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« Maman ? C'est moi. Je suis bien arrivée. Je pars en direction du cimetière pour...voir papa. » Le téléphone contre son oreille, elle cherchait du regard un taxi. Il était aisé pour elle de mentir encore puisqu'elle ne la connaissait pas suffisamment pour voir les indices, son bafouillage et son rire nerveux.

« Fais attention, s'il te plaît, je déteste cette ville. »

« Je vais faire attention, ne t'en fais pas. Je reste à peine un jour ici. » Elle monta dans le véhicule et donna sa direction avant de reprendre. « Et j'en ai besoin, je ne peux pas me reconstruire si je ne le vois pas de mes propres yeux. » Si elle ne voyait pas la tombe de Mirko ou celle de Leo, elle ne pouvait tourner la page. Après ça, elle était certaine qu'elle serait capable de s'éloigner de ce passé, de ses yeux étoilés et de ses attentions sans intérêt. « Je te rappelle, d'accord ? »

« D'accord. N'hésite pas, je garde mon téléphone à proximité. »

« Merci, merci beaucoup. À toute à l'heure. »

Elle raccrocha, la boule au ventre alors qu'elle pouvait voir les murs du cimetière apparaître. Elle paya le chauffeur avant de descendre. Elle resta stoïque et immobile devant le portail, incapable de faire un pas en avant et d'affronter peut-être une réalité qui lui faisait bien plus de mal qu'elle ne le voulait. Finalement, au bout de quelques longues minutes, elle entra tout en manquant de trébucher sur la petite marche de l'entrée. Elle débuta par la droite, longeant l'allée tout en regardant les prénoms. Elle n'avait aucune idée où se trouvait même son père alors elle regarde les pierres une par une. Elle tomba tout d'abord sur lui et ne fut pas surprise du marbre onéreux ainsi que des nombreuses fleurs. Il avait toujours été apprécié par tout le monde. Elle ne sût quoi dire, lisant seulement encore et encore son nom inscrit, jusqu'à ce que s'il se transforme en celui qui hantait ses pensées.
Adriana continua alors son chemin, traversant toutes les allées jusqu'à apercevoir le nom de Castellano.

« Oh mon dieu. » Elle se précipita à grandes enjambées, les larmes déjà aux yeux. Elle fut presque soulagée de voir le prénom Marie à côté d'une photo d'une jeune femme entourée d'un homme et de deux petits garçons. « Oh... Madame Castellano. »

Mirko déposa ses fleurs sur la tombe de Leo. Il les avait volées dans un jardin et pour sûr, il arrivait à entendre son meilleur ami se moquer de cette attention si maladroite. Néanmoins, il était beaucoup trop saoul pour réfléchir à bien plus. Il avait bu toute la nuit dans le bar d'à côté et avait finalement décidé de rejoindre le cimetière. Lorsqu'il tourna la tête vers la droite, il fut surpris de voir Adriana devant la tombe de sa mère. Certes, l'alcool dans ses veines rendait son esprit brouillon. Néanmoins, une hallucination visuelle lui semblait complètement fou. Toutefois, c'était dans les mêmes conditions que lorsqu'il l'avait vu pour la première fois dans le restaurant, la même direction, le même éblouissement et cette coïncidence était bien trop absurde et splendide pour y croire.

Adriana ne le laissa pas hésiter et s'approcha jusqu'à être à sa hauteur.  « Je pensais que t'étais mort. »

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Je viens de te le dire. » Elle essuya son mascara de ses joues. « J'avais besoin de m'assurer que tu ne l'étais pas. »

« C'est Leo. » Il montra du doigt sa pierre tombale. « Tu peux repartir. »

« Je suis désolée. Je sais à quel point tu tenais à lui. » Elle baissa la tête, incapable de le regarder alors que ses yeux noirs et perdus la recherchaient.

« Ok, merci, pars, maintenant. »

« Arrête Mirko, s'il te plaît. Je ne suis pas là en ennemi et je suis de passage quelques heures, seulement. Après je rentre alors, ne soit pas comme ça. » Cette fois, elle prit son courage à deux mains et releva le menton pour l'affronter. « Est-ce que tu veux bien prendre un café avec moi ? Après tout, si tu veux que je parte, autant que tu t'assures que je prenne mon bus. Non ? »

« Je veux seulement que tu rentres saine et sauve. Et t'es pas en sécurité à mes côtés. Qu'est-ce que tu comprends pas là dedans ? »

« Je le suis encore moins loin de toi, dans cette ville. »

Il fit un pas vers elle jusqu'à ce que son souffle se mélange au sien. Il attrapa son cou d'une main, son pouce sur son menton pour se plonger dans son regard. Il n'y avait aucune peur à l'intérieur, seulement une profonde inquiétude pour lui. Elle était venue jusqu'ici, dans cette ville, ce lieu si effroyable et marqué par l'horreur, pour lui comme pour elle. Il n'en comprenait la raison, il ne lui apporterait plus rien dorénavant. Elle était libre, en sécurité, entourée. Il passa son pouce le long de sa mâchoire, ses autres doigts se glissant dans sa nuque pour ne pas qu'elle s'éloigne, même si elle ne le voulait aucunement.

« A quoi tu joues, pulcino, hein ? »

« Je ne joue pas, Mirko. Je n'ai jamais joué. » Elle posa sa main contre son poignet sans pour autant essayer de se libérer. « J'suis désolée mais je ne compte pas te satisfaire en ayant peur de toi, en ne voyant pas le vrai toi, en ne m'inquiétant pas pour toi. C'est plus fort que moi. » Il la relâcha tout en acquiesçant, incapable de se battre contre elle. « Tu me l'offres ce café ? »

« Je t'offre le petit déjeuner, même. » Il partit vers la sortie et le suivit de seulement un pas en arrière. « Tu vas devoir me raconter ta rencontre avec ta mère et avec ta demi-sœur. »

« Bien sûr, tu es au courant que j'ai une demi-sœur. » Elle leva les yeux au ciel tout en souriant. « Tu l'as su avant moi. »

« Quand j'ai fait mes recherches...mais tu n'en parlais jamais alors je savais que toi, tu ne le savais pas. C'était pas à moi de t'apprendre la nouvelle. »

« Merci. »

« Merci à toi. Je crois qu'un café va me faire du bien, j'suis encore bourré. »

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