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Les deux hommes étaient à leur quatrième fouilles d'entrepôts, sans réussite et la frustration commençait à se faire sentir du côté de Mirko. Il avait l'impression qu'il était trop tard, que Adriana était déjà loin. Néanmoins, Sacha était impassible, continuant inlassablement de surveiller les alentours, non seulement parce que c'était son travail mais surtout parce qu'il voyait la détresse de son boss à ses côtés. Il fut interpellé par une voiture se garant devant un bâtiment encore non visité. Il était tard si bien qu'ils n'avaient croisé personne depuis plusieurs heures alors ce véhicule luxueux ne loupa pas à leur vigilance.

« Regarde. » Il pointa du doigt la direction et Mirko quitta enfin sa torture mentale pour suivre ce qu'il lui montrait. « Y a du mouvement. »

« On dirait... » Il fronça les sourcils et se pencha sur le tableau de bord, incapable de prononcer la suite. « C'est pas possible. »

« Quoi ? »

« On dirait la voiture de Beto mais je vois pas la plaque. » Il n'eut à chercher plus qu'un homme sortait de la voiture. « Putain, c'est une blague. » Il attrapa la poignée de la portière, près à le rattraper avant qu'il ne rentre dans l'entrepôt. Toutefois,  son second lui prit le bras fermement. « Lâche-moi, t'es dingue ! »

« Pas maintenant. Est-ce que je dois te reparler qu'il fait tout contre toi ? Qu'il t'a laissé crevé dans une cave ? Il faut qu'on y aille en douce, rappelle-toi qu'il est de leur côté et pas du tien, encore moins celui d'Adriana. »

Il attendit l'acquiescement de son boss avant de le relâcher. Mirko le remercia d'un simple hochement de tête. Il se rendait compte qu'il avait besoin de son calme et de sa maturité. Même si, la folie et l'envie d'explosion de Léo lui manquaient, dans cette situation, il était soulagé d'avoir quelqu'un de plus froid et impassible que lui. Ils sortirent tout deux du véhicule, leur arme à feu contre eux, prêts à tirer au moindre mouvement douteux. Ils n'eurent aucune difficulté à rentrer dans le bâtiment et suivirent Beto, discrètement. Celui-ci toqua contre une porte d'acier et il n'eut à attendre qu'une seconde pour qu'on lui ouvre et qu'on le laisse entrer.

« Qu'est-ce qu'on fait ? »

« On trouve une autre issue. Il faut qu'on voit ce qu'il se passe dans cette pièce. » Mirko regarder les alentours. « Suis-moi. »

Ils firent le tour, Sacha derrière qui fermait la marche tout en suivant le jeune homme. Celui-ci avait oublié toutes ses inquiétudes pour Adriana pour laisser place à une vengeance terrifiante. Il trouva une porte entrouverte dans une réserve donnant dans le bureau. Son frère était assis devant un homme qu'il reconnaissait très bien pour l'avoir vu avec les trafiquants. Il n'arrivait à entendre la conversation mais ce qu'il voyait ne lui plaisait guère. La somme d'argent passant de l'inconnu vers Beto signifiait qu'il avait rendu un service coûteux.

« Qu'est-ce qu'il se passe putain ? »

« Et si on faisait le tour du bâtiment ? Peut-être qu'on trouvera Adriana. » Mirko serra la mâchoire, hésitant. Il voulait tous les tuer, tout de suite. « Si on les bute maintenant et qu'elle n'est plus là, on aura plus personne à faire parler. » Il souffla tout en se retournant vers son second. « J'te promets qu'on la vengera juste après l'avoir trouvée. »

« On y va. »

Ils firent chaque couloirs et chaque pièces jusqu'à tomber sur une porte verrouillée. Mirko n'hésita pas une seconde et tira sur le verrou. Ils entendirent des cris à l'autre bout et les deux hommes ne purent cacher leurs surprises alors que des femmes se recroquevillaient toute dans un coin. Sacha ne put se retenir de jurer mais finalement, se retourna pour faire la garde, incapable de maintenir le contact visuel. Le brun, lui, les regarda une par une, l'estomac au bord des lèvres. Lorsqu'il avança, elles s'écartèrent tout en se protégeant la tête. Au bout de plusieurs et longues minutes, il reconnut le sweater qu'il avait vu plusieurs semaines plus tôt, à l'hôtel. Il s'approcha doucement tandis que les autres s'éloignaient. Elle, resta immobile, repliée sur elle-même si bien qu'il sût s'accroupir pour l'interpeller.

« Pulcino. » Il essaya de poser ses doigts contre son dos mais se retint à mi-chemin, certain que son contact l'effrayerait. « C'est moi, Adriana. Je viens te sortir de là. » Des coups de feu se firent entendre, les faisant tout deux sursauter.

« Il faut qu'on y aille ! Mirko, grouille-toi ! » Lorsqu'il se retourna, il vit Sacha tirer plusieurs fois dans le couloir. « Mesdames, partez ! C'est votre liberté qui est en jeu. »

Il n'eut besoin de se répéter qu'un mouvement de foule se fit. Tout le monde sortit excepté les trois protagonistes. La main tremblante, Mirko la força à se retourner. Il fut presque soulagé que ce ne soit pas une sorte d'hallucination. C'était bien elle, sans aucun doute. Elle était plus mince, fatiguée et heurtée mais elle était là, respirant et le regardant dorénavant. Elle ne fit aucun geste, certaine, elle, que tout ça n'était qu'une sorte de rêve machiavélique. Il lui suffirait de cligner des yeux une petite seconde pour qu'il disparaisse.

« Il faut qu'on s'en aille, viens. » Il tendit sa main qu'elle n'attrapa pas, continuant seulement de fixer ses prunelles. « J'suis désolé mais je vais devoir te porter de force, on peut pas rester. » Il passa une main sous ses genoux espérant l'inviter à se tenir à lui mais elle resta immobile. Il prit ses bras pour les lancer sur ses épaules avant de la reprendre sous ses jambes et dans son dos. « Il faut que tu te tiennes à moi, pulcino. »

Sacha ne put retenir un regard inquiet vers la jeune femme qui semblait sans vie. Néanmoins, Mirko ne lui laissa le temps de s'émouvoir qu'il s'aventura dans les couloirs. Le second dut tirer plusieurs fois pour libérer le passage et il semblait que la sortie n'était finalement plus qu'à quelques mètres. Lorsqu'ils passèrent la porte, ils furent surpris de voir Beto, son arme dans leur direction, à côté de leur voiture. Ils s'approchèrent, espérant qu'ils aient mal lu la scène dans le bureau ainsi que celle-ci.

« Qu'est-ce que vous foutez là ? » L'aîné des frères criait. « Je savais que tu viendrais la chercher ! T'es vraiment trop con ! »

« Laisse nous passer, Beto. Tous tes potes sont morts dans ce putain d'entrepôt. » C'était Sacha qui s'était exprimé, passant devant Mirko et Adriana pour les protéger. Néanmoins, ce ne fut pas du goût du cadet qui se mit sur le côté. Il était temps de confronter son frère.

« Comment est-ce que tu peux faire ça ? »

« N'essaye même pas de faire un discours à la con ! Tu t'es toujours cru mieux de moi mais regarde-toi à tourner le dos à ta propre famille pour une fille ! »

« Et toi regarde-toi à tourner le dos à la famille pour de l'argent ! » Ils hurlaient tout deux dans la nuit. Si les coups de feu n'avaient pas attirer la police, leurs cris le feraient sûrement. « Au moins, j'ai bonne conscience ! Je suis juste et droit ! » Beto chargea son arme.

« J'ai honte d'être ton frère. »

Un coup de feu résonna et un homme tomba.

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