleversé son quotidien et remis en question ses croyances. Et, dorénavant, chaque pièce de cette maison était imprégnée de son souvenir. Le jour, il pouvait entendre le piano dans le salon, la machine à café dans la cuisine ou son rire dans le salon. La nuit, par contre, il assistait à ses pleurs dans sa chambre et à ses appels dans la cache dans le grenier. C'était horrifique, bien plus que d'être torturé sur une chaise, dans une cave, selon l'échelle d'évaluation de Mirko.
Il arriva en premier et en fut presque soulagé de pourvoir commencé son ivresse en premier, sans le jugement de Leo, qui pour une fois agissait comme le responsable des deux. Il était propriétaire de ce lieu depuis plusieurs années maintenant et n'y allait que lorsqu'il y avait besoin de régler un soucis ou lorsqu'ils avaient tout deux besoin de boire. Il était simple, ressemblant à tous les clubs huppés de la ville, et c'est ce qui en faisait une source sûre de blanchiment.
Il ne perdit pas une seconde pour attraper le meilleur whisky ainsi que plusieurs shooters. Il en aligna dix avant de les remplir à la suite. À peine avait-il posé la bouteille, qu'il les enchaîna sans même grimacer.« Tu commences sans moi ? »
« T'arrivais pas. » Il glissa un des verres vers lui. Léo l'attrapa pour le boire. Il en eut la nausée, peu avide d'un alcool fort si tôt. « T'en as neuf de retard. »
« Laisse-moi arriver, tu veux. » Il secoua la tête tout en regardant Mirko se servir encore. La journée allait sans aucun doute être intéressante. « Pourquoi est-ce que t'as besoin de te bourrer la gueule ? Hein ? »
« Les derniers événements ne sont pas suffisants à ton goût pour me payer une cuite ? »
« Le départ d'Adriana semble t'avoir bien plus perturbé que ton stage chez les trafiquants d'humains. »
« Laisse-moi boire encore avant qu'on aille sur ce sujet. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...