Mirko hurla jusqu'à s'en briser la voix tandis que l'appartement n'était plus qu'un champs de mine et de chagrin. Il se releva seulement lorsqu'un appel inconnu sur son téléphone le sortit de sa triste réalité. Il n'y répondit pas mais retrouva suffisamment de calme pour redescendre tout en se promettant de ne plus jamais revenir ici, certain qu'il pourrait en mourir. Le menton baissé, il ne remarqua l'homme qu'il bouscula sans vergogne. Celui-ci attrapa le col de son sweater brusquement tout en le repoussant vers l'intérieur. Les instincts du brun prirent le dessus et il sortit d'une traite son couteau pour frôler la jugulaire de son assaillant.
Toutefois, il descendit rapidement son arme en voyant cet inconnu, bien trop connu.
« Sacha ? »
Il n'eut le temps de le disputer de son comportement inconscient, ni même de sa dangereuse visite qu'il se faisait happer dans ses bras. Il en fit d'abord surpris tant peu de personne n'avait de gestes affectueux envers lui, en particulier un homme. Leo était un des seuls avec qui il s'était laissé aller à quelques amitiés, tout en rechignant. Les secondes passèrent et il céda, rendant cette accolade tout en se retenant de pleurer. Il fut néanmoins le premier à prendre distance, reprenant cette carapace qu'il portait depuis toujours.
« Qu'est-ce que tu fous là ? »
« Je voulais m'assurer que tu allais bien. Ça fait un moment que j'essaye de trouver le bon moment mais tu cours toujours partout. » Il haussa les épaules et s'alluma une cigarette pour fuir son regard. « T'as l'air en forme. » Si seulement il savait qu'il s'était effondré lamentablement contre le carrelage de la salle de bain du dernier étage, il ne l'aurait sûrement pas dit si jovialement. « Ça va avec ton père ? »
« Comme au bon vieux temps. » Sacha remarqua sa main oedematiée ainsi que sa nonchalance. Lorsqu'il releva le menton vers lui, il abaissa ses propres remparts pour l'accueillir, espérant qu'il s'ouvre un tant soit peu. Et comme si Mirko percevait un soutien inconcevable, il se laissa aller à ouvrir les sujets sensibles. « Comment ça va toi ? Ta famille ? »
« Bien. On se reconstruit. J'ai trouvé un travail dans les TP. Ça gagne moins que de bosser pour toi mais... c'est plus tranquille. Ça fait du bien, je dois te l'avouer même si faire les quatre cents coup avec toi me manque. » Les yeux du brun filèrent vers la gauche, s'imaginant un instant avoir cette vie, avec Adriana et le bébé. « Ma femme est soulagée de me voir rentrer le soir, c'est tout ce qui compte. »
« Tant mieux...ouais...tant mieux. Je suis ravi pour vous. »
« T'as des nouvelles d'Adriana ? » La bombe était posée entre eux dorénavant. À son prénom, son cœur palpita comme un minuteur avant l'explosion. Il secoua la tête, incapable de dire à haute voix qu'il avait sûrement fait l'erreur d'une vie. « Et... comment tu le vis ? » Il ria jaune comme si cette question stupide était sa dernière limite. « Désolé. J'peux pas m'empêcher d'y penser. »
« Et qu'est-ce que tu crois que je fais ? Hein ? » Son ton fut plus agressif mais il n'avait le choix qu'entre la colère et les pleurs. « Elle est dans ma tête à chaque seconde de chaque jour ! Et je suis en train de passer à côté de ma vie ! Mon père a raison quand il dit que je suis bon que dans les affaires, qu'à me battre ! Qu'est-ce que je fais de plus ? Rien ! J'ai plus envie de tout ça ! Putain ! J'ai jamais voulu ça ! J'ai jamais voulu faire ça ! » Sacha resta immobile, ne le quittant pas des yeux alors que son ancien patron explosait en mille morceaux. « Elle est la meilleure chose que j'ai eu dans ma vie ! J'avais l'impression de valoir autre chose que de l'argent ! Elle est partie, elle était enceinte ! »
« ...Quoi ?... »
Il ne prit pas en compte son interrogation et continua dans sa lancée. S'il lui demandait ce qui n'allait pas, il allait lui exposer de long en large toutes les choses qui ne tournaient pas rond. « J'ai un putain de gosse quelque part et je pourrai jamais le rencontrer parce que j'suis un putain d'assassin et que mon taré de père veut un héritier ! »
« J'suis désolé. »
« Ça me fait une belle jambe, putain. »
Sacha ne sût quoi répondre. Il n'y avait aucune issue et il le savait. Tant que son père était en vie, Mirko serait attaché à ses obligations familiales. Néanmoins, il était certain que l'espérance de vie du fils était la moins élevé. Il avait plus de chance de mourir d'un coma éthylique, d'une balle dans la tête ou d'un accident de voiture que le patriarche qui restait protégé dans son bureau. Ainsi, cette liberté n'était qu'une horrible illusion qui le gardait éveillé la nuit et le faisait dissocier la journée.
« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Mirko ? »
« Rien. Il n'y a plus rien à faire pour moi. »
« Tu peux pas abandonner. Tu t'es toujours battu pour ce que tu voulais. » Les arguments étaient timides mais Mirko resta attentif, trop épuisé de toute manière pour faire barrière. « Tu as sauvé ma vie alors que t'es qu'un gamin à côté de moi. Tout était déjà tracé pour moi mais tu m'as donné une autre chance. Et tu as fait pareil avec Adriana. Tu l'as sauvée à maintes reprises mais ce que tu n'as pas vu, c'est que tu lui as permis de retrouver sa famille. Tu lui as permis de se sentir aimer pour la première fois de sa vie. Et je suis certain que ça l'a changé pour toujours. »
« Où est-ce que tu veux en venir ? »
« Tu as un impact sur ce monde. Et il n'est pas que négatif, tu comprends ? Tu peux être plus. Et la désaffiliation ? » Mirko le regardait comme s'il devenait fou, comme s'il n'était qu'une sorte d'hallucination après avoir tant crié. Peut-être manquait-il d'oxygène et que cette scène n'était qu'une sorte de révélations intérieurs. Toutefois, il se devait d'être réaliste, aucune partie de lui-même n'avait cet optimisme. « Trouve un moyen, n'importe lequel et atteint ce que tu veux vraiment. Si quelqu'un peut le faire, c'est toi. »

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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...