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Il hocha la tête, incapable d'argumenter face à la mère de celle qu'il avait sauvé mais qu'il avait aussi mis en danger un nombre incalculable de fois. Il se dépêcha de rejoindre Adriana qui était encore assise au bord de la baignoire. Néanmoins, à l'inverse d'il y a une demi-heure, elle sentait le gel douche et portait une tenue propre et confortable. Il toqua malgré tout la porte déjà ouverte, espérant qu'elle le regarderait par ce simple bruit mais ce ne fut pas le cas. Elle triturait un fil de sa manche, les yeux fixés dessus comme si elle venait de découvrir quelque chose de magique.

« Salut. » Il s'approcha lentement et s'installa face à elle, accroupi, espérant que se mettre à sa hauteur l'aiderait. Il s'équilibra avec un bras au bord de la baignoire, à quelques centimètres d'elle. « Tu veux bien me regarder ? J'ai besoin de ça, pulcino, j'ai vraiment besoin de ça. » A son ton suppliant, elle releva le nez et se plongea dans ses yeux. Il essaya de lui faire son plus beau sourire malgré sa propre douleur. « Salut toi. » Il approcha sa main jusqu'à toucher sa hanche. C'était irréfléchie et inconscient mais cette fois, il se refusait de mettre des barrières alors qu'elle semblait ne plus en avoir aucune. « Ta mère me demande de t'emmener dans ton lit. Tu veux bien ? »

Elle ne répondit pas et il prit cette absence de réaction pour une absence de refus. Il la porta comme il y a quelques heures, serrant les dents tout en jurant intérieurement face à la douleur dans son dos. Il déambula dans le couloir à la recherche de sa chambre, aucunement aidé par la jeune femme qui continuait de jouer avec ses manches, la tête dans le cou du brun. Il pouvait sentir son souffle contre sa peau et il était certain qu'il pourrait le ressentir des années sans se lasser. Finalement, il trouva une chambre qui semblait lui correspondre et tira maladroitement sa couette avant de l'allonger.

« Te voilà arrivée. » Il la borda comme un enfant, maladroitement, ne sachant comment agir lorsqu'elle ne lui lançait pas des piques ou bavardait seulement pour remplir le silence. « J'vais devoir partir, pulcino. Ta mère va me donner un coup de savate si je reste une minute de plus. Et puis, j'vais devoir confronter mon père ... tout le groupe... sur ce qu'il s'est passé. » Lorsque le chef de famille connaîtrait la vérité, Mirko n'était pas certain d'en survivre. Mais, de toute manière, il n'était pas certain de le vouloir, pas après tous les drames et l'horreur. Il en avait assez. « Il va falloir que tu récupères, que tu manges quelque chose et que tu parles de nouveau. Je pensais pas que tes commentaires ou que ta folie me manqueraient. »

« Pars pas. » C'était qu'un murmure si bien que s'il ne l'avait pas vu bouger les lèvres, il aurait crut rêver.

« J'en ai pas envie. » Il s'asseya au sol, le dos contre le bord du lit. Il joua avec ses doigts, mal à l'aise, tandis qu'il avait l'impression que ses mains finiraient par dépérir tant elles avaient agit dans la noirceur. « J'te jure que j'en ai pas envie... mais... on... enfin tu sais. De toute manière, il faut que tu dormes Adriana. » Elle se recroquevilla et rapprocha sa tête de celle de Mirko puis attrapa son col de t-shirt pour ne pas qu'il parte. « Tu me tiens en laisse, pulcino ? » Son ton était moqueur malgré la situation.

« Pars pas. C'est tout. »

Il n'essaya pas de se libérer malgré l'inconfort et reposa seulement sa tête contre le matelas pour ne pas se sentir étranglé. Il se concentra sur le souffle d'Adriana dans son cou tandis qu'elle s'endormait, rassurée par sa présence. Néanmoins, au bout d'une quinzaine de minutes, alors que lui-même se sentait dériver dans un sommeil, Catherine entra sans prévenir pour le faire sortir. Il ne put se retenir de grimacer de peine, il voulait seulement rester à ses côtés, profiter de sa présence tant elle lui avait manqué. Malgré son propre besoin, il se leva, la laissant seule et à peine il n'eut le temps de quitter son contact, qu'elle se recroquevillait contre elle-même comme si son absence venait de la poignarder. En la voyant ainsi, il crut recevoir le double dans son ventre. Il quitta la pièce à vive allure, suivie de près par la mère qui ne comptait pas en rester là. Elle attrapa son bras pour le forcer à sortir sur le patio extérieur.

« Maintenant vous allez dire qui vous êtes. »

Il ne put se retenir de pouffer. Elle ne ressemblait aucunement à sa fille. « Qu'est-ce que ça peut faire ? » Il s'alluma une cigarette pour se détendre, nerveux face à son regard. « Mirko Castellano. »

« J'veux tout savoir. » Il s'appuya contre le muret derrière lui puis joua avec le ruban d'Adriana qu'il gardait dans sa poche depuis qu'elle avait disparu. « Sinon, vous ne verrez plus jamais Adriana. »

« Quand vous saurez qui je suis, vous ne voudrez pas que je la revois. » Il haussa les épaules. « Mais enfin, je crois que de toute manière, j'ai aucune chance. » Il souffla. « Je... Je travaille pour le compte de mon père. Je suis dans la branche immobilière, officiellement. Officieusement, j'achète des immeubles, les retape et en fait des locations, des hôtels ou des restaurants. Ils servent aux blanchiments d'argent. Mon frère lui travaille... travaillait dans le trafic de stupéfiants et d'armes et dans les P
paris. Il a essayé de faire du trafic d'humains mais il a terminé avec une balle dans la tête. » Il imita de ses doigts une arme contre sa tempe. Sa nonchalance ressortant alors qu'il essayait de se protéger mentalement de la réalité. « C'était juste après qu'il me tire dessus pour avoir retrouvé votre fille. »

« Comment vous avez connu Adriana ? »

« Son père truquait des courses de chevaux. On a prit des bénéfices grâce à lui mais il a été trop gourmand. On voulait utiliser sa place en tant que juge pour sortir un proche de prison mais il a refusé. » Il était d'une dure honnêteté mais il semblait ne plus rien avoir à perdre alors autant déballer et décharger un peu de cette horreur. « Il voulait prendre la fuite et la prendre avec lui. Il savait qu'on le traquait. On l'a buté et Beto, mon frère, a décidé de garder Adriana. »

Catherine ne put cacher son effroi dans son regard. « Et vous deux ? »

Il ricana une nouvelle fois silencieusement. « Si seulement je savais. Dès que je l'ai vu.... J'en sais rien. Peu importe, j'ai tout fait pour la protéger et je continuerai, au coût de ma propre vie. »

« Peu importe vos intentions envers elle, je ne veux plus que vous vous approchiez d'elle, plus jamais. »

« Je me doutais. »

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