69

270 8 2
                                    

Mirko mourrait d'envie de dormir, de s'allonger près d'Adriana et de récupérer les heures de sommeil qu'il n'avait pas eu pendant les derniers jours. Néanmoins, il était nerveux à l'idée que la pénombre l'étouffe et que les ombres l'attaquent. Mais surtout, il était effrayé que ses instincts se réveillent alors qu'il dormait. Il ne s'était jamais pardonné ses défenses agressives contre la jeune femme alors qu'il était inconscient.
Toutefois, la brune ne sût dormir tranquillement, sentant son absence ainsi que son angoisse. Elle se redressa pour le trouver. Il regardait par la fenêtre, se retenant de s'allumer une cigarette parce que Maria était là.

« Hey. » Il quitta la fenêtre pour elle. Elle put voir ses cernes et sa mâchoire serrée. « Tu as besoin de dormir. » Il hocha la tête, sachant très bien qu'aucun mensonge ou excuse ne serait croyable. « Mirko, viens te reposer. » Il s'avança lentement jusqu'à s'asseoir au bord du lit. « Est-ce que tu veux je te laisse le lit ? »

« T'es dingue, arrête. » Il s'allongea finalement et la regarda, luttant pour ne pas fermer les paupières. « Ça fait un an qu'on s'est pas vu. »

« Je sais mais j'ai l'impression que c'était hier, moi. Pourtant, le temps a été long sans toi. » Il attrapa son bassin pour l'installer de profil et la coller à lui. C'était un geste risqué parce qu'il savait que les gestes affectueux d'Adriana l'endormiraient. Toutefois, il ne pouvait s'empêcher de profiter de sa présence. « Est-ce que c'est pour ça que tu veux pas dormir avec moi ? » Elle reposa sa tête contre son épaule tandis qu'il passait sa main sous son t-shirt pour caresser son dos.

« Non, j'ai envie de dormir avec toi, c'est pas le problème. » Elle ne répondit pas, touchant du bout des doigts sa mâchoire, espérant qu'il s'ouvre un peu par lui-même. Il lui fallut plusieurs longues respirations pour se donner du courage. « Tu te rappelles des quelques fois où on a dormi ensemble ? Je dors pas très bien. » Elle acquiesça, l'écoutant activement mais ne voulant l'interrompre. « J'ai jamais très bien dormir mais ces derniers temps, c'est pire. C'est pas très grave, enfin, moi, je m'en fous. Mais... mais j'ai peur d'avoir une réaction à la con. »

« J'aimerais te dire que ça n'arrivera pas et te rassurer mais ça serait complètement stupide et très.. »

« ...ancienne pulcino. »

Elle secoua la tête tout en retenant un rire jaune . « Oui, exact. Mais ce que je veux dire c'est que je ne partirai pas et que j'ai confiance en toi. Je sais que tu as souffert et je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé cette année mais j'imagine rien de rose. Je sais que tu le fais de manière... automatique et que si jamais tu surreagis en te réveillant, ça passera en quelques secondes quand tu réaliseras. »

« Mais si je réalise trop tard ? »

« Ça n'est jamais arrivé. » Elle se retira de son épaule pour embrasser sa joue. « Il faut que tu dormes, d'accord ? Fais-moi confiance, tout ira bien et si je sens que tu t'agites trop dans ton sommeil alors avant de te réveiller, je m'éloignerais. »

« Et Maria aussi. »

Elle se pinça les lèvres pour retenir un commentaire. Sa demande semblait venue d'ailleurs et bien trop importante. Ce genre d'incident n'était arrivé que deux ou trois et à chaque fois, Mirko avait ouvert les yeux et s'était arrêté immédiatement. Elle avait eu peur sur le coup, bien entendu, mais le regard étincelant du jeune homme était rapidement revenu et elle ne lui en avait jamais tenu rigueur. Elle avait conscience que les traumatismes du brun étaient bien plus complexes et importants que ce qu'elle ne pouvait même imaginer dans ses pires cauchemars.
Elle accepta ses craintes et passa ses doigts dans ses mèches brunes.

« T'as des cheveux longs maintenant. »

« J ai pas pris le temps de les couper. »

« J'aime bien. » Il ne put retenir un sourire mais s'empêcha de faire un commentaire taquin. « Endors-toi. Je te promets de faire ce que tu me demandes. » Elle vit sa cage thoracique se soulever dans un soubresaut alors qu'il se détendait à ses mots. « Tu m'as fait les plus beaux cadeaux d'une vie en me libérant, en donnant Maria, en revenant. » Elle susurrait tout en caressant son visage. « Mes sentiments pour toi n'ont pas diminué. Et si je t'estimais énormément avant, je t'estime encore plus aujourd'hui. Et j'ai parlé un million de fois de toi à Maria et elle aurait tout su sur toi même si... même si tu n'étais pas revenu. » Elle le scrutait sincèrement, remarquant certaines nouvelles cicatrices sur son visage. « Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant un an de ton côté et je te laisse choisir de si tu veux en parler ou pas...»

« ...T'as changé. »

« En...mal ? »

« Non. »

« Je t'ai écouté sur.. mon besoin d'indépendance, de prendre du recul et de réfléchir avant de.. d'agir et de parler. Être seule et devoir affronter tout ces événements m'ont fait grandir. » Elle ferma finalement les paupières. « Repose-toi, ici, rien ne t'arrivera. Tu es avec ta famille, Mirko. Tu as gagné. Tu n'as plus à te battre. » Elle sentit, contre ses doigts, sa mâchoire se serrer alors qu'il retenait la vague d'émotion. Il était certain n'avoir jamais entendu de mots si rassurants de toute sa vie. C'était trop doux, trop tendre, trop affectueux. « Je t'aime. Je t'aime comme au premier jour, si ce n'est plus fort. Et je suis fière de toi, d'être à tes côtés. » Il l'embrassa longuement, incapable de prononcer un mot ou d'entendre une autre déclaration. « Bonne nuit. »

Finalement, il s'endormit dans les bras d'Adriana, bercé par les espoirs futurs et l'amour présent.

CosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant