80

265 8 16
                                    

Pour la première fois depuis qu'ils étaient ici, ils sortirent tout deux, prenant une nounou pour garder Maria et s'offrant un rendez-vous amoureux. En y réfléchissant, ils n'avaient jamais eu de rencards et Mirko souhaitait y remédier de la plus belle des manières. Il prit le plus cher des restaurants de la ville, le costume le plus chic. Il s'était coupé les cheveux et rasé la barbe. Adriana en avait été heureuse et avait fait les mêmes efforts.
Après avoir payé la note, ils se levèrent de leur chaise et se rendirent vite compte que la champagne leur donnait la tête qui tourne. Ils en rirent tout en sortant du restaurant, se tenant bras dessus bras dessous pour ne pas que la jeune femme se torde une cheville avec ses talons.

« Je crois qu'on a vraiment plus l'habitude de boire. » Il pouffa pour appuyer ses mots. Lui-même se sentait un peu extatique et il ne savait conclure si c'était l'alcool ou le rire d'Adriana. Il attrapa sa main pour la tourner face à lui et embrasser ses lèvres. « Merci, c'était vraiment une belle soirée. »

« On va marcher un peu, pulcino, histoire de rentrer entier. » Elle acquiesça et se replaça à ses côtés pour reprendre leur errance. « On devrait faire ça régulièrement, tu crois pas ? »

« J'adorerai. » Il posa son bras sur ses épaule et déposa un baiser sur sa tempe. Ils passèrent devant un studio abandonné et à la vente. Mirko ne put se retenir de s'arrêter. C'était ce genre de bien qu'il raffolait, à l'époque. Il aimait rénover et investir jusqu'à voir qu'un bâtiment sans valeur pouvait devenir un des plus chers du quartier. Adriana se pressa un peu plus contre lui. « T'es intéressé ? »

« Non, je.. regardais juste. » Il secoua la tête, restant néanmoins. « Enfin, si, peut-être que si. »

« Tu devrais te lancer. » Elle haussa les épaules. Cette fois, c'était elle qui était nonchalante et Mirko en ricana. « J'suis sérieuse. Qu'est-ce qui te retient ? » Il avait les moyens et les compétences. Adriana en était certaine. « J'ai confiance en toi. »

« Ok, ok. » Il l'embarqua avec lui, l'empêchant de rester encore devant cette vitrine. « Je vais y réfléchir. » Elle n'insista pas et ils continuèrent leur chemin, regardant les alentours sans vraiment prêter attention au monde. Néanmoins, il s'arrêta à nouveau devant une vitrine. Celle-ci était éclairée d'un néon fluorescent et arborée de dessins de toutes sortes. « J'veux me faire un tatouage. »

Elle lui ouvrit la porte pour l'inviter et il entra. Deux hommes attendaient patiemment des clients, de ceux qui avaient bu un verre de trop, de ceux qui avaient perdu un pari dans une soirée. Mirko et Adriana ne rentraient dans aucune des deux catégories. Du moins, même s'il avait des vertiges et les pensées ralenties, il était sûr de ce qu'il voulait faire. Un des employés l'invita sur le côté, laissant la jeune femme vagabonder dans la boutique. Il ne lui autorisa pas de venir avec elle alors qu'il partait se faire tatouer. Elle se mit à regarder les albums qui retraçaient les œuvres réalisées.

« Vous voulez vous faire un tatouage ? »

« Je... n'y ai jamais songé à vrai dire. »

« Beaucoup se tatoue pour extérioriser quelque chose ou pour poser dans leur peau un symbole, un truc important. Cicatriser un tatouage, c'est un peu cicatriser un trauma, parfois. » Elle acquiesça, songeuse. Symbole. « Vous avez une idée en tête. »

« Oui mais.. c'est complètement.. » Impulsif et risqué, c'est ce qu'elle pensait. « Tout moi... Est-ce que si je vous dessine quelque chose, vous pourrez le reproduire ? » Il hocha la tête tout en haussant les épaules. « Sur une cicatrice aussi ? »

« Ça risque d'être douloureux et d'être moins précis, mais oui. »

« Alors, allons-y. »

Mirko sortit en premier et fut surpris de ne pas y voir Adriana sagement assise dans le salon. Il eut un moment d'inquiétude, regardant furtivement vers la baie vitrée. L'angoisse qu'elle se soit faite enlevée ou pire qu'elle soit partie lui fit palpiter le cœur déraisonnablement. Heureusement pour lui, l'homme posa sa main sur son épaule pour l'interpeller. Il lui indiqua la seconde pièce privée. Il souffla de soulagement et il eut si pitié de lui qu'on le laissa la rejoindre. Pour une fois, il apprécia ce geste et rentra. Elle remontait la fermeture de sa robe le long de ses côtes tandis que l'employé prenait la fuite en voyant le brun. Il s'approcha et l'aida.

« J'ai flippé quand je t'ai pas vu. » Son ton était colérique malgré son geste doux contre sa peau. Elle baissa le menton, les joues roses de culpabilité. Il ne lui laissa pas la chance de fuir son regard et attrapa sa mâchoire pour relever sa tête. « Refais jamais un truc comme ça. Tu sais très bien que je supporte pas de pas avoir la situation en main. »

« Je sais. Désolée. » Il embrassa longuement son front, s'imprégnant d'elle pour calmer son palpitant. Elle se laissa à glisser ses mains le long de ses avant-bras, libres par sa chemise retroussée. « Je vais bien. Je suis désolée. »

« Tu t'es fait tatouée. » Elle acquiesça. « Je suis impatient de voir ça. »

« Toi d'abord. » Il déboutonna sa chemise pour lui montrer l'intérieur de son bras. Y était inscrite la naissance de Maria. C'était simple mais la signification en était grande. Elle passa son doigt juste en dessous. « C'est parfait. » Il lui montra le second, une seule lettre sur la phalange de son pouce. A. « Mirko... Je... Je t'aime. Merde.. c'est beau. »

« Allez, montre moi le tient pulcino. »

Elle n'eut le temps de lui expliquer la symbolique du sien que les employés leurs demandaient de sortir. « On voit ça à la maison, je crois bien. »

« Fais chier. » Elle embrassa sa joue avant de lui faire un clin d'œil.

« C'est pas une mauvaise idée vu que tu dois me déshabiller. »

CosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant