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Mirko et Adriana se retrouvèrent attachés dans une sorte de cave sans fenêtre. Au vue du danger qu'il représentait, le jeune homme était lié à des chaînes au mur tandis qu'elle pouvait se déplacer dans la pièce. Elle ne perdit pas une seconde pour le rejoindre dès lors qu'ils se retrouvèrent à deux. Elle n'essaya pas de cacher son désarroi tout en regardant le visage du brun. Il était bien amoché mais cachait sa douleur derrière un calme paresseux. Elle garda ses mains dans les airs, se retenant de le toucher tandis que lui se concentrait sur le lien qui la retenait, l'évaluant pour lui retirer dès que l'occasion se présenterait.

« J'vais bien. »

« Ils t'ont planté un couteau dans la cuisse. » Elle grimaça. « Et tu as une pommette qui a doublé. » Il était certain que si elle prenait connaissance de sa côte cassée , elle ferait une syncope. À part la douleur, lui, était très peu touché parce qui lui arrivait. Il n'avait pas peur de se battre encore ou même de perdre la vie.

« Tu devrais retourner à ta place. » Elle fut heurtée par ses propos et son recul la trahit. « Tu dois être loin de moi pour garder cette attitude de captive. Il faut que tu agisses comme si... comme si on ne s'appréciait pas. Tu comprends ? »

Il savait que c'était le mieux pour elle. S'ils la pensaient contre lui, ils ne lui feraient rien. Du moins, il l'espérait. Il voulait la protéger, même à ses propres risques, même s'il devait trahir les Castellano. Après tout, elle l'avait suivi parce qu'il avait été là pour elle dès le début. Seule au monde, sans famille, sans amis inquiets et avec une peur de l'abandon trop grande, elle avait sauvé la seule personne qui l'avait sauvée elle.
Il était la raison de sa présence ici.

« Tu m'apprécies ? »

« C'est tout ce que tu retiens de ce que je viens de dire ? » Il inclina la tête tout en souriant. Il n'avait aucunement envie de cacher ses émotions alors qu'il était lié à un mur, sans que personne ne sache où il était. Il avait l'impression de ne plus rien avoir à perdre. « Éloigne toi, Adriana. » Elle le fit alors pour rejoindre la paroi opposée.

« Moi je t'apprécie. Un peu. Quand tu ne joues pas au con. » Elle se mordit l'intérieur de la joue tout en observant les alentours. « Mais... peut-être aussi que c'est parce que tu es la seule personne un peu gentille avec moi depuis plusieurs semaines. Mais je t'ai suivi jusqu'ici, alors ça veut en dire quelque chose. Même mon propre père ne m'a pas protégée comme tu l'as fait. Est-ce que tu t'en rends compte ? Je suis perdue, Mirko. J'ai agis sur une impulsion, j'ai entendu les coups de feu et tes cris. » Cet endroit était moins inquiétant que le hangar. On aurait simplement dit un sous-sol d'une maison. « On dirait qu'on est chez quelqu'un. »

Il l'imita et fut interpellé par une veste posée sur une chaise. « Tu veux bien aller voir le blouson ? » Elle acquiesça et se leva pour fouiller dans celle-ci. « Regarde s'il y a une marque ou quoi. Des famille mettent leur blason pour montrer leur appartenance. » Elle tira sur le vêtement pour lui montrer un logo sur l'épaule. Il serra la mâchoire en voyant le diable. « Putain. » Elle reposa le bien et reprit sa place.

« Quoi ? »

« Beto a eu des soucis avec eux il y a quelques temps. »

Le ton fut ferme et elle ne tenta pas plus. En réalité, cette famille faisait partie d'un grand trafic d'humain mais surtout de femmes. Beto avait été intéressé mais n'avait pas été jusqu'au bout à cause du père Castellano. Ils n'avaient alors pas apprécié l'abandon. Les tensions étaient restées importantes et aucun dialogue avait su détendre les relations. Néanmoins, il ne pensait pas un jour se retrouver dans leur cave seulement pour cette histoire. Il souffla d'agacement, encore une fois, il se retrouvait dans une situation bien trop critique, à cause de son aîné, encore.

« J'ai besoin que tu dises la vérité. »

« Tu me l'as déjà dit. »

« Je sais mais j'insiste. J'ai besoin que tu fasses ce que je dis. » Il inspira profondément pour garder son calme. Il ne souhaitait pas donner son stress à Adriana. « Par contre, tu ne dois pas parler des plans de Beto surtout quand il exprimait vouloir te... vendre... et ça quoi qu'il en coûte. »

Elle ne tenta pas de demander pourquoi et resta silencieuse, se posant mille et une questions sur cette soudaine inquiétude de Mirko. Il resta la tête collée au mur, les yeux clos et le souffle court. Il avait envie d'être en colère contre elle, lui crier dessus d'avoir pris une décision aussi stupide. Néanmoins, il avait été touché de la voir le défendre sans aucune hésitation. Elle s'était mise en danger pour lui et il était certain de pouvoir compter sur une main le nombre de personne capable de faire ça pour lui, sans intérêt.

« Mirko ? » Il ouvrit un œil sans bouger. « S'il devait m'arriver quelque chose... j'aimerais que tu saches que... »

« Arrête, tu veux. Je ne laisserai personne te buter sans que j'y passe avant... alors ça ne sert à rien que tu me dises tes dernières pensées. »

« Merci de m'avoir accordé ton empathie. » Il secoua la tête. « Même si c'est sûrement la pire période de ma vie, je suis soulagée de t'avoir eu. »

« Arrête tes conneries, je t'en conjure, arrête. Adriana, j'aurai dû... j'aurai pas dû faire tout ce que j'ai fait. Cette... ce lien entre nous, c'est des conneries et tu devrais le savoir. T'es suffisamment intelligente pour ne pas être touchée par un putain de syndrome de Stockholm. »

Elle n'eut le temps de se défendre que la porte s'ouvrît. Ils reconnurent un des hommes qui les avait kidnappé. Il s'approcha d'elle et Mirko tira sur ses liens, priant que ses chaînes se brisent mais rien n'y faisait. L'assaillant n'eut besoin de faire qu'un geste avec son index pour qu'elle se mette debout. Il attrapa son bras avec force pour l'emmener dehors mais il fut interrompu par le brun qui avait réussi à se mettre debout malgré la douleur et le lien.

« Laissez la. Prenez-moi à la place ! »

« C'est elle qui nous intéresse pour le moment, alors assieds-toi. » Malgré l'ordre, il resta prompt jusqu'à ce qu'il reçoive un coup dans la mâchoire. « J'ai dit assis. » Mirko râla de douleur. Adriana, elle, resta silencieuse, les larmes aux yeux tout en se souvenant de sa demande de ne pas réagir. « Mais t'inquiete pas, on s'occupera de toi bien assez tôt et crois-moi tu regretteras tes petites rébellions et la mort de mes amis. »

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