« Debout Mirko. » Il ouvrit les paupières, épuisé. Le soleil tapait contre la vitre de la voiture passager si fortement qu'il en était ébloui. Lui qui adorait ses rayons, le détestait ce matin. Ce n'était pas un jour pour briller. « Dépêche-toi. »
« J'peux pas. Papa, je vais pas tenir debout. »
« C'était pas une question. Lève-toi. Tout de suite. »
Il jura entre ses dents tandis que son père s'éloignait tout en ajustant son costume. Il fit de même, tirant sur les manches de sa chemise nerveusement. Il étouffait, non pas seulement à cause de sa tenue ou de son bandage aux côtes mais surtout par la situation actuelle. Il était enchaîné à la douleur et à l'horreur depuis trop longtemps et il semblait qu'il était à son apogée. Il sortit du véhicule, un râle sortant de sa gorge, puis suivit le chemin gravillonné. Personne n'était à ses côtés mais il s'en suffisait. Il n'avait besoin de personne pour affronter la réalité. Il serra dans ses mains le bouquet de roses, ses épines s'enfonçant dans sa paume.
Il rejoignit le groupe, tous habillés de noir. Néanmoins, il n'eut le temps de s'y intégrer qu'une femme, âgée, mais surtout en larmes l'interpella.
« Va t'en ! Tu n'as aucun droit d'être ici ! »
« J'étais le meilleur ami de Leo. J'étais là quand il est parti. Je... s'il vous plaît, laissez-moi être là. Je resterai silencieux, à l'arrière. Vous me verrez même pas.»
« Va t'en, je suis sérieuse... c'était mon bébé, mon fils... il était tout pour moi et tu l'as... tué ! Tout ça, c'est de ta faute ! Il avait tout pour réussir mais il te suivait dans toutes tes histoires ! Ton père... ton frère... vous êtes tous d'horribles personnes et je veux que tu t'en ailles ! Je suis sa mère ! »
« Je vous en supplie... »
« Tu es le diable en personne Mirko et tu as volé l'âme de mon fils ! »
Mirko s'éloigna en marche arrière, son sang dégoulinant le long de ses doigts alors qu'il continuait d'écraser les fleurs. La femme attendit qu'il parte dans une autre allée du cimetière pour retourner vers le cercueil de son fils.
Lors de l'accident, les coussins de gonflement de sécurité ne s'étaient pas déclenchées du fait de l'ancienneté du véhicule. D'extérieur, Léo semblait aller bien. Après tout, ce n'était pas lui qui avait percuté directement le poteau mais son ami. Toutefois, le choc du volant contre sa tête avait créé une hémorragie externalisée. Malgré les gestes de secours, son cœur ne s'était jamais remis en route.Il se dirigea instinctivement vers la tombe de sa mère. Il y allait rarement parce qu'il trouvait ce recueil inutile. Néanmoins, il était présent et avait dorénavant un bouquet à déposer. Il le fit alors avant de fermer les paupières.
« Salut, maman. » Il fronça les sourcils et serra la mâchoire. Il se sentait ridicule et pour sûr, si quelqu'un le voyait parler dans le vide, il mettrait la faute sur les morphiniques pris quelques heures plus tôt. « Désolé, je viens rarement te voir ici mais je préfère les photos de toi. Crois-moi je pense à toi tous les jours. » Il souffla. « J'ai perdu mon meilleur ami, maman, le seul. J'étais avec lui et on a été poursuivi, c'est de ma faute. Les hommes qui nous suivaient étaient des collègues des gars que j'ai bu... tué. Enfin, tu le sais sûrement. Tout ça c'est à cause de Beto mais papa prend son côté. » Il ria jaune mais se retint rapidement face à son agonie. « J'aimerais que tu sois là. Ça ne se serait jamais passé... ou du moins... du moins tu aurais trouvé les mots. »
À cette pensée, il sentit sa fréquence cardiaque augmenter jusqu'à ce qu'il ait besoin de reprendre son souffle, tout en tremblant. Il déboutonna sa chemise avant de reculer, il avait l'impression que la tombe de sa mère s'élevait, menaçante et en colère. Il recula subitement, trébuchant contre ses propres pieds. Il se précipita en dehors du cimetière pour rejoindre le parking et s'appuyer contre une voiture. Il vida son estomac contre le bitume mais dut se retenir dès lors qu'une main ferme se posait sur son épaule pour le redresser.
« Rentre à la maison. C'est pas le moment de se montrer aussi faible. » Il hocha la tête tandis que son père le regardait de haut. « Et, s'il te plaît, arrête de prendre des antidouleurs, tu ressembles à un drogué. Redresse-toi et passe à autre chose. On dirait un gamin capricieux. »
« Il était comme un frère. »
« Arrête un peu de montrer tes faiblesses au monde entier, bon sang. Tu ressembles bien trop à ta mère, c'est insupportable. Il est temps que tu t'endurcisses. Les amis sont inutiles. »
Il ne prit pas la peine de répondre malgré les nombreux arguments qui brûlaient ses lèvres. Il s'éloigna du cimetière en marchant, n'ayant aucun véhicule pour rentrer. Arrivé à la première intersection, il sortir son téléphone pour appeler un taxi mais fut attirer par un bar ouvert. Il raccrocha et s'y dirigea. Il pouvait au moins y noyer sa peine. Il s'installa sur un tabouret, souhaitant être à proximité du barman pour avoir son alcool rapidement.
« Un whisky, s'il vous plaît. »
« Dure matinée ? »
Il acquiesça tout en scrutant le verre être rempli du liquide ambré. « C'est peu dire. J'ai perdu la dernière personne... la dernière personne que... j'aimais. Profondément. Et c'est de ma faute. »
« Les gens partent et viennent. »
« Beaucoup trop ne reviennent pas. Je crois que je suis devenu la mort en personne pour qu'autant meurt à proximité de moi. » Il avala cul sec son verre avant de lui tendre. « Un autre. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...